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Lock
Reverend And The Makers
The Libertines

Paris, Olympia - 7 mars 2016

Live-report par Johan

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« Egalité. Fraternité. And hum... Hey guys, guys. And liberté. »

Après un Rock en Seine en demi-teinte et avant de rejoindre John Cale à la Philharmonie de Paris début avril, Peter Doherty, Carl Barât et leurs deux acolytes posaient leurs valises à L'Olympia pour deux dates sold out depuis déjà un bon moment.

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Après une première partie tenue par Amyjo Doh and The Spangles, c'est au tour de Lock de s'emparer de la scène. Alors que L'Olympia se remplit peu à peu, les trois londoniennes surprennent, se différenciant des autres groupes présents ce soir-là en délivrant des compositions à l'electro pop dark, puissante et dense.
Holly, la batteuse accompagnant Lock sur scène, fait parler les fûts, lourds et rentre-dedans, tandis que la chanteuse-guitariste Edie et la chanteuse-claviériste Gita, sa sœur, parviennent à intéresser la foule qui, en l'espace d'une demi-heure, se prend progressivement au jeu et se met à bouger dans la fosse. Un duo à suivre de près dans les prochains mois, un premier album étant en préparation.

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Reverend And The Makers font ensuite leur entrée sur scène, portés par un Jon McClure au charisme imposant, n'hésitant pas à interagir avec le public, aussi bien entre les chansons que durant, le faisant frapper des mains et l'incitant sans cesse à chanter et danser. Le groupe interprète ses titres les plus directs et connus, à l'image de Black Widow et Mr Glasshalfempty, tirés de leur dernier album Mirrors paru en octobre dernier.
Mais c'est surtout sur leur hit des débuts Heavyweight Champion Of The World que la formation de Sheffield fait des ravages, tant attendu des fans des premiers rangs qui prennent ouvertement leur pied sur le rock déjanté du morceau.

Pas loin de trois quart d'heure plus tard, en retard – sinon ce ne serait pas The Libertines –, on a droit à un lever de rideau sur fond de Diamond Dogs. En pleine tournée pour Anthems For Doomed Youth, le quatuor entre sur scène avec de grands drapeaux français et anglais, Carl Barât vêtu de sa fameuse veste en cuir et Peter Doherty affublé d'un large haut-de-forme noir. Ils débutent bien évidemment sur une chanson tirée de leur dernier album, à savoir l'immédiate Barbarians, elle-même plage introductive du troisième disque. S'ensuit rapidement l'obsédant The Delaney, en mode accéléré et dévastateur, avant que n'arrive Heart Of The Matter.
Et disons-le de go : oui, Anthems For Doomed Youth n'est clairement pas à la hauteur des deux premiers opus, absolument mythiques pour qui les a découverts à l'époque, mais il comprend cependant quelques pépites qui clairement n'ont rien à envier aux morceaux les plus légendaires des débuts. On en vient ainsi même à oublier durant les premières secondes de Heart Of The Matter qu'il ne fait pas partie de ceux des deux premiers albums tant il semble déjà culte, aussi bien en version studio qu'en live, incandescent et bordélique.

S'ensuit Horrorshow, à la rythmique endiablée, premier morceau issu de Up The Bracket, où le refrain fait s'élever la foule tandis que la batterie de Gary Powell se fait dès lors invincible. Au tour de The Libertines, second disque du quatuor, de s'immiscer dans la partie avec Fame And Fortune, titre rock'n'roll simple mais tellement efficace qui fait danser tout l'Olympia.
Gary Powell, torse nu comme à son habitude et les baguettes en l'air, les guitares de Barât et Doherty laissant planer le suspense en livrant des mélodies éparses et improvisées, avant de jouer les premières notes de Boys In The Band qui font hurler la foule avant que cette dernière n'entonne les paroles, dont le refrain à deux voix des deux comparses, que les instruments ne s'affolent et que Barât ne scande le fabuleux refrain, immuable et intergénérationnel.

Vient ensuite un moment plus posé avec l'enchaînement du sympathique The Milkman's Horse, de What Katie Did et de Anthem For Doomed Youth. La première, assez faible et convenue, fidèle à sa version studio, ne fait que nous mettre en jambes pour la sublime What Katie Did sur laquelle l'audience se déhanche totalement et accompagne au chant Barât.
L'entraînante chanson-titre du dernier opus, même si moins envoûtante que son prédécesseur, fait tout de même le job, s'accordant une pause où Doherty s'amuse avec sa guitare, avant de laisser place de nouveau à Barât et sa voix de crooner éraillée.

