Près de quarante années d'existence pour la formation nord irlandaise qui, de nouveau active depuis les années 2000 et forte d'un line-up originel (excepté pour le chant), entreprend un retour fulgurant sur scène avec arrêt parisien par la salle du Trabendo. Au programme : une setlist à rallonge composée en majorité de morceaux pêchés dans les vieux succès qui n'ont pas pris une ride, soutenue par un public de la première heure lui aussi, avide de retrouver un peu d'une époque qui aurait fait partie de sa vie de jeune rebelle passionné. Alors, certes, les cuirs sont usés, les clous ont pris une teinte oxydée et les cheveux grisonnent, mais quoi de plus efficace pour lubrifier les articulations qu'un punk rock si emblématique de cette indomptable ardeur qui caractérise l'adolescence ? Et si le temps était resté bloqué en mode pause depuis 1979 ?
A ceci près que le chanteur d'origine, Feargal Sharkey, ayant choisi de parcourir la route du rock en solitaire dès 1983, le groupe s'est reconstruit avec à sa tête un certain Paul McLoone dont la voix se rapproche de manière suffisamment convaincante de celle de son prédécesseur, si particulièrement reconnaissable et porteuse d'hymnes immortels tel que
Teenage Kicks. Ce dernier, fait irruption sur la scène à 21h pile, entouré de ses comparses Billy Doherty derrière sa batterie, Michael Bradley à la basse et les frères O'Neill pour assurer les riffs de guitare, sous une bannière grimée « The Undertones » et les acclamations d'un Trabendo sould out.
La nostalgie comme leitmotiv, les cinq gaillards entament leur set avec
Family Entertainment : un retour aux sources du premier album et point de départ d'une succession de refrains repris jusqu'à essoufflement par un patère de connaisseurs acharnés. Ainsi retentissent les paroles et les choeurs cadencés de
Jump Boys, Male Model, Tearproof, You've Got My Number (Why Don't You Use It!) alors que pogos et slams témoignent d'une énergie et d'un enthousiasme qui n'a pas le soucis de l'âge.
Sur scène non plus personne ne boude son plaisir. Le groupe semble serein et visiblement heureux de cette réunion, tandis que Paul McLoone, barbe de quelque jours et chemise ouverte, offre le ton et les attitudes dues au genre : énervé mais toujours dans l'élégance. Après une quinzaine de morceaux arrive le tant espéré
Teenage Kicks, suivi d'assez près par
Jimmy Jimmy, qui ne font que pimenter une ambiance déjà à bonne température.
A l'instar d'emblèmes punk-rock tels que les Ramones ou les Clash, qui furent un temps leur compagnons de scène, The Undertones tendent à refuser les démonstrations manifestes de virtuosité au profit d'un rock efficace et sans bavures, privilégiant les formats courts, ce qui leur permet de tenir un set de trente-deux titres en une petite heure et demie sans s'essouffler. Le final pétillant sur
Get Over You appelle à un premier retour sur scène pour non moins de quatre morceaux montrant des frangins O'Neill déchaînés. Nouveau départ puis un deuxième rappel achevé par un second
Teenage Kicks histoire de bien imprimer la sensation du coup de pied au derrière avant de reprendre une vie normale.
Comme si le rock et l'adolescence avaient besoin l'un de l'autre pour se réveiller.