Actuellement en pleine tournée de leur troisième album
Wilder Mind, paru il y a un peu plus de deux mois, Mumford & Sons passaient par l'Olympia de Paris ce mardi 7 juillet pour une soirée affichant complet depuis de nombreuses semaines déjà.
Premier faux-pas dans la discographie du groupe,
Wilder Mind a beaucoup déçu. Pas qu'il soit véritablement mauvais en soi mais il ne représente pas le son des deux premiers opus. Classique, formaté, on croirait revivre dix ans plus tard la réorientation musicale des Kings Of Leon qui sont passés d'un subtil et unique southern rock à un rock de stade emphatique impersonnel...

Et c'est hélas ce troisième album qui est largement mis en avant ce mardi soir avec pas moins de onze chansons interprétées sur les douze qu'il comprend. Le show débute ainsi avec
Snake Eyes et
Wilder Mind, deux chansons pop rock qui font le job en live, prouvant ici un semblant d'intérêt par rapport à leur pendant studio : faire danser le public.
Après ce début quelque peu timide, Mumford And Sons sortent vite l'artillerie lourde – et notamment le banjo ! – avec deux compositions tirées de leur second disque,
Babel :
I Will Wait et son refrain lumineux repris en chœur par l'assistance, puis l'épique
Below My Feet et son lent crescendo sur lequel Marcus Mumford hausse le ton, faisant son petit effet dans la salle de l'Olympia.
On reste dans la folk avec la débridée
Broad-Shouldered Beasts, sur laquelle les instruments s'entremêlent merveilleusement, avant que
Lover Of The Light ne vienne ralentir le tempo le temps de quelques minutes durant lesquelles la voix de Marcus Mumford ne s'est jamais faite aussi limpide et poignante.

Première chanson de
Sigh No More à faire son apparition,
Thistle & Weeds se voit ici remaniée, davantage adaptée à la scène mais perdant quelque peu de son identité, de sa saveur. L'acoustique est ensuite de mise, tout d'abord avec le tendre
Ghosts That We Knew où le violon, la contrebasse et l'inévitable banjo se font relativement discrets, laissant davantage d'espace aux voix et au refrain qui est repris en chœur aussi bien sur scène que dans la fosse.
C'est ensuite au tour de
Timshel et
Cold Arms de se voir réarrangées. Les musiciens viennent se placer sur le devant de la scène pour interpréter sans microphones les deux compositions dans des versions les plus dépouillées qu'il soit, accompagnés seulement du banjo et d'une guitare acoustique. Un vrai beau moment, simple et inattendu, sur la scène de l'Olympia !
Alors que tout le monde se lève suite à ces deux prestations, la seconde moitié du concert est une autre paire de manches pour ceux qui ont été profondément déçu par
Wilder Mind. Heureusement – et étonnamment –, la majorité du public répond davantage présent sur les titres du dernier album que ceux des deux précédents. Ainsi, la seconde heure fait bouger l'audience comme jamais on aurait pensé cela possible il y a encore trois mois. Entre le single sirupeux
Believe, le Colplay-ien
Tompkins Square Park, le rock fadasse de
Ditmas, le religieux
Only Love et la balade interminable
Monster, chacun y trouve son compte.

Entre-temps, les captivants
The Cave et
Roll Away Your Stone ont pointé le bout de leurs accords pour une pause country folk absolument imparable, bienvenue entre deux fortes doses d'électricité. Plus loin, c'est au tour de
Dust Bowl Dance de fermer la marche avec un Marcus Mumford qui se met à la batterie, terminant le titre sur un rock musclé et un refrain scandé en chœur par les musiciens avant que le chanteur ne monte sur une enceinte sur le devant de la scène afin de conclure en
a cappella accompagné par le public.
La formation londonienne revient sur scène quelques minutes plus tard pour nous jouer
Hot Gates, à la folk certes classique mais plutôt efficace. Dernier titre de
Sigh No More à être joué ce soir-là,
Little Lion Man quant à lui ne lésine pas sur l'énergie que le groupe peut lui insuffler, déballant les instruments, de la batterie survoltée aux claviers dansants en passant par l'intenable banjo !
The Wolf vient enfin conclure une soirée qui laisse définitivement sur une impression mitigée : d'un côté la joie d'assister à une performance de Mumford And Sons et d'y entendre des chansons telles que
I Will Wait et
Dust Bowl Dance, de l'autre la déception de subir
Wilder Mind sur près d'une heure où la meilleure chose que l'on a à faire est de réfléchir à si l'on va passer prendre MacDo ou sushis en rentrant chez soi...
Même si bien trop focalisé sur
Wilder Mind, un show de cette ampleur sait tout de même laisser de bons souvenirs, le groupe ayant tout de même déployé sur près de deux heures une énergie sans pareille et des moments que lui seul peut procurer.