Puis, l'introduction de cinq secondes de The Man Who Would Be King résonne, et c'est alors l'euphorie. Les guitares s'énervent rapidement, Doherty reprend la main, déballant le couplet, posé et envoûtant, avant d'enchaîner sur le refrain explosif et imparable sur lequel il est impossible de ne pas danser comme un possédé.
Barât s'empare du micro avant que le court solo fasse se déchaîner le public, terminant finalement sur une outro en bonne et due forme portée par un Carl Barât accompagné de quelques accords et d'une rythmique discrète dans un Olympia silencieux.

Barât s'empare ensuite du piano pour nous interpréter You're My Waterloo, chanté par un Doherty sobre et extatique. Mais c'est encore une fois lorsque Barât reprend la guitare que le morceau a le plus d'impact sur ses trente dernières secondes. Ils poursuivent avec Gunga Din qui, à peine les premiers accords entamés, fait clairement son petit effet. Comme pour Heart of the Matter, on revoit sur Gunga Din vaciller la flamme d'antan – tout du moins sur le riff de guitare et le couplet ; on restera plus sceptique sur le refrain à l'emphase d'un Kasabian des dernières années.
Anthems for Doomed Youth est au final un disque trop porté sur les riffs de guitare, à l'image de ce Gunga Din, contrairement à Up the Bracket et The Libertines qui, eux, tirent parti de tous les instruments, et plus particulièrement du jeu de batterie endiablé de Powell sur lequel on a envie de pogoter spontanément. Cela s'en ressent d'autant plus en live, la plupart des nouveaux morceaux n'ayant pas la carrure entre des The Man Who Would Be King et Can't Stand Me Now.

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Place rapidement aux choses sérieuses avec le dernier tiers du show qui met en avant les noughties, débutant donc sur You Can't Stand Me Now, repris en chœurs par le public et se terminant sur un Peter Doherty à l'harmonica et Barât l'accompagnant merveilleusement au chant.
Le duo laisse ensuite encore une fois planer le suspense une poignée de minutes, se faisant complices comme à la belle époque, les regards se croisant bien souvent. La fin du concert enchaîne dès lors rien de moins que quatre brûlots tirés de Up the Bracket, à commencer par le dévastateur Vertigo qui dévoile un ballet entre le jeu de batterie de Powell et les guitares incendiaires, les deux voix s'accompagnant et se répondant, se tournant autour, tous deux sur un même micro.

S'ensuit Death on the Stairs, d'abord proprette, portée par Carl Barât au chant, suivi aussitôt par Peter Doherty, qui se fait dès lors plus rock et cradingue, jusqu'à ce solo électrisant où les deux voix se rejoignent, où les regards se fixent, où les larmes de joie se mêlent à la sueur et à la bière.SOV

Time for Heroes et The Good Old Days sont bien évidemment les deux chansons de fin. Doherty s'amuse toujours autant au chant pour le plus grand plaisir des fans. La batterie se fait toujours aussi intangible tandis que les guitares font des écarts, se cherchent toutes deux. On retrouve en live, sur cette heure trente, la spontanéité des accords de guitare décalés, bancals, bref rock'n'roll, soutenue par la batterie, elle, carrée et invulnérable.

Instant mémorable : alors que Barât et Doherty font semblant de se chamailler, la batterie puis les lignes de basse mythiques de The Good Old Days débarquent. Seule véritable réinterprétation d'une ancienne composition, The Good Old Days offre un refrain des plus dynamiques, plus jouissif encore que sur album, de par le rythme, les paroles, la nostalgie.
Les voix et les instruments dérivent, s'enflamment – le rythme n'a jamais été aussi intense, même pour les Libertines – jusqu'à ce moment final où les deux comparses interprètent a cappella le somptueux refrain. Un grand moment de live où l'on voit les deux acolytes se prendre dans les bras avant de quitter la scène.

