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Spectrum

Paris, Point Éphémère - 11 mai 2013

Live-report par Cyril Open Up

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Samedi 11 mai 2013, une journée placée sous le signe du psychédélisme. Après une déambulation au milieu des miroirs, des lumières joueuses, des peintures aux invariables quatorze couleurs et j'en passe de l'argentin Julio Le Parc au Palais de Tokyo, la soirée se poursuivra sous le même genre de motifs au Point Ephémère.

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Le printemps est toujours aussi timide et les spectateurs tout autant quand débarquent les quatre lillois de Soft Crayon sur la piste. Déjà aperçus au même endroit l'année dernière en première partie de The Big Pink, la formule n'a pas changé depuis. Sur fond de nappes de voix éthérées, ils développent leur pop planante. Comme de plus en plus souvent, mes voisins ont visiblement bien de choses intéressantes à se dire et je finis donc par les abandonner pour mieux entendre le groupe. Mais ce changement de place stratégique ne change finalement pas mon ressenti, à l'exception d'un ou deux titres retenant plus mon attention, le reste se révèle assez ennuyant et plat. Assez statiques sur scène et pas très communicatifs, leur synthpop carrée, calibrée et sage bande bien trop mou pour provoquer une quelconque lueur d'excitation. A croire qu'ils n'ont pas choisi leur nom de scène par hasard...

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Je dois bien l'avouer, Spectrum était un groupe assez obscur pour moi avant ce soir, ne connaissant en tout et pour tout que trois titres d'eux. J'ai ainsi appris, après quelques recherches, que le groupe Spaceman 3 qui réunissait Jason Pierce (désormais leader de Spiritualized) et Peter Kember (leader de Spectrum) était à l'origine de tout. A l'origine de ces nouveaux groupes (plus si nouveaux, soit dit en passant), mais surtout à l'origine d'un son qui allait contaminer plusieurs groupes de la fin des années 80 et même de maintenant, le shoegaze.
Toute une attitude à adopter puisque cela signifie littéralement "regarder ses pieds". Et ce soir, l'expression va prendre tout son sens. Peter Kember et ses musiciens ne sont ainsi pas ce que l'on peut appeler des bêtes de scène. Ils jouent debout ou assis sur fond d'images psychédéliques dignes des collections du centre Pompidou. Les morceaux sont plutôt lents, répétitifs, contemplatifs. Les guitares crachent ce qu'elles ont dans le ventre tout en étant passés par des pédales d'effets. Le chant, lui, est plutôt monotone. Telles des incantations dans la nuit au milieu des fumigènes qui envahissent au fur et à mesure la salle. Lorsque Angel retentit, on pourrait fermer les yeux et entendre la voix de Lou Reed. Il y a de quoi perdre ses repères spatio-temporelles avec de tels rythmes. Ça voltige, ça se heurte, ça se bouscule. Le morceau commence-t-il ou est-il en train de s'achever ? On ne sait pas, on ne sait plus. Nous sommes perdus, enveloppés, bercés par une musique qui tourne en boucle dans nos cerveaux. Des boucles de trois à six minutes qui s'enchaînent, les unes après les autres qui captent l'attention, captivent et nous happent.

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Graduellement la prestation gagne en intensité au fil des minutes qui s'égrainent. Les guitares s'excitent, les larsens se lâchent et jouent avec les tympans fragiles. La cavalcade Revolution fait son effet, crescendo. Elle démarre en bas de la colline et gravit la côte mètre après mètre. La voix de Peter rappelle un peu le chant de Jim Morrison. Nous sommes perdus, nous ne savons plus trop où nous sommes. La batterie accélère le tempo, les autres instruments suivent jusqu'à la cassure de rythme, l'arrêt brutal de la machine. Six titres joués seulement, même pas quarante minutes de concert et cela en est déjà terminé de ce délice auditif ?

Le public est un peu circonspect, dubitatif et en demande encore. Peter, un verre plein à la main, apparaît alors à nouveau puis nous berce avec un morceau très méditatif. Ce dernier laissera bientôt place au plat de résistance, à l'apothéose, au bouquet final. Une lente plongée de quinze minutes qui nous met en transe. Le batteur garde la même cadence tout du long jusqu'à ce que les musiciens ne sortent un par un. Le son ininterrompu des claviers se fait alors entendre avant qu'ils ne soient de retour une ultime fois pour l'explosion finale et achever Suicide. Plus de doute à avoir sur la filiation de Spectrum, il s'agit bien d'un cousin éloigné de Spiritualized.

Il ne me reste donc plus qu'à découvrir leur père Spaceman 3 pour mieux appréhender les origines de cette musique si enivrante qu'elle nous en fait oublier qu'elle s'adresse plus aux pieds qu'aux yeux.
setlist
    Ché
    Lord I Don't Even Know My Name
    Angel
    How To Satisfy Me
    When Tomorrow Hits
    Revolution
    ---
    Undo The Taboo
    Suicide
photos du concert
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