logo SOV

CHAMPS

Paris, Flèche d'Or - 19 mai 2014

Live-report par Xavier Turlot

Bookmark and Share
Lundi soir dernier, la première grosse chaleur de l'année a accompagné l'un des groupes anglais les plus froids du moment : Champs, venus défendre leur premier album fraîchement sorti, Down Like Gold. Un disque réussi et simple, à la beauté glaciale et aux mélodies figées dans le temps.

Il y a peu de monde en ce tout début de soirée caniculaire pour acclamer les frères Champion et leur exceptionnelle sobriété. Les deux anglais n'ont pour tout attirail qu'une guitare chacun, qu'ils effleureront du bout des doigts. Quelques arpèges à peine rehaussées d'un ou deux accords, et la voix sublime et profonde du leader vient envahir la salle de ses harmonies hivernales sur la chanson éponyme. Les ballades folk sont intemporelles et grandioses, entre légère influences irlandaises et introspections dans l'ouest Américain. On pensera vite aux Fleet Foxes.

SOV

Il est dommage de ne pas pouvoir goûter aux morceaux sous la forme qu'ils ont sur leur album, avec les arrangements de batterie et d'orgue qui leur ont donné cette aura religieuse. La dynamique My Spirit Is Broken perd de sa vélocité, et l'inquiétante Too Bright To Shine de sa grandeur. Michael Champion a le visage fermé et n'engage pas la moindre communication avec le public, seul son frère osera à peine expliquer du bout des lèvres que c'est leur premier concert en France, et que « au fait, nous, c'est Champs ». Le duo enchaîne sur la magnifique St. Peters, avec ce choix assez bizarre de se servir de guitares électriques, qui même en canal clair n'ont absolument pas la chaleur du son original.
Un autre excellent single, Savannah, est interprété, mais encore une fois le manque de piano, de batterie et de violons qui enrichissaient l'originale se fait sentir. Le dépouillement extrême fait se ressembler toutes les chansons, et les musiciens se retirent au bout de sept titres et d'une petite demi-heure de concert, négligeant de jouer toutes les parties d'un disque pourtant déjà bien court. Il est dommage que l'on n'ait pas eu droit à l'incroyable Pretty Much Since Last November. On n'aura pu que constater les performances vocales du leader et un songwriting d'excellente qualité.

SOV

La tête d'affiche de la soirée s'appelle Minor Alps, un duo américain formé par le leader de Nada Surf, Matthew Caws, et la chanteuse Juliana Hatfield. Le chanteur, dont un séjour au lycée français de New York l'a rendu bilingue, a une loquacité qui contraste sévèrement avec le groupe précédent. Il plaisante avec le public pour s'en rapprocher puis entame le concert avec son alliée. Une fois n'est pas coutume, il n'y a que deux guitares folk et un synthétiseur microscopique pour envoyer les décibels parcimonieux. Leur premier album sorti l'année dernière, Get There, est fait d'une pop sympathique et passe-partout qui comporte de très bonnes compositions : I Don't Know What To Do With My Hands, Far From Roses ou Waiting For you, souvent très typées années 1990 avec un grain presque grunge acoustique.

Le mélange des voix masculine et féminine passe toujours bien et le synthé au son vintage donne une touche intéressante à l'ensemble. Le public bien plus dense que pour Champs est clairement venu voir un membre de Nada Surf ce soir. Le même Matthew Caws qui remercie le public, les techniciens, les tourneurs et les réalisateurs de clips à tour de bras, décidé à installer une atmosphère cosy dans la Flèche d'Or. Entre temps il donne des nouvelles de son emploi du temps, expliquant que son groupe de toujours se remettra à écrire cet été. Il accompagne presque chaque chanson d'une anecdote sur sa composition, sa rencontre avec sa collaboratrice ou l'accordement de sa guitare. Une seule chanson sera agrémentée d'une boîte à rythmes au motif osé et plutôt réussi.

Au bout d'une heure de concert, les deux complices s'éclipsent, puis rappelés par une audience enthousiaste, offrent un rappel de deux chansons pour finir la soirée.
setlist
    Down Like Gold
    My Spirit Is Broken
    Too Bright To Shine
    St. Peters
    8MM Desire
    White Satellite
    Savannah
photos du concert
    Du même artiste