Gary Armstrong Powell, à présent seul, se place alors sur le devant de la scène, beau et généreux, balançant ses baguettes dans le public, d'une énergie à la fois contagieuse et poignante, que l'on sent aussi heureux d'être là que le public. Encore une fois, le groupe fait longuement laisser planer le doute même si l'on sait très bien qu'il va revenir – notamment s'il l'on a déjà assisté à un concert de The Libertines (ou à un concert tout court !).
Le 7 mars étant visiblement l'anniversaire d'un certain Manuel, Doherty fait pleuvoir le champagne sur les premiers rangs avant de faire passer la bouteille afin qu'elle arrive jusqu'au fameux Manuel (il y a des chances qu'elle n'y soit pas arrivée) et de chantonner Happy Birthday avec Barât. Les accords de l'apaisante Music When The Lights Go Out retentissent ensuite, sur laquelle il sera presque difficile aux premiers abords d'entendre Doherty chanter tant les paroles sont reprises par l'entièreté de la salle. Fidèle à l'originale, aussi bien dans la première moitié acoustique que dans sa seconde plus électrique, celle-ci dérive ensuite dans une impro instrumentale comme les deux compères nous ont habitué en déjà une heure trente de show rock'n'roll.

L'explosive Up The Bracket prend aussitôt d'assaut l'Olympia, les deux frontmen s'emparant d'une salle complètement conquise où la batterie porte le tout, faisant pogoter sans état d'âme durant trois minutes tout bonnement affolantes, Doherty jouant de sa voix sur le refrain, le court solo de fin faisant des ravages dans une fosse qui n'a de cesse de quémander les plus fameux morceaux du groupe.
La soirée se termine donc – forcément – sur leurs deux compositions live phares, à commencer par What A Waster, électrique et invincible, Doherty et son « what a FUCKING waster » n'ayant jamais été aussi jouissif, lançant des cris et des « oh yeah » de-ci de-là, lui et Barât tous deux sur un même micro, jamais aussi proches sur cette trop courte soirée.

La conclusion en revient au culte Don't Look Back Into The Sun. Le batteur donne le ton, les esprits s'enflamment, les guitares jouent plusieurs notes, donnant des indices à droite à gauche sur ce qui va suivre. Doherty entame alors les hostilités sur un « don't look back into the sun » repris sans plus tarder par l'assemblée. La batterie indestructible de Powell s'envenime tandis que les deux frontmen s'emportent, prennent du plaisir avec le chant et les guitares, le titre se terminant sur un capharnaüm électrique maîtrisé.
Barât balance sa guitare avant de poursuivre, accompagné à la guitare acoustique par Doherty, avant de partager une complicité sans pareille. Visiblement pas décidés à partir de la scène, les quatre énergumènes vont du coup jouer une dernière composition, non prévue dans la setlist, I Get Along – qui ne sera même d'ailleurs pas jouée lors de la représentation du 9 mars.

Les techniciens n'ont clairement pas prévu le coup puisque le premier couplet de Barât aura été passé sous silence – le micro ayant été coupé – et que Doherty a lancé son pied de micro accompagné du micro dans la fosse sur la fin de Don't Look Back Into The Sun ! Mais ce n'est que pour mieux apprécier la suite, où les quatre musiciens sont en osmose comme jamais, clamant le refrain simple mais tellement fédérateur, repris par une audience, le sourire aux lèvres, ravie comme jamais.
Toujours décidé à rester avec ses fans, Doherty entame alors La Marseillaise, reprise à l'unisson dans tout L'Olympia, avec Powell en chef d'orchestre derrière ses fûts et l'incorruptible duo faisant virevolter les deux drapeaux. Même si l'on peut regretter que The Libertines n'aient pas interprété les meilleures compositions de Anthems For Doomed Youth – outre Heart of the Matter et Gunga Din – (Fury of Chonburi, Iceman, Glasgow Coma Scale Blues), cette tournée 2016 reste absolument immanquable pour tout fan du groupe phare des années 2000.
setlist
    LOCK
    Non disponible

    REVEREND AND THE MAKERS
    Non disponible

    THE LIBERTINES
    Barbarians
    The Delaney
    Heart Of The Matter
    Horrorshow
    Fame And Fortune
    Boys In The Band
    The Milkman's Horse
    What Katie Did
    Anthem For Doomed Youth
    The Man Who Would Be King
    You're My Waterloo
    Gunga Din
    Can't Stand Me Now
    Vertigo
    Death On The Stairs
    Time For Heroes
    The Good Old Days
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    Music When The Lights Go Out
    Up The Bracket
    What A Waster
    Don't Look Back Into The Sun
    I Get Along
photos du concert
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