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Black Country, New Road
Drug Store Romeos

Paris, Trabendo - 25 octobre 2021

Live-report par Laetitia Mavrel

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Une affiche des plus 2021 en cette fin octobre avec deux groupes anglais ayant marqué notre année avec deux premiers albums dans des styles à l'opposé l'un de l'autre. Nous retrouvons au Trabendo Drug Store Romeos, trio tout en douceur de Fleet, Hampshire et le septuor (en voilà un que nous utilisons peu) londonien explosif Black Country, New Road. L'engouement pour ces derniers dans les différents médias européens s'est vérifié suite à la prestation de ce lundi soir, jour toujours perturbant lorsque l'on y entame sa semaine avec des concerts. Mais ici, les vacances scolaires et l'effet disette de cette dernière année et demie auront eu raison de notre quota de sommeil.

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Le choix de la première partie avec Drug Store Romeos est étonnant. Mais les contrastes ayant pour effet de mettre en exergue les particularités, l'immersion dans la pop atmosphérique toute en volupté du groupe se fait petit à petit, le temps de trente minutes de set révélant la voix extrêmement délicate de la chanteuse Sarah Downie.
Au son d'un clavier aux lignes épurées, le cadre musical se place dans une atmosphère très vaporeuse. La batterie a une cadence plutôt lente mais son jeu reste ferme, la basse est entêtante laissant ainsi peu de place à la guitare, la claviériste et chanteuse passant discrètement de l'un à l'autre des instruments au sein même des morceaux.

Au son de titres assez simples dans leurs structurations, c'est dans une ambiance pop dreamy que nous nous laissons entrainer, et ce malgré un light show parfois trop agressif. La voix de Sarah Downie, bien qu'élément structurant de l'album The World Within Our Bedroom, nécessiterait un peu plus d'assurance lors des concerts, étant difficile de bien discerner le timbre et ainsi la qualité du chant. Terminant sur une touche de flûte traversière, instrument toujours agréable à entendre en live et dans un contexte autre que classique, cette petite mise en bouche aura eu comme effet d'attiser encore plus l'appétit des spectateurs qui occupent à ce moment entièrement la salle.

C'est donc un des groupes les plus marquants de cette drôle d'année qui débarque sur la scène magique du Trabendo, laquelle permet, malgré sa taille exiguë, des miracles de logistique. Ce sont ici sept musiciens avec autant de pieds de microphones, une batterie, deux guitares, une basse, un saxophone, un violon et un clavier qui prennent possession de la scène au son d'Instrumental, ouverture parfaite tant sur le disque qu'en live.
Nous faisons enfin connaissance avec le petit monde orchestral de cette incroyable formation aux influences éclectiques. Débarquant sur nos platines en février dernier avec For The First Time, période encore confinée où l'on ne pouvait adjuger de rien quant à la reprise des concerts, il faut avouer que nombre d'entre nous n'étaient pas dans les meilleures conditions pour juger à sa juste valeur cet album ovni de seulement quarante minutes et six titres. C'est donc toute en modestie que l'auteur de ces mots aborde ce concert et la récompense est à la hauteur de ce qui lui a été rapporté.

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Les titres s'enchainent et la setlist se voit incrémentée de pas moins de six nouveaux titres, annonciateur d'un second album prévu pour février 2022. L'esprit hors norme du groupe s'y perpétue : la joyeuse cacophonie harmonieuse des différents instruments, la section rythmique toute en décalages, les jeux de saxophone et de violon qui passent de la douceur à la stridence rendent toute l'étendue de l'imaginaire du groupe. Aucun titre ne se ressemblent, tous se laissent porter par une énergie collective mais où chacune des individualités des membres y trouve sa place pour s'exprimer.
Le chant grave, et peut-être aussi la moustache, d'Isaac Wood apportent beaucoup à la crédibilité de la musique de Black Country, New Road. Aborder à un si jeune âge une telle complexité dans son style musical n'aurait su trouver grâce à nos oreilles avec un timbre trop juvénile. De même, dans la tradition des groupes orchestraux tels les cousins canadiens d'Arcade Fire, le chant en chœur et l'équilibre des voix féminines et masculines sont un réel atout.

On retrouve donc le jazz expérimental de Track X, l'énergie folklorique aux airs manouches d'Instrumental, la puissance sombre et cathartique d'Opus et les lignes désarticulées d'Athens, France. Les nouveaux morceaux nous guident vers plus de puissance dans les guitares, peut-être le cap du prochain album à venir.
Le public passe la première partie de cette heure et dix minutes de set totalement hypnotisé par la scène pour petit à petit déclencher une vague de hochements de tête rapidement suivie par un petit embrasement dans la fosse au son des derniers morceaux. La setlist nous est délivrée sans rappel, sans manières, d'une façon si honnête que quiconque ayant assisté à ce concert sans aucune connaissance du répertoire ne peut en ressortir indiffèrent.

Avec un groupe aussi jeune, audacieux et dont la curiosité musicale ne semble pas connaitre de limites, la suite des évènements en est d'autant plus excitante. Il est donc temps pour les retardataires de se plonger dans l'univers original, excentrique et très inspiré de Black Country, New Road qui risquent d'investir rapidement des salles bien plus conséquentes.
setlist
    DRUG STORE ROMEOS
    Non disponible

    BLACK COUNTRY, NEW ROAD
    Instrumental
    Athen's, France
    Concorde
    Science Fair
    Chaos Space Marine
    Good Will Hunting
    Track X
    Bread Song
    The Place Where He Inserted The Blade
    Basketball Shoes
photos du concert
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