Qu'il semble le loin ce soir de novembre 2021 où, dans le petit vestiaire du Supersonic, nous nous entretenions avec Wet Leg avant leur tout premier concert en dehors du Royaume-Uni. Nous leur demandions alors comment elles géraient l'énorme hype autour d'elle et leur statut de
Next Big Thing ? Un peu gênées et timides, elles avaient encore du mal à réaliser la vague qui arrivait. Deux Grammy Awards et plusieurs tournées mondiales plus tard, ceux qui ne voyaient dans
Chaise Longue qu'un simple feu de paille ont vite déchanté. Ce titre n'était que la mèche du détonateur Wet Leg, désormais poids lourds de l'indie rock international que rien ne semble pouvoir arrêter. Le groupe s'offrait cette semaine le luxe d'afficher deux Olympia archi-complets, en plein milieu d'une tournée mondiale entamée en mars dernier à Brighton et qui se conclura en février prochain en Australie.
Si l'on a pu faire la fine bouche à l'écoute de leur deuxième album (bien mais pas assez aventureux à notre goût),
moisturizer se déguste, se dévore, se
mangetout sur scène. Le groupe s'est réinventé et le duo s'est mué en quintette tonitruant mené par Rhian Teasdale, ex-introvertie en robe à fleurs devenue bête de scène, machine à fantasmes et icône féministe. Sous-vêtements et gros biscotos, machine à bulles et drapeau palestinien, Wet Leg mêlent les contraires avec une grâce faussement naïve et une décontraction sincèrement déconcertante.

En première partie, Faux Real, duo Franco-américain composé par les frères Elliott et Virgile Arndt, assure le show à coup de chorégraphies aussi drôles qu'improbables et d'une bonne humeur contagieuse. Si leur aisance scénique fait toujours mouche, leur musique quelque part entre pop 80's, Pet Shop Boys, pastiche de boys band et générique de dessins animés reste efficace mais surtout confinée dans un second degré ironique permanent dont on ne sait jamais s'il est feint ou jubilatoire.

21 heures pétantes, les lumières s'éteignent sur un Olympia plein à craquer. Un épais nuage de fumée envahit la scène et, à contrejour, on devine les silhouettes entrant sous les hourras d'un public chaud comme une barraque à frite un soir de match à Bollaert. Il fallait être prêt pour le combat, car Rhian annonce d'entrée « I don't want your love, I just wanna fight ». Premier constat immédiat, le groupe a sacrément « level up » et ne nous laisse pas respirer en enchainant
Wet Dream après
catch these fists. Ils ne feront plus retomber la pression et même leurs titres les plus faibles sont célébrés comme des hymnes par une foule comblée qui connait les paroles par cœur. Rhian reste un peu intimidée quand elle s'adresse au public, mais dès que la musique repart, elle se mue en véritable Barbarella, prête à tout abattre sur son passage.
Au mitan de leur tournée, Wet Leg tournent déjà à plein régime et ne montrent aucun signe de fatigue. Rhian et Hester, accompagnées de leurs joyeux chevelus Josh Mobaraki (guitare et clavier), Ellis Durