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Dry The River
Editors

Paris, Cigale - 17 mars 2014

Live-report par Cyril Open Up

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Un mystère persiste en ce 17 mars 2014. Mais où est donc passé le Boeing 777 qui effectuait la liaison Kuala Lumpur - Pékin ? Un tout autre subsiste à l'échelle musical. Où se trouve le public français d'Editors ? En effet, le cas du groupe est particulièrement intéressant. Alors qu'ils remplissent des salles de la taille de Bercy (voire un peu plus) en Hollande ou en Belgique, c'est dans l'intimité de La Cigale bien remplie mais pas complète que le groupe revient ce soir dans la capitale !

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La première partie débute à 19h30 précises, pas de pitié pour les retardataires. Elle est assurée par les londoniens de Dry The River. Ils paraissent un peu à l'étroit à l'avant de la scène en raison du matériel déjà installé pour leurs successeurs. Le clavier se trouve ainsi coincé sur le côté gauche, invisible d'une bonne partie de l'assistance. A l'origine d''un premier album accueilli plutôt positivement par la presse, ils viennent d'achever l'enregistrement du second en Islande. La sortie de ce dernier est prévue pour le courant de cette année. Malgré le récent départ de leur violoniste William Harvey, ils sont toujours cinq sur scène. La plupart d'entre eux sont bras nus et tatouages apparents. Peter Liddle, au chant, a opté pour une décoloration blonde. Mélodique et rythmé, leur rock folkeux s'aventure par instants vers de très beaux passages quasi a-capella.

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Si l'on devait l'expliquer, on pourrait très bien s'en sortir en disant que leur musique est une fusion entre l'onirisme de Fleet Foxes et la grandiloquence d'Arcade Fire, le tout réhaussé de guitares hurlantes. Car si, en studio, le groupe se veut plutôt sage, sur scène, les brides sont lâchées. Les cheveux mi-longs s'agitent en tous sens et le potentiomètre s'envole dans le rouge. En trente petites minutes et six morceaux incluant les plus connus No Rest et New Ceremony ainsi que quelques nouveaux titres prometteurs, qui ne dépareillent nullement des précédents, Dry The River ont montré leur application en concert ainsi que leur habileté à créer des chansons équilibrées qui prennent une joyeuse tournure relevée. La prestation se conclut sur Demons, un titre qui démarre en douceur et s'achève dans une effusion diabolique de décibels. Le public semble apprécier et ne se fait pas prier pour applaudir le groupe comme il se doit. Il faudra cependant encore patienter quelques semaines avant de pouvoir les revoir pour un set plus conséquent en tête d'affiche lorsque que leur nouvel album sortira.

Côté scène les roadies s'activent, côté fosse, le va-et-vient avec les deux bars de La Cigale se fait plus pressant. Puis, sur les coups de 20h30, les lumières s'éteignent. Les spectateurs trépignent et les choeurs introductifs de The Weight relevés de violons tournent en boucle jusqu'à l'arrivée de Tom Smith et de sa troupe. La setlist est identique sur toutes les dates de cette tournée, aucune surprise à attendre donc. La sélection passe cependant en revue l'ensemble de la discographie du groupe en privilégiant même leur premier effort The Back Room dont six titres seront interprétés. Les claviers lancinants de Sugar, extrait du dernier né The Weight Of Your Love, lancent les débats. La voix de Tom Smith est bien en place, tout comme le groupe professionnel jusqu'au bout des médiators. Passé ce nouveau titre à l'univers oppressant et pesant, le chanteur tout sourire remercie le public d'être venu avant de faire un détour par les débuts de leur carrière en enchainant Someone Says et Munich.

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Le public conquis commence à réagir en faisant remuer le plancher incliné de La Cigale et en clappant dans ses mains. Le concert est parti sur de bons rails. Approuvant les réactions de l'assistance, Tom Smith glisse un merci entre chaque titre joué. An End As A Start continue d'attiser la foule avec ses rythmes de batterie martiaux et ses guitares rageuses. Même si les critiques n'ont pas été vraiment tendres envers leur opus sorti l'année dernière, il faut se rendre à l'évidence que le contraste entre les différentes périodes n'est pas si frappant que cela et qu'un morceau comme Formaldehyde se fond bien avec les plus anciens. Il reste certes plus posé mais son refrain à deux voix fait son effet et reste bien en tête.

Histoire de, s'il en était vraiment besoin, remobiliser les esprits, le parfait enchainement entre Lights et Bullets permet à Tom Smith et ses comparses de s'en donner à coeur joie niveau gesticulations guitare ou basse en mains. Ils arpentent la scène en se repliant sur eux-mêmes pour le plus grand plaisir des fans de la première heure. Tom Smith prend ensuite place derrière le piano pour entonner le début du toujours aussi réussi The Racing Rats donnant encore plus l'impression d'assister à une soirée Best Of. C'est ensuite à A Life As A Ghost, titre méconnu du plus grand nombre, de faire son apparition. Le morceau est issu de la version double de In This Light And On This Evening. Habité par le titre, Tom Smith décroche le micro de son pied et passe le fil de ce dernier entre ses dents lors du final instrumental qui allie synthé et batterie. Telle une pile électrique, ce même Tom Smith s'active lors de Eat Raw Meat = Blood Drool. Il achève le morceau un pied posé sur un tabouret et l'autre sur le couvercle du piano droit. Ainsi positionné, il scande les paroles qui font bouger en rythme les têtes et les pieds de toute l'assemblée.

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Ce n'est certainement pas All Sparks qui fera retomber la pression. Sur ce titre, la basse de Russell Leetch est bien mise en avant et contribue à rendre ce morceau toujours aussi savoureux même des années après. Plus l'heure tourne, plus Russell semble hilare, un peu comme s'il avait commencé à célébrer la Saint Patrick avant la fin du concert. L'éponyme In This Light And On This Evening pour mieux coller à son sujet (la ville de Londres) voit un imposant brouillard envahir la scène, percé par instants par d'intenses flashs stroboscopiques. Les guitares glacent les sangs et serrent les tripes, la fin du titre se termine en une espèce d'explosion apocalyptique que, comme sur l'album, Bricks And Mortars viendra quelque peu contrebalancé. Les chansons fonctionnant un peu comme le yin et le yang de chacune, la seconde plonge dans l'électronique et se voit prolongée d'une conclusion qui emprunte assez à l'acid house des années 80. Retour ensuite à une succession de singles avec A Ton Of Love qui voit le public frapper dans ses mains, Bones faisant trembler l'ensemble de La Cigale et au cours de laquelle Tom Smith nous présente les membres du groupe mais également le récent Honesty et ses choeurs à faire honneur aux plus grands stades. Le groupe retourne ensuite faire un tour en coulisses au bout de 1h15 d'un show millimétré mais fort appréciable.

Le rappel avec quelques classiques supplémentaires et le récent Nothing, où Tom Smith chante debout sur le piano, prolonge ce beau moment passé avec un groupe généreux ayant livré une prestation honorable. Pour faire la fine bouche, on pourra regretter que la soirée se termine (encore une fois) sur le trop entendu Papillon qui n'est, de mon point de vue, certainement pas le meilleur morceau de la bande mais a l'avantage de terminer sur une note électronique et de faire danser une dernière fois la foule réjouie. Qu'à cela ne tienne, il faut en revenir à la question qui était posé en introduction : mais où donc se trouve le public français d'Editors ? En effet, après des concerts de cette tenue, il serait quand même injuste que l'on ne remette pas la main dessus rapidement !
setlist
    DRY THE RIVER
    Non disponible

    EDITORS
    Sugar
    Someone Says
    Munich
    An End As A Start
    Formaldehyde
    Lights
    Bullets
    The Racing Rats
    A Life As A Ghost
    Eat Raw Meat = Blood Drool
    All Sparks
    In This Light And On This Evening
    Bricks And Mortar
    A Ton Of Love
    Bones
    Honesty
    ---
    Camera
    Smokers Outside The Hospital Doors
    Nothing
    Papillon
photos du concert
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