Rencontre avec Felix et Hugh, respectivement chanteur et bassiste au sein de Gehgahr, lors de leur concert parisien à l'Olympic Café à Paris pour longuement discuter sur la sortie du nouvel album Where Wildness Grows.
C'est déjà la troisième fois que vous jouez en tête d'affiche dans la capitale française. Vous venez présenter votre nouvel album Where Wildness Grows qui sort début mars. Qu'attendez vous du public parisien ce soir concernant les nouveaux titres que vous allez jouer ?
Hugh : Il est certain qu'on va jouer plus de nouveaux morceaux que la dernière fois (ndlr : Pop-Up du Label, septembre 2016). Avec un peu de chance les gens savent déjà que notre disque est prévu pour mars et qu'ils ont écouté les deux singles qui sont sortis. De ce fait on espère qu'ils sont prêts à entendre notre nouveau son. On sait que notre premier album est assez populaire ici mais il est temps qu'on coupe la poire en deux et qu'on varie un peu notre setlist.
Depuis votre annonce sur la prochaine sortie de votre deuxième opus, vous avez joué quelques concerts au Royaume-Uni, dont Londres il y a à peine trois semaines. Comment l'audience a-t-elle réagi face aux nouvelles chansons ?
Felix : De manière générale tous les concerts qu'on a pu donner récemment se sont très bien déroulés. Je veux dire les gens connaissaient déjà bien nos deux derniers singles Carrion et Mallory. L'ambiance était assez euphorique à chaque fois mais il est certain qu'on a eu un accueil des plus chaleureux à Liverpool. Nos différents publics étaient également très attentifs quant aux nouveaux morceaux. C'est assez excitant pour nous d'ailleurs, d'avoir eu un tel engouement sur nos deux singles nous a donné encore plus l'envie de présenter Where Wildness Grows. Hugh : D'une certaine manière, l'audience a montré une vraie passion pour ce qu'on avait à leur offrir depuis A Dream Outside, une audience pleinement investie dans nos nouvelles setlist. Felix : C'est d'autant plus gratifiant quand tu vois que certaines personnes connaissent déjà les paroles alors que les chansons sont sorties il y a peu. Evidemment ils connaissent tout autant notre premier opus et chantent avec nous ce qui fait d'autant plus plaisir. Ce qui nous conforte le plus, c'est que beaucoup de monde vienne nous voir en concert parce que les gens savent qui nous sommes, qu'ils nous ont déjà vus en live et qu'ils ont envie de revenir.
Comment s'est déroulé l'enregistrement de Where Wildness Grows ?
Felix : On a eu globalement un rythme assez effréné. Notre principal but était de faire en sorte qu'on soit pleinement satisfait avec notre nouveau disque, mais ça nous a mis pas mal de pression, ce n'est jamais simple de contenter chaque personne qui fait partie du groupe. On a pris toutes les opportunités qui se sont présentées à nous, chose qui ne nous était pas vraiment arrivée avec A Dream Outside pour lequel il avait fallu tout mettre en oeuvre le plus rapidement possible. Cette fois-ci, on a sagement utilisé chaque seconde, chaque minute de notre temps, pour travailler sur Where Wildness Grows. On a réellement pris le temps de bien peaufiner chaque chanson que ce soit sur l'écriture ou l'enregistrement. Au fil du travail on aime généralement que les choses bougent et que l'on continue à apprendre en même temps. On a simplement voulu que tout l'enregistrement se fasse de manière « studieuse ». Pour chaque titre on a travaillé sur différents sons, différents styles, histoire de trouver la combinaison parfaite, chose que nous n'avions pas pu faire sur notre premier album. Dans une carrière d'artiste, je considère ça comme un gros pas en avant.
Pour cet album, vous avez d'abord travaillé sur les paroles ou sur la musique ?
Felix : Une fois de plus je pense que tout fut produit de manière générale et qu'on a travaillé les deux de manière simultanée. C'est ce dont nous sommes particulièrement fiers sur ce disque. On a vraiment construit tout l'album de manière collective, repoussant nos limites et allant d'un extrême à l'autre. C'était certes la chose la plus dure qu'on ait à faire et le rythme fourni était bien plus dense que pour notre premier disque. Autant sur A Dream Outside les chansons étaient clairement assez identiques, autant cette fois on a fait en sorte que tout l'album sonne différemment d'une piste à l'autre. Ce n'est jamais simple non plus de créer des sons différents sur chaque morceau et que le disque offre une vraie harmonie dans sa globalité. C'était sincèrement la chose la plus épineuse que nous ayons fait mais on est plus que ravi du résultat.
Si vos singles Mallory ou Before Sunrise sont assez proches de ce que vous avez fait auparavant, Carrion sonne plus brut, plus rock tout comme d'autres titres. Qu'est-ce qui vous a amenés à opter pour ces changements de sons ?
Felix : Tu sais, on a écrit tellement de chansons pour ce deuxième disque que quand tu viens à choisir le tracklisting tu te dis « Non ça ne va pas, tel et tel titres se ressemblent trop » et d'autres titres tu te dis carrément qu'ils sont bons à jeter parce que rien ne va. On a réellement passé la première moitié de l'année 2017 à écrire sans se demander si ça pourrait sonner rock ou pop. Ce n'était absolument pas notre préoccupation première. On partait du principe que si la chanson pouvait avoir un bon rendu, hé bien on faisait en sorte de bien bosser dessus pour lui donner le meilleur arrangement possible. Il y a clairement des chansons qui au final ne pouvaient faire partie de l'album parce que le son différait trop et ne collait pas forcément à l'ensemble recherché. Mais maintenant on a trouvé une approche globale pour savoir comment rendre le tout cohérent et on se sent bien plus confiants à ce sujet.
Concernant ta voix, Felix, on note un net changement. On aurait même tendance à être surpris en écoutant l'album car tu chantes beaucoup plus dans les graves que sur votre disque précédent. Est-ce un choix personnel ou bien est-il plus facile pour toi de chanter dans cette tonalité ?
Felix : (rires) Pour ne rien cacher c'est bien plus simple ! Tu te doutes que chanter pendant des heures dans de tels aigus ce n'est pas de tout repos et ma voix n'est pas forcément préparée à tout ça. Même si mon timbre aérien collait parfaitement sur A Dream Outside, je n'ai pas voulu réitérer l'expérience sur notre nouvel album. Et d'un point de vue personnel, c'est bien plus intéressant de partir vocalement sur autre chose que de continuer toujours sur le même chemin. Comme on est partis sur un son différent, on a voulu la même chose au niveau de ma voix. C'était un peu compliqué de trouver la tonalité parfaite qui pourrait correspondre aux chansons mais le résultat est plutôt satisfaisant. Tu retrouves quand même quelques passages où je monte dans les aigus mais on a voulu laisser le maximum de place à quelque chose qui est effectivement à l'opposé de ce j'offrais avant.
Le deuxième album est toujours considéré comme la période charnière dans la carrière d'un groupe, qu'il est difficile de passer le cap. Dans votre cas, êtes-vous pleinement satisfaits de ce que vous avez produit avec Where Wildness Grows ?
Felix : Il y a encore beaucoup à faire. Hugh : En effet on a beaucoup d'autres morceaux à faire découvrir... Felix : Oui, notre nouveau disque est plus long que son prédécesseur, on avait tellement de titres composés pour l'album qu'il a fallu faire un choix cornélien pour composer le tracklisting. Il nous a fallu également choisir quelles chansons pourraient parfaitement correspondre aux prochains singles, celles qui seraient à même de parfaitement représenter l'album. Ce fut la partie la plus éprouvante, on a beaucoup discuté à ce sujet avec notre label (ndlr : Transgressive Records). Le but principal était de faire notre mieux pour que l'album puisse avoir un maximum d'exposition. On a longuement travaillé dessus et on veut être certains que les gens en entendent parler et l'écoutent. Mais bon, si ça ne marche pas, je suppose que nous n'auront plus qu'à retourner en studio et produire un autre disque.
Venons en au titre de l'album, pourquoi avoir choisi Where Wildness Grows ?
Felix : Hé bien on avait envie que le disque soit ressenti de manière plus « humaine », plus « brute », simplement en rapport à la réalité. J'aurais tendance à dire que tout ce qui découle de cet album est réel. On considère que ce disque sonne plus terre à terre, beaucoup plus dans la vérité que le côté poétique présent sur A Dream Outside. On a aussi voulu en faire quelque chose de très personnel, qu'il fasse bien plus partie de nous que le précédent.
Concernant l'artwork, je présume que c'est une de tes peintures Hugh ? Je trouve qu'elle colle parfaitement au titre...
Hugh : Effectivement elle est bien de moi, une fois de plus on a vraiment voulu aller au bout des choses et tout assembler pour en faire un album dont nous soyons pleinement fiers. On a bien travaillé sur le concept du titre et on a pensé que cette peinture est ce qui le représente le mieux.
Before Sunrise ouvre l'album, ce qui a mon sens est le meilleur choix possible. Avez-vous pleinement travaillé sur l'ordre du tracklisting ?
Felix : Pour tout t'avouer on a pas mal débattu sur ce sujet. On avait pas mal d'idées et à la base c'est Carrion qui devait servir d'ouverture et Whole Again qui devait signer la fin. On a longuement discuté pour savoir quelles chansons pourraient figurer sur le tracklisting et donc savoir dans quel ordre les mettre. Hugh : Sachant qu'en plus, nous avons vraiment des sons qui différent sur ce disque et qu'il était donc judicieux de décider du bon ordre des titres pour créer un effet de continuité et non pas une cassure. Et on est plutôt satisfaits, non ? Felix : Oui, après tout ce brainstorming autour du tracklisting, on peut dire qu'on a trouvé vraiment ce qu'on voulait et qu'on donne l'envie aux gens d'écouter notre disque du début à la fin. C'est même au final assez drôle de voir toute l'énergie que tu investis dedans et ce juste pour donner un sens à ton album.
Pour ce qui est de la précommande de votre album, vous avez offert un sachet de graines à planter soi-même, ce qui est une idée assez originale. Pourquoi et qui en est l'auteur ?
Felix : Je considère simplement que c'est une façon assez sympa de partager les idées de l'album (et bien évidemment le titre). On offre a nos fans quelque chose qui marque comme un engagement et l'idée de partager. Et ça nous permettra aussi de savoir comment leurs plantes poussent et de garder un lien avec eux. Et à l'heure actuelle le monde montre plutôt une face sombre, et quel beau moyen que de changer un peu le tout par des fleurs ? Les fleurs, c'est un moyen simple d'embellir les choses, à elles seules elles peuvent véhiculer tant de messages... De plus ça ne te coûte presque rien !