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Theo Verney
TRAAMS

Paris, La Mécanique Ondulatoire - 2 décembre 2013

Live-report par Cyril Open Up

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Voilà une soirée qui a bien failli ne jamais se dérouler. Quelques jours avant l'événement, l'Espace B, salle où devait avoir lieu le concert, écope de neuf jours de fermeture administrative en raison d'un voisin indisposé par les discussions de trottoir des férus de l'établissement qui monte du 19ème arrondissement de Paris. La programmation est donc à la rue, en attente de changements de date ou de salle. Dans le cas présent, les invités de la soirée sont anglais et il serait plus que dommage qu'ils ne puissent jouer comme prévu. Par miracle, rien n'était prévu à La Mécanique Ondulatoire ce soir-là, c'est donc au 8 passage Thièré en plein quartier Bastille, que l'affiche est rapatriée. Il est temps de prendre la direction de la cave où Topper Harley accueille et salue de façon très courtoise chacun des spectateurs, afin de partir à la découverte de deux formations plus que prometteuses.

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Du haut de ses (seulement) vingt-deux printemps, Theo Verney vient de Brighton. Il compose, enregistre et produit seul des morceaux emprunts de garage, de grunge et de psychédélisme d'une grande maturité. Pour la scène, il assure le chant et la guitare et s'est entouré de ses amis, baptisés pour l'occasion The Handsome Men, Joe à la basse et aux choeurs ainsi que d'Alex à la batterie. Les compères prennent un pied évident, cela se ressent sur leurs visages et dans leur façon de jouer. Ils s'observent, se lancent des petits regards en coin, des sourires. Tout n'est pas encore rodé et cela fait le charme des groupes qui débutent. N'allez cependant pas croire qu'il s'agisse là d'une bande d'amateurs. Au contraire, ils sont très pros, loin d'être statiques et débordent d'énergie.
La scène de La Mécanique Ondulatoire en prend un sacré coup et tangue à tout va, donnant un peu l'impression de voir le trio évoluer sur une barque mue par une bonne petite houle. La setlist est posée à côté du pied de micro mais après concertation des autres membres du groupe, ils prennent un malin plaisir à jouer les morceaux dans le désordre le plus total. Joe, le facétieux, va même glisser un petit riff de basse du groupe qui les succèdera, en s'exclamant qu'il ne s'agit pas du bon morceau. Comme si cela ne suffisait pas, ils iront jusqu'à rajouter des titres non prévus comme cette reprise atomique d'une obscure face-b d'une de ses idoles, le californien hyperactif Ty Segall. Il partage avec l'américain cette envie d'écrire le plus possible. Ainsi, il n'a pour le moment sorti que deux EPs, l'un en cassette et l'autre en vinyle, et ne devrait déjà plus trop tarder à sortir son premier album.
Une bonne partie des titres joués ce soir n'existent donc pour le moment encore sur aucun support physique, plaçant l'assistance sur un pied d'égalité. La guitare fuzze, la batterie est frappée métronomiquement et la basse enveloppe le tout donnant des bombes incendiaires répandant dans la salle une irrémédiable envie de s'agiter. Deux excités monteront sur scène, débranchant dans leur élan le câble de la basse que Joe ne tardera pas à vite raccorder. Une quinzaine de morceaux plus tard, le groupe s'apprête à partir mais l'enthousiasme généralisé les poussera à reprendre place derrière leurs instruments pour un ultime morceau durant lequel Theo se jette littéralement au milieu de la foule pour y martyriser un peu les cordes de sa guitare. Le trio sort tout sourire sous les applaudissements fournis laissant espérer un avenir radieux à cette formation qui le mérite amplement.

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Quelques petites minutes d'attente et ce sont trois autres garçons qui s'installent. La configuration est la même et pour le moins classique, guitare, basse et batterie. D'emblée, TRAAMS entrent dans le vif du sujet avec Sleep, un morceau qui rappelle le son des américains Parquet Courts qui, lui-même, ravivait dans nos mémoires des groupes comme Pavement ou Sonic Youth. Stuart Hopkins au chant et à la guitare et Leigh Padley à la basse font du trampoline sur cette mouvante structure déconseillée à toute personne atteinte de mal de mer, mais eux s'en amusent. Le plaisir qu'ils prennent est communicatif et l'assemblée se laisse ainsi gagner par les hypnotiques passages instrumentaux de Head Roll tout comme par le jouissif refrain de Fibbist.
Piochant aussi bien dans leur EP Ladders que dans l'album Grin, TRAAMS s'évertuent à nous proposer l'étendue de leur talent que cela soit avec des bombinettes de trois minutes telles que Flowers, dont une partie du public clame les paroles, ou encore Klaus qui s'étend sur plus de sept minutes et fait la part belle aux instruments. Dans toute sa production, le groupe démontre un réel sens poussé de la mélodie, de l'enchainement qui fait mouche et attrape l'auditeur pour ne plus le lâcher. Les membres de Theo Verney ne s'y trompent pas et profitent du fait que leur tour soit passé pour grossir la fosse et prendre part au spectacle, Joe s'essayant au slam. Il faut croire qu'ils ne sont pas seuls à s'émerveiller du punk noisy des anglais puisque la foule lance des cris d'approbation à leur encontre et les invitera à offrir un rappel qui n'était, semble-t-il, pas prévu au programme. En guise de conclusion, Stuart, débarrassé de ses lunettes et de sa casquette et ses complices nous proposent un morceau inédit nommé D.O.G.. Un long titre explosif encore en cours d'écriture et qui serait produit par Theo Verney.

La boucle est donc bouclée. Le rock anglais peut se targuer d'avoir à son actif deux nouveaux groupes à surveiller de très près et que l'on espère revoir très rapidement par ici. Si ce n'est déjà fait, retenez donc bien ces deux Theo Verney et TRAAMS, et quand vous les verrez annoncés non loin de chez vous, n'oubliez pas de prendre un billet pour, vous aussi, prendre une sacrée claque.
setlist
    THEO VERNEY
    Non disponible

    TRAAMS
    Sleep
    Low
    Demons
    Grin
    Head Roll
    Fibbist
    Teeth
    Flowers
    Klaus
    ---
    D.O.G.
photos du concert
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