Finn Andrews

Finn Andrews, plus connu comme leader charismatique du groupe The Veils, a sorti en ce début d'année son premier album solo One Piece At A Time. C'est le cadre intimiste des Trois Baudets qu'il a choisi pour venir présenter cet opus à Paris. Située au sous-sol dans un immeuble historique à Pigalle, la mythique salle de concert des Trois Baudets avec ses fauteuils rouges - qui ne sont pas sans rappeler une petite salle de cinéma - est le cadre idéal pour savourer un concert calme et intimiste tout en ayant l'impression d'être coupé du monde entier pendant la durée du show. Une petite centaine de personnes sont venues assister à ce concert – et au vu de la qualité de ce qui nous est présenté, on regrette presque qu'un plus grand public n'ait pas profité du spectacle.

Loin du triptyque classique du rock composé de guitare, basse et batterie, Finn Andrews nous attend sur scène avec une configuration très différente : assis au piano, Andrews est accompagné d'un trio de cordes (violon, violoncelle et contrebasse), d'une batterie et de la chanteuse néo-zélandaise Reb Fountain en tant que choriste.
Finn Andrews ouvre son concert avec trois titres de son nouvel album solo qui lui tiennent visiblement à cœur : Love, What Can I Do?, qui est interprété de manière très émotionnelle, suivi de The Spirit In The Flame, qui laisse une place prépondérante aux instruments à cordes et qui invite à fermer les yeux et rêver. Le troisième titre de la setlist du soir, Stairs To The Roof, conserve cette ambiance rêveuse, mais prépare également la suite du concert qui s'annonce légèrement plus pêchue. Car ensuite, le chanteur se lève du piano et prend sa guitare acoustique pour interpréter Swimming With Crocodiles et Birds. Ce dernier est un titre issu de l'album Time Stays, We Go des Veils, plus dynamique et rythmé que les compositions solo qu'Andrews nous présente ce soir-là. Birds est particulièrement bien accueilli par le public visiblement familier avec la discographie du groupe qui a fait la renommée de Finn Andrews. Grand, mince, vêtu d'un costume ajusté et d'un chapeau, ce dernier dégage une certaine élégance que ce soit assis à son piano ou debout avec sa guitare – deux instruments entre lesquels il alterne habilement.

Pour l'interprétation live de ses chansons, Finn Andrews démontre une prédilection pour une recette simple, mais efficace : à plusieurs reprises, il entame ses chansons seul au piano avant d'être rejoint d'abord par les cordes puis en dernier par la percussion. Il crée ainsi du suspens et l'on ressent réellement la montée en puissance des morceaux pourtant de nature calme. Ainsi, les interprétations du sextette sur scène ont cette capacité assez singulière de véhiculer douceur et énergie à la fois. C'est notamment le cas de Rise & Fall qu'Andrews performe baigné dans une lumière rouge intense et qui se démarque par un magnifique solo de violon.

Parmi les reprises des Veils, on retient notamment Axolotl avec son rythme martelé sur les touches du piano. Les paroles sont criées plutôt que chantées. Avec son caractère plus agressif, ce titre contraste radicalement avec les autres morceaux et constitue un changement d'ambiance bienvenue. Axolotl récolte de forts applaudissements et on ne saurait dire si c'est en raison de l'énergie brute dégagée ou grâce à la popularité de la chanson des Veils - probablement c'est un peu des deux...
Avant d'entamer le dernier titre du set régulier, Andrews invite le public à saluer ses musiciens de scène, un geste qu'on tient à répéter ici. Car tous les musiciens présents ce soir-là sont véritablement remarquables : Joe McCallum (batterie), Mike Hall (contrebasse et basse électrique), Dave Khan (violon), Emily Giles (violoncelle) et Reb Fountain (chant).

Andrews conclut son set avec One By The Venom, l'un des titres les plus forts de son nouvel album qui énumère de manière rythmique une panoplie de causes de décès – un vrai moment captivant. Après Under The Folding Branches et The Tide That Left And Never Came Back en guise de rappel, le public a l'impression de se réveiller d'un rêve dans ces fauteuils rouges au sous-sol des Trois Baudets – un rêve qu'on aurait bien fait durer quelques instants de plus.