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Gramme

Paris, Café de la Danse - 19 septembre 2013

Live-report par Xavier Turlot

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Il aura fallu pas moins de quatorze ans à Gramme pour sortir leur premier album. Leur EP Pre Release enregistré en 1997 et sorti en 1999, n’avait pas dû trouver l’écho suffisant, et le groupe dissout en 2002 vient tout juste de sortir son premier album, Fascination, fruit de deux ans et demi de travail. Ce sont donc des revenants qui arrivent sur la scène cosy du Café de la Danse ce jeudi, et il est dur de vraiment savoir à quoi s’attendre.

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La soirée commence par un très bon groupe de pop noisy canadien, Hooded Fang, dont les quatre jeunes membres font preuve d’un professionnalisme exemplaire. Ils invitent le public à rejoindre l’étroite « fosse » du lieu pour partager leur pêche adolescente, enchaînant des chansons courtes, mélodiques et brutes, chauffant rapidement la salle qui se remplit doucement. Ils défendent leur nouvel album Gravez avec détermination, album constitué de courtes pistes accrocheuses, dont l’excellente Graves et la sublime Trasher. Mention spéciale au batteur dont la frénésie et la technique inhabituelles scotchent immédiatement l’attention.

Il n’y a cependant pas de véritable continuité entre les deux groupes, car quand les quatre vétérans de Gramme arrivent sur scène à 21h, ils téléportent instantanément le public dans un club new-yorkais des années 1980. Entamant le set avec Fascination, on se croirait revenu à l’âge d’or de l’électro-funk américain, quand Indeep et Grandmaster Flash enflammaient les ondes américaines. Luke Hannam, le bassiste au look improbable, délivre des lignes d’une lourdeur et d’une précision que l’on n’entend plus nulle part depuis bien longtemps, et la chanteuse Sam Lynham vit son rôle de diva à 100%, se déhanchant pour accompagner ses envolées lyriques, invitant le public à quitter les gradins pour redonner tout son sens au nom de la salle.

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Car Gramme démontrent que le funk est bel et bien dédié tout entier au rythme. Leo Taylor, batteur méticuleux, encadre la basse avec rigueur et puissance, utilisant un kit minimal de batterie, à peine agrémenté d’un pad au détour d’une mesure. Sa communion avec le bassiste est totale, laissant le guitariste dans sa bulle, guitariste qui en réalité ne tiendra son instrument que sur le premier titre, la laissant tomber immédiatement pour se consacrer à ses boucles de synthés et, plus étonnamment, à une basse dont il jouera pendant une majeure partie du concert.
Si Gramme peuvent sembler anachronique, ils sont surtout hors du temps, et s’ils peuvent sembler rétro, ils sont d’abord très étranges. La preuve avec Girls Talk et sa mélodie de comptine d’école, scandée sur cette double ligne de basse improbable, ou l’entêtante It's Magic et son imparable ligne vocale à la justesse impeccable.

Le public est plus que chaud quand arrivent les singles Too High et Rough News, sans doute les deux morceaux les plus rétros et les plus accessibles du set, et qui plus que les autres ouvrent la parenthèse temporelle de la soirée. A aucun moment la tension ne baisse, ni ballade ni pause, le show est assuré par des passionnés qui sont là pour se faire plaisir, et tiennent la cadence pendant une bonne heure, nous laissant à la fin du rappel renouer lentement avec 2013.
setlist
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