C'est probablement un des évènements musicaux de l'année auquel le public du Zénith de Paris a eu la chance d'assister hier soir. En effet, douze ans après leur dernier passage dans la capitale, Blur se sont offerts un retour classieux avec cette unique date en France. Certes, le quatuor londonien s'était déjà produit à Lyon en 2009 dans le cadre des nuits de Fourvière à l'occasion d'une éphémère reformation. Mais hier soir, les anglais venaient défendre sur scène pour la première fois sur nos terres leur nouveau disque,
The Magic Whip.

A 21h10, le noir se fait dans le Zénith. L'écran situé au fond de la scène s'illumine alors et une musique semblant sortie d'une boite à musique résonne dans la salle pleine comme un œuf. Peut-être est-celle émanant du camion du marchand de glace dont Damon Albarn nous parle dans l'épatante
Ice Cream Man (les glaces, emblème du dernier album du groupe, seront visuellement à l'honneur pendant une large partie de la performance des anglais). Blur arrivent sur scène sous un tonnerre d'applaudissements. Damon Albarn, Bomber sur le dos, lance un « Bonsoir Paris » et déverse déjà des petites bouteilles d'eau sur son audience au cours du
Go Out d'ouverture de set. Sales à souhait, les riffs de guitare de Graham Coxon envahissent la salle pendant que le leader de la formation se balade tout le long de la scène, s'approchant parfois du public pour son plus grand ravissement. Il fait chaud et l'énergie déployée par les anglais, augmentée de choristes et d'une section de cuivres, sans oublier la présence ô combien essentielle d'un second percussionniste mais aussi claviériste, fait encore grimper la température de quelques degrés.
There's No Other Way, premier gros tube du groupe paru en 1991, fait suite au morceau d'ouverture. Stupéfiant de rapidité dans cette version live, ce classique n'a pas pris une ride et le groupe démontre par la même occasion qu'il est toujours aussi incroyablement efficace sur scène !

Alternant nouveautés (
Lonesome Street) et vieilleries (
Badhead), suivi du toujours aussi sautillant
Coffee & TV, où Damon tombera enfin le blouson pour arborer un inévitable polo Fred Perry, et au final quasi unplugged et en communion avec le public, les british affichent une forme rayonnante. Entouré de vidéos ou de visuels particulièrement colorés, ils semblent visiblement ravis d'être présents dans la salle parisienne et cela se sent. Au-delà des incessants va-et-vient de son chanteur de chaque côté de la scène, voire vers la fosse, Blur gratifient le public d'un show de très haute tenue. La sublime
Out Of Time avec son intro aux incroyables variations électroniques, trouve une place de choix avant la scintillante
Thought I Was A Spaceman enchainée à la divinement hypnotisante
Trimm Trabb.
He Thought Of Cars, repêchée de
The Great Escape, sonne mieux que
My Terracotta Heart, étonnamment plate et pourtant sublime sur disque. Ce sera finalement la seule vraie déception de ce live.
There Are Too Many Of Us aurait probablement été un meilleur choix, mais cette dernière ne fera pas partie de la setlist du soir.

Bon nombre de hits (combien en ont-ils au final ?) ne seront cependant pas oubliés. L'incandescente
Beetlebum,
Tender et son message affiché sur l'écran « Love is the greatest thing », décliné dans bon nombre de langues, sans oublier un
Parklife présenté en français, mais toutefois un peu en avance, par Damon. Personne ne sera donc oublié, et surtout pas ceux venus pour
Song 2, furieux d'électricité pour l'occasion. Le groupe lève alors (enfin ?) le pied pour deux petites perles plus intimistes :
To The End et
This Is A Low, ultimes chansons du set principal durant lesquelles Damon serre bon nombre de mains avant de lancer un rapide « Au revoir » et de quitter la scène. Un bref répit et la bande se retrouve déjà sur scène pour un rappel de quatre titres.
L'étonnant
Stereotypes tout d'abord, prélude du toujours tubesque
Girls And Boys sur lequel Barbie et Ken semblent s'éclater comme des fous dans la vidéo projetée en fond de scène.
For Tomorrow au final de toute beauté qui voit la section de cuivres faire totalement sens avec la musique de Blur, avant que l'hymne
The Universal ne vienne conclure majestueusement près de deux heures de pur bonheur musical.
Blur affichent donc une santé relativement insolente et ont parfaitement su répondre présent à l'occasion de ce comeback parisien. On ose déjà espérer un retour en France du quatuor pour d'autres dates de concerts et surtout une suite à leur excellent
The Magic Whip. Tout cela reste pour le moment très incertain, alors rêvons encore un peu à ces moments magiques que le groupe a su nous délivrer une fois encore hier soir.