BirdPen

Abonnés à la salle du Batofar qui fut, jadis, un des derniers bateaux feu, stationné le long des cotes irlandaises entre 1955 et 1975, le groupe de Dave Pen et Mike Bird faisait une fois de plus escale sur la Seine parisienne, le 20 avril dernier.
Les Anglais ont pris de la bouteille, de l'épaisseur et, pour Dave, une pilosité faciale qu'on ne lui avait encore jamais vue. BirdPen finissent une mini tournée en France qui les a vus jouer à Arles, Rodez ou Rennes.

Après plus d'une année sans enregistrer, BirdPen travaillent actuellement au mixage final de leur nouvel album dont la sortie, non annoncée encore, est prévue pour la rentrée 2016... Leur quatrième en treize ans de carrière. C'est donc riches de nouveaux titres, encore inédits, que les deux compagnons du groupe Archive nous livrent une setlist de treize titres sur l'étroite scène du Batofar.
Une fois passée la passerelle ferraillante qui sépare le bateau rouge du quai François Mauriac, il faut encore descendre l'escalier de fer menant à fond de soute ; un escalier tanguant inexorablement du coté tribord et dont on imagine mal comment les fêtards du samedi soir peuvent l'escalader sans finir cul par-dessus tête !


Si, à l'extérieur la météo de cette fin avril impose un temps quasi automnal, la chaleur qui règne dans la cale de concert provoque rapidement l'effeuillage de celles et ceux qui sont sortis un peu trop couverts. Cette moiteur va encore s'accentuer au fil des titres égrenés par BirdPen qui, comme à chacun des concerts depuis quelques temps, ouvrent le bal par l'interprétation du premier titre issu de leur troisième album, Like A Mountain. De quoi chauffer la voix puissante mais vulnérable de Dave Pen et les doigts agiles d'un Mike Bird qui parcourt avec grâce les manches de ses différentes guitares.
Accompagnés de leur deux musiciens, Rob Lee à la batterie et Yas Clarke à la basse – que nous retrouverons sur certains titres du prochain album – Dave Pen et Mike Bird semblent jouir du moment autant, si ce n'est plus, qu'en compagnie de leurs amis d'Archive. Il arrive qu'après des années de collaboration et de live, un groupe, aussi talentueux soit-il, ne déclenche plus les mêmes plaisirs qu'un nouveau projet pour lequel on retrouve de cette adrénaline qui renaît, de se remettre en danger.

Dès le second titre, Into The Blacklight, également tiré de l'album, In The Company Of Imaginary Friends, on mesure l'apport des collaborations, passées ou présentes, de tous les musiciens présents sur scène. Si le tempo lancinant du titre, agrémenté d'une basse bourdonnante et de guitares répétitives ramènent inévitablement aux compositions d'Archive, la construction, elle, n'a rien de progressive. Elle se situerait plutôt du coté du shoegazing de Primal Scream ou Spacemen 3. Même sur des titres plus dégagés, comme Alive, on ressent l'identité de BirdPen, difficilement qualifiable à leurs débuts, s'affirmer d'année en année. Plus terre-à-terre que The Magnetic North, BirdPen n'en dépeignent pas moins une atmosphère nordique mystique, mais d'une tension électrique bien plus survoltée.


Après un interlude apaisé composé de Cold Blood et Inside Nowhere, le rock torturé reprend ses couleurs sur The Chairman dont la boucle de basse hypnotique en support imparable laisse libre court aux deux frontmen.
C'est un des plus anciens titres du groupe qui fermera la marche du set : le très dépouillé Off qui, faisant la part belle à l'électronique, accompagne de son rythme binaire, un story telling plus posé que chanté par Dave Pen. Le rappel donnera l'occasion au public d'apprécier deux nouveaux titres issus d'un nouvel album dont l'annonce de sortie ne saurait tarder : I Travel Alone et Trust.

Only The Names Change clôt la soirée sur son déchaînement de riffs de guitares et une construction de deuxième partie qui, quoi qu'on en dise, renvoie inexorablement du coté du titre Numb d'Archive... « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait un des plus brillants philosophes de notre histoire.