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Paul Thomas Saunders

Paris, Point Éphémère - 12 juin 2014

Live-report par Cyril Open Up

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En ce jeudi 12 juin, c'est la fête du ballon rond qui occupe les esprits. Le cru 2014 de la Coupe du Monde débute ainsi aujourd'hui avec la rencontre Brésil - Croatie. Le fond de l'air est de plus assez chaud, incitant quiconque à préférer siroter quelques verres sur le bord du canal plutôt que d'aller s'enfermer dans la salle du Point Éphémère.

Malgré ces facteurs, à notre arrivée, le français AuDen ne joue pas vraiment devant une salle vide. La fosse est raisonnablement garnie. AuDen, seul, armé de sa guitare, égraine ses chansons mélancoliques qui tournent principalement autour du thème de l'amour. Contrairement à une partie de l'assistance, ces lentes suppliques plombantes dans la langue de Molière ne sauront pas nous convaincre. L'ajout de quelques boucles n'y changera pas grand chose, l'ennui nous gagne et la demi-heure semble bien longue. Ce sentiment est encore plus accentué par les séances d'accordage qui ralentiront encore un peu plus l'instant présent.

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Quelques minutes après cette mise en bouche dépressive, le jeune Paul Thomas Saunders originaire de Leeds est prêt à se lancer dans son cinquième concert parisien en l'espace de deux ans. Son premier long format baptisé Beautiful Desolation est sorti il y a deux mois et pour l'occasion, l'anglais est entouré de trois comparses. A l'instar de la pochette de son album qui ressemble stylistiquement à s'y méprendre à certaines des australiens Tame Impala, nous voici donc partis pour un voyage interstellaire qui débute avec le titre Santa Muerte's Lightning & Flare issu de son second EP Descartes Highlands.
Paul Thomas se trouve derrière ses claviers, concentré. Le public est attentif et se laisse emporté par sa musique aérienne. Les explosions de sa voix frappent les quatre coins de Point Éphémère, prennent aux tripes et claquent sa longue frange sur ses yeux.

Les spectateurs accueillent positivement les nouveaux morceaux Good Women et Kawai Celeste joués par la suite toujours en position assise. Les hallelujah du refrain viennent nous rappeler que l'ombre de Leonard Cohen plane sur les talents d'écriture du jeune anglais. Pour le titre suivant, Paul Thomas se lève et s'empare d'une guitare électrique. Le batteur s'en donne à coeur joie et tape sur ses fûts avec entrain tandis que le musicien se tortille avec sa six cordes et sautille sur place. Le ballet de ses cheveux se fracassant sur ses lunettes se fait plus intense.

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Il ne manque pas de remercier le public venu assister au concert et de lui dire qu'il l'aime. Lui, le grand admirateur de Serge Gainsbourg, nous rappelle que la France a toujours bien réagi à son travail et nous félicite de notre attention comme, par exemple, sur l'émouvant Waking & Evening Prayers For Rosemarie May interprété à la guitare sèche et où les intonations de Paul viennent bercer l'oreille.

Sa folk teintée de psychédélisme prend une bien belle tournure en version quatuor et amplifie encore le cristal de sa voix. Sa fréquentation des chorales dans ses plus jeunes années s'en ressent et montre qu'il a été à bonne école. Mais cela ne suffit pas. Car, il faut bien l'avouer, Paul Thomas n'est pas seulement un interprète mais également un compositeur bourré de talent. L'émouvant Wreckheads & The Female Form débute assez fidèlement à sa version studio avant de terminer en un fracas de percussions provoqué par trois des membres qui s'emparent de baguettes et les fracassent dans un grondement sourd sur les grosses caisses disposées devant eux.
Puis vient le moment de l'instant grands frissons avec le titre qui a fait la renommée de l'anglais. Un morceau tout en simplicité qui débute par une classique alliance guitare voix nappée d'un soupçon de synthés. Une voix tranchante qui déchire tout sur son passage et relate toute la douleur des paroles. Le set se conclut sur A Lunar Veteran's Guide To Re-Entry au cours de laquelle Paul Thomas saute, se tortille et hurle de plus belle. Une conclusion à la hauteur de la prestation, habitée, prenante et captivante.

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Ce n'est cependant pas tout à fait terminé puisque le public réclame un retour. Paul Thomas Saunders s'exécute et se présente en solitaire pour interpréter le déchirant Howl & Kill ayant fait l'objet d'une captation par les équipes de La Blogothèque dans les décombres de la boîte de nuit Les Bains. Le Point Éphémère est captivé par ce moment de grâce et les discussions laissent vite place à un silence de circonstance. Le reste de la troupe effectue son retour pour le tout dernier morceau de la soirée. Under Atacama Stars sera murmuré à deux voix en compagnie de Kate dans une version sublime qui conclura le concert.
Un peu plus d'une heure de concert nous aura suffi à grimper sur un petit nuage et nous laisser guider par les délicates compositions de Paul Thomas Saunders, lesquelles revêtent une large palette d'émotions et nous auront encore une fois laissé sous leur charme même plusieurs heures après. Merci encore Paul Thomas et à la prochaine fois.
setlist
    Santa Muerte's Lightning & Flare
    Good Women
    Kawai Celeste
    On Into The Night
    Waking & Evening Prayers For Rosemarie May
    Starless State Of The Moonless
    Wreckheads & The Female Form
    Appointment In Samarra
    A Lunar Veteran's Guide To Re-Entry
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    Howl & Kill
    Under Atacama Stars
photos du concert
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