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The Specials

Paris, Bataclan - 30 novembre 2014

Live-report par Jean Duffour

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Vent de révolte sur le Bataclan en ce dimanche soir hivernal avec le retour des tumultueux Specials reformés et venus distiller leur musique rebelle mais surtout révolutionnaire sur la scène parisienne, à travers un set qui s'avérera particulièrement faste. Les blousons Harrington de couleur bordeau sont de sortie, tout comme les bérets, les cheveux colorés ou rasés, et tous se rassemblent rapidement vers devant la scène. L'événement est tel qu'ARTE Concert décide d'ailleurs de s'immiscer dans la salle au dernier moment avec de nombreuses caméras afin de retransmettre le live en direct, ce qui coûtera à Jah On Slide leur place sur scène en première partie, pour des questions de logistiques. Pour autant, l'éclectisme des Specials demeure quant à lui bel et bien au rendez-vous.

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Et dès les premières minutes du concert, c'est au travers des musiciens que cet univers paradoxal transparaît, mêlant ces deux mondes a priori incompatibles : le punk sombre et torturé incarné par leur leader, avec l'atmosphère entraînante que peut dégager le Ska et, en l'occurrence ce soir, leur chanteur et guitariste rythmique Lynval Golding. L'arrivée sur scène du placide Terry Hall est ovationnée avant que celui-ci ne se pose en retrait, à l'ombre des lumières, pour laisser place au showman Lynval Golding qui profite du moindre silence que lui octroient ses parties de guitares pour haranguer la foule de ses bras, et traverser la scène en long et en large tout au long de Ghost Town, morceau phare choisi par le groupe pour entamer le set avec énergie et s'assurer l'adhésion de la salle, déçue par l'absence de première partie mais qui répond rapidement à l'appel puisque les mains sont levées et le public se trémousse. L'autre belle surprise scénique n'étant autre que la présence de Steve Cradock (Ocean Colour Scene, Paul Weller) venu accompagner les Specials, avec ses guitares les plus mystiques.

Les voix des deux (ou trois selon les morceaux) chanteurs se complètent et s'entrecoupent à merveille tout au long du concert, et les multiples musiciens (violonistes, trompettiste, tromboniste à coulisse) assurent magnifiquement leur rôle derrière le très charismatique Terry Hall, qui s'essaie même de temps à autres au dialogue avec la salle. C'est notamment sur l'excellente Stereotype que les Specials achèvent d'emmener le public avec eux, celui-ci chantant d'ailleurs allègrement les paroles en compagnie des musiciens.

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Comme expliqué précédemment, la setlist est à la hauteur de l'événement et des compositions des Specials : très riche. Cependant certaines attentes demeurent, et la foule exultera à juste titre au moment des premières notes de A Message To You, Rudy reprise de Dandy Livingston devenue néanmoins un hit à part entière des Specials. Ces derniers maîtrisent largement la scène et c'est en apothéose que leur concert s'achève, avant le rappel, sur la très attentue Too Much Too Young qui déchaînera les passions et la salle. Le tout dans une ambiance toujours bon enfant bien entendu, pas de pogo déchaîné, simplement du plaisir.

On notera notamment le réveil soudain du bassiste à partir de Do Nothing, jusque-là enfoncé aux côtés du batteur, lequel s'offre quelques apparitions sur le devant de la scène afin de prendre un bain de mains en l'air.

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La performance intense n'en atténue pas pour autant l'énergie des musiciens, le claviériste finissant Too Much Too Young couché sur son synthétiseur à la verticale avant de sortir avec le groupe sous une très longue ovation qui laissera place à de multiples applaudissements entrecoupés de « Specials » hurlés. Avant le retour de Lynval Golding présentant le collier qu'il porte à tous les concerts et qu'il offre au public, avant de nous emmener en 1979 avec Guns Of Navarone. Les gouttes de sueur n'ont pas le temps de sécher sur le visage des plus enflammés que ceux-ci reprennent leur rôle sous les lumières aux teintes jamaïcaines, aux rythmes des effets wah et reverb qui se côtoient merveilleusement bien avec les cuivres.

Au final, 1h30 ou presque de performance de haut vol à mettre ce soir à l'actif des Specials, très loin d'être vieillissants et toujours prêts à donner autant sur scène, même s'ils finiront complètement exténués. Une prestation qui fera donc largement oublier aux quelques déçus l'absence de la première partie elle aussi très attendue au sein des fans, même les plus coriaces qui arguaient de la perte de l'esprit Ska. Mais ARTE Concert en avait décidé autrement, cette soirée était spécialement réservée aux Specials, et ils nous l'ont particulièrement bien rendu. Rien de très grave donc.
setlist
    Ghost Town
    Friday Night, Saturday Morning
    Do Nothing
    International Jet Set
    Stereotype
    Man At C&A
    Pearl's Café
    Hey Little Rich Girl
    Rat Race
    Blank Expression
    It's Up to You
    Why?
    Doesn't Make It Alright
    Nite Klub
    (Dawning Of A) New Era
    Do the Dog
    Gangsters (Prince Buster cover)
    Monkey Man (Toots & The Maytals cover)
    Concrete Jungle
    A Message To You, Rudy (Dandy Livingstone cover)
    Little Bitch
    Too Much Too Young
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    Guns Of Navarone (The Skatalites cover)
    Enjoy Yourself (It's Later Than You Think)
    You're Wondering Now
photos du concert
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