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Cate Le Bon
Laura J Martin

Paris, Point Éphémère - 25 octobre 2016

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

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Excellente affiche ce mardi soir au Point Éphémère à Paris avec deux des filles les plus talentueuses de leur génération au programme.

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Laura J Martin vient de Liverpool, et si on ne la connaît pas encore assez en France, c'est parce que ces deux premiers albums n'y avaient pas été distribués. Une erreur réparée puisque On The Never Never, son dernier disque est disponible dans les bacs français.
La jeune femme de Liverpool débute d'ailleurs son concert avec un titre extrait de ce dernier : Everything, une délicieuse ballade folk. On est d'emblée charmé par la musique que produit Laura J Martin, par sa présence scénique délicate et par son joli timbre de voix qui rappelle parfois celui de Kate Bush. Laura J Martin a un univers bien à elle. Sa musique est proche du folk mais elle y intègre tellement d'autres éléments qu'elle crée quelque chose de profondément personnel.
Spy, tiré de The Hangman Tree, est une jolie comptine, Do It intégre des éléments reggae et donne au morceau une tonalité un peu chaloupée qui lui sied à merveille. Durant tout le concert, Laura J Martin passe avec une grande facilité des claviers à la flûte, son instrument de prédilection et celui par lequel elle a commencé la musique. Ses parties de flûte sonnent tour à tour folk classique ou plus expérimentaux. Le public est conquis par la délicieuse musique de l'anglaise et elle se le met définitivement dans la poche en lisant un texte écrit de sa main en français pour se présenter.
My Landing Place, autre extrait du nouvel album, est une superbe ballade mélancolique et étreint tous les cœurs. Dream Of Sin, extrait du deuxième album de l'anglaise, Dazzle Days, conclue magnifiquement le set en mélangeant des éléments folk à d'autres provenant de la world-music et sur lequel la flûte et le chant de Laura J Martin font merveille. Un set d'une excellente facture, plein de charme et de grâce qui permet d'entamer de la meilleure des façons possible la soirée.

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C'est la troisième fois que j'assiste à un concert de Cate Le Bon cette année et si on me demande d'en couvrir un quatrième demain, j'irais les yeux fermés. La Galloise délivre un concert merveilleux de bout en bout, encore supérieur à ses dernières performances qui étaient pourtant d'un très haut niveau. A côtoyer ainsi les sommets, on se demande jusqu'à quelle hauteur ira la galloise. Elle débute le concert par le superbe Crab Day, enchaine avec Sisters dont le son post-punk enchante et sur lequel elle délivre de superbes parties de guitares à la Tom Verlaine-Richard Lloyd ce qui sera le cas durant tout le concert. Ce son de guitare à la Television bref, sec et inventif à la fois, Cate Le Bon est la seule à l'avoir intégré de manière aussi intelligente et fait d'elle la plus digne héritière du groupe new-yorkais.
No God, encore un extrait de Mug Museum, est jouée comme une folk-song mais avec un son plus moderne et tranchant. La version de Dirty Attic est superbe, là encore pleine de guitares post-punk enragées. Outre le fait que tous les titres sonnent superbement bien ce soir et que Cate le Bon délivre des parties de guitares comme on n'en a plus entendu en concert depuis des lustres, il faut noter la présence magnétique de la chanteuse-guitariste sur scène. Tout de blanc vêtue, elle dégage un charisme absolu. On a souvent comparé Cate Le Bon à Nico mais, plus que musicalement, c'est dans l'attitude qu'elle fait penser à la chanteuse allemande. La même aura naturelle, sans rien à voir à faire. Car si elle dégage un tel charisme en concert c'est sans avoir à se forcer car son jeu de scène est minimaliste. Son jeu de guitare, sa façon de bouger les cheveux durant ses solos et sa voix suffisent à scotcher le spectateur.
La chanteuse se montre aussi à l'aise sur les ballades (Love Is Not Love, Wrong Day ou How Do You Know) que sur les morceaux rock échevelés. Are You With Me Now est une merveille de folk 70's qui sonne comme Crosby, Stills & Nash à leur meilleur. I Can't Help You est un délice folk marié à une pointe velvetienne. Le concert se termine en apothéose sur What's Not Mine, peut-être le sommet du dernier album, qui s'étire sur de longues minutes avec des guitares qui rappellent le Velvet Underground. Cate le Bon achève le morceau par des notes de guitare répétitives et hypnotiques. Un moment musical tout simplement sublime.

Elle revient pour un unique rappel, mais quel rappel ! Time de Richard Hell And The Voidods qui boucle la boucle sur ses influences new-yorkaises 75-77 et sur lequel plane l'âme défunte du CBGB. Un concert en tout point exceptionnel qui démontre une fois encore que Cate Le Bon est sans aucun conteste l'une des musiciennes les plus talentueuses de sa génération et dont l'empreinte musicale marquera les décennies à venir.
setlist
    LAURA J MARTIN
    Everything You Know
    Spy
    Do It
    My Landing Place
    Green Grey Grim
    Dream Of Sin

    CATE LE BON
    Crab Day
    Sisters
    Wonderful
    No God
    Love Is Not Love
    Dirty Attic
    I Was Born On The Wrong Day
    How Do You Know
    Are You With Me
    I Can't Help You Rock Pool
    8 AM
    We Might Revolve
    What’s Not Mine
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    Time (Richard Hell And The Voidods cover)
photos du concert
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