C’est une réunion franco-britannique qui a lieu ce soir à la Boule Noire avec Tomorrow's World, groupe formé par l'un des membres de Air, Jean-Benoît Dunckel, et la claviériste de New Young Pony Club, Lou Hayter. Il y a foule pour découvrir sur scène ce side-project, et les Anglais sont très nombreux, comme on pouvait s’y attendre vu le succès international dont a joui Air depuis les années 1990.

Le claviériste arrive le premier derrière ses quatre synthés superposés, suivi par le batteur qui se contente de deux pads, et enfin de la chanteuse enveloppée d’une robe en paillettes surréaliste. La formation est assez statique, exception faite du batteur qui disparaît par moments derrière la brume et ses cheveux, gesticulant sur ses rythmes tribaux synthétiques. Le single
Drive claque ses notes de new wave électronique, sombres et monocordes, qui symbolisent bien l’esthétique de la formation. Lou Hayter affiche la même impassibilité sur son visage que dans son chant, pas un mot au-dessus d’un autre, pas d’envolées, juste ces longs phrasés vocaux parfois à la limite de la dissonance. Le très beau
Think Of Me se rapproche du son de Air, atmosphérique et lancinant, dans la même veine qu'un autre trio, Au Revoir Simone, de l’autre côté de l’Atlantique.

L’accent anglais de la chanteuse est attendrissant sur
Pleurer et Chanter, jolie ballade truffée d’arrangements étranges. Il y a parfois des airs de Kraftwerk si on y regarde à deux fois. Le groupe ne s’embête pas pour faire tenir les chansons sur la longueur, ce qui n’est pas dérangeant tant que l’on n’y cherche une performance, autant visuelle que sonore, avec des éclairages saisissants réfléchis sur deux panneaux de carton brillant, ainsi que des tourbillons de brume incessants qui ceignent Lou Hayter et son léger déhanché. Le groupe joue une version interminable du single
So Long My Love, en guise de conclusion hypnotique, et nous laisse dans une sorte de torpeur quand la « vraie » lumière resurgit.
Impossible de ne pas parler du groupe français Sarah W. Papsun qui, dans la foulée, donne un show absolument incroyable de cinquante minutes, pendant lesquelles ils ne laissent jamais redescendre la pression. La maîtrise technique des six membres est incontestable, et leur jeu avec le public subjuguant. Leur premier album,
Peplum, aux sonorités électro math-rock très proches de celles du premier album des Foals, est une œuvre à écouter.