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Gengahr
Oscar Scheller

Paris, Point Éphémère - 23 octobre 2015

Live-report par Déborah Galopin

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Ce soir, on est venu écouter la plainte du téléphone cassé d'Oscar, qui lui ne pleure pas mais allume la salle comme il faut.

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Le grand dadet de vingt-deux ans exprime sa virilité à travers ses cordes vocales, tandis que ses textes sont empreints des aléas de l'adolescence : des filles qu'il a dans la tête, des sentiments qui se tarissent ou simplement le fait de grandir. Les têtes dodelinent en rythme tandis que les corps commencent à se mouvoir. Oscar chante avec ce nouveau single Breaking My Phone un problème générationnel sur fond d'une britpop efficace.

Dans l'obscurité du Point Éphémère, les couleurs orangées et bleues de Gengahr sont fièrement affichées sur le fond d'une typographie stylisée aux formes arrondies et pulpeuses. La scène est vide, mais la salle est comble. Ceux qui sont partis fumer ou boire après le passage d'Oscar ne sont pas assurés d'être au plus près des artistes. Une drôle de créature est placée sur un ampli. Il est si petit qu'on le remarque à peine, pourtant, notre mémoire d'enfant s'en souvient bien. Le Pokémon Ectoplasma, originalement appelé Gengar – vous avez relevé la référence ? – veille sur les quatre Londoniens pour leur premier show en tête d'affiche à Paris.

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Gengahr débutent avec le premier morceau de leur album, Dizzy Ghosts. La voix de Felix Bushe, sans davantage de préambule, s'élève, suivie dans un même élan par la batterie, la guitare et la basse. Les cordes sont saturées, contrastant avec sa voix haut perchée. S'en suit l'addictif Heroine qui offre un son plus rock et dynamique ainsi que la légèreté mélodique de Bathed In Light. Chaque titre a ses variations, apportant quelque chose. Nous avons le sentiment de flotter à la surface de l'eau, ballotés à cet instant par le remous des vagues. Gengahr aiment les arrêts brutaux à la fin de leurs morceaux et c'est probablement ce qu'il y a de plus violent dans leur musique : cette impression d'être extirpé de ce milieu aqueux.

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Les cordes vocales de Felix Bushe, qui demeurent constamment suspendues dans les aiguës, peuvent séduire autant que déplaire. Il tient les notes d'un bout à l'autre du set sans montrer de signe de fatigue. Si sur platine celle-ci s'y prête parfaitement, en concert elle peut avoir un côté lassant. Il a dans la gorge un bel instrument, on aimerait qu'il en joue davantage. Seul le titre Embers sera chanté en voix de poitrine.
John Victor est probablement le point fort de ce groupe. Le visage du jeune homme est dissimulé sous une mèche de cheveux, mais sa guitare est elle bien présente. Sa guitare rose bonbon amène un dynamisme joyeux tout en finesse sur Fill My Gums With Blood. On ressent un souci de précision, le placement de la bonne note, du bon riff, pour donner à l'ensemble toute sa profondeur. Ses cordes viennent par instant dégager une énergie plus brutale en jouant d'effets, empêchant au groupe de sombrer dans la monotonie.

Ils terminent en rappel avec deux titres, dont She's A Witch, gardant le meilleur pour la fin. Le set aura duré trois quarts d'heure, ce qui est peu mais suffisant. Nous repartons avec le sourire après cette immersion dans l'univers rock-psychédélique de Gengahr.
setlist
    OSCAR
    Non disponible

    GENGAHR
    Dizzy Ghosts
    Heroin
    Bathed In Light
    Tired Eyes
    Embers
    Dark Star
    Fill My Gums With Blood
    Fade To Black
    Trampoline
    Powder
    ---
    Lonely As A Shark
    She's A Witch
photos du concert
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