A la première écoute,
Given To The Wild nous renvoie vers l'univers de
Sigur Rós pour son évocation des grands espaces et sa production planante. Il y est difficile de retrouver le groupe pop anglais qui produisait des ballades arty avec un usage immodéré de guitares tendues. Puis, la couche pop perce à travers le cocon onirique qui enrobe chacun de ces titres très biens produits. C’est l’album profond qu’auraient dû sortir
Coldplay, avec une voix très en avant pour porter les mélodies, ou l’album pop qu’auraient dû créer
Radiohead, cérébral et entrainant à la fois.
Au fil des écoutes, on finit par apprécier ce disque dont la première approche est faussement facile, et dont l’intérêt se révèle à la longue jusqu’à devenir une addiction. La progression entre les trois albums de ce quintet londonien est impressionnante. De leur premier, ébauche et compilation de pépites, à leur deuxième où ils affirmaient leur songwritting et leur maitrise de la production, Ã
Given to The Wild enfin, où le groupe a trouvé un son. Ils l’ont façonné à force de travail et avec l’aide de
Tim Goldsworthy plus habitué au trip-hop (co-fondateur du label
Mo Wax avec
James Lavelle, il a travaillé avec
UNKLE et sur
Heligoland de
Massive Attack) et
Bruno Ellingham qui a collaboré entre autre avec les
Doves ou
New Order.
The Maccabees ont toujours étudié tous les aspects de leur univers : production, visuels ou vidéo clips. Le
tumblr elliptique qu’ils entretiennent ou les vidéos sorties avant l’album le démontrent encore, mais la forme ne serait rien sans le fond. L’écriture des chansons a été poussée jusqu’à la perfection, pendant plus d’un an à explorer et répéter, les premiers titres ayant été joués en concert pendant l’été 2010. Musicalement l’évolution est frappante et pourra dérouter les fans, même si
Bag Of Bones qui clôturait leur
Wall of Arms de manière plus atmosphérique présageait finalement le virage du groupe.
On retrouve toujours des arpèges de guitares sautillants, auxquels s’ajoutent du piano, des nappes de synthés et mêmes des cuivres pour porter les mélodies. La voix est devenue plus expressive, pouvant jouer sur des registres plus larges et gagnant beaucoup en charisme. Des titres comme
Feel To Follow ou
Pelican reflètent comment le groupe réussit des titres tout en progression, avec une scénarisation cinématographique à transporter l’auditeur dans son histoire et dans les trois minutes trente du format pop.
On ne peut que souhaiter aux Maccabees que ce troisième album les porte vers les sommets de la gloire.