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Fuck Buttons

Paris, La Machine du Moulin Rouge - 29 mai 2014

Live-report par Julien Soullière

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Allô central, ici voiture 11. Rien à signaler, je répète, RAS. Entre le concert donné le soir même par Nine Inch Nails au Zénith de Paris, le lancement du Primavera Sound à Barcelone, et la concurrence déloyale d'un énième pont en ce mois de mai déjà bien pourvu en la matière, c'est peu dire qu'il y avait du monde au portillon. Mais malgré des routes savamment engorgées, les Parisiens ont su fort heureusement trouver le chemin le plus sûr et rapide vers la Machine du Moulin Rouge, et ainsi pu se délecter de la prestation haute en décibels proposée par les étranges énergumènes exerçant sous le doux nom de Fuck Buttons.

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C'est donc face à un parterre fourni de convives qu'Andrew Hung et Benjamin John Power font leur entrée sur scène à l'aube des 22h. Sous les applaudissements nourris de la salle, les deux compères prennent rapidement place de part et d'autre d'une console imposante qui occupe les trois quarts de l'espace disponible sur scène, et, de profil par rapport à leur public, commencent à manipuler leurs panneaux de contrôle pour mieux faire résonner les premières mesures de l'inquiétant Brainfreeze. Les hostilités sont lancées. Elles vont durer plus d'une heure, et pendant tout ce temps, les deux hommes ne vont que rarement détacher leurs yeux et éloigner leurs doigts de cette machine de guerre qu'ils manipules pour le plus grand plaisir des âmes en présence, si ce n'est pour boire une petite gorgée d'eau, ou s'adonner à d'autres joyeusetés au service de leur musique (comme jouer des percussions sur Colours Move, ou s'époumoner dans un microphone à l'occasion de titres comme le somptueux Sweet Love For Planet Earth). A bien les regarder d'ailleurs, on croirait voir Hung et Power s'abandonner à une sorte de jeu à la finalité mortelle, dans lequel la seul règle consisterait à rendre à l'autre les coups qu'il a donné par ailleurs. <

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Du reste, le duo formé à Bristol n'est pas très expressif, et on est franchement bien loin, en tout cas vu de la salle, de l'incroyable dextérité affichée par l'ami Jon Hopkins (on vous rassure, on est également bien loin de David Guetta). Ceci dit, il faut se faire violence pour arriver à formuler une telle remarque, notre esprit étant la majeure partie du temps à mille lieues de telles considérations, abasourdi par la puissance sonore délivrée ce soir, et finalement abruti par les interminables crescendos qu'aiment à charpenter Fuck Buttons. Des crescendos qui jamais ne tombent dans la facilité, car les anglais sont finalement plus pâtissiers que musiciens, créant à tour de bras des milles feuilles sonores long de souvent dix minutes, et qui n'en peuvent plus d'empiler des nuances parfaitement audibles du fait d'un son aux petits oignons. Et pour que l'expérience soit totale, que l'on ne soit plus en mesure d'énoncer notre propre identité à force d'ondes de choc, nos yeux sont également sollicités, autant par des jeux de lumières plutôt bien vus que par l'écran blanc installé en fond de scène, et sur lequel sont projetées les ombres de nos deux héros, agrémentées d'effets visuels souvent psychédéliques, parfois même inquiétants (comme à l'occasion de The Red Wing).

Finalement, ce n'est pas souvent que l'on sort aussi vide d'énergie d'un concert, surtout quand on a aussi peu bougé. Ce soir, Fuck Buttons ont livré un set littéralement éblouissant, un show au charme vénéneux et à l'emprise foutrement tenace. Dieu que c'était bon.
setlist
    Brainfreeze
    Colours Move
    Olympians
    Sentients
    The Red Wing
    Surf Solar
    Hidden XS
    ---
    Sweet Love For Planet Earth
photos du concert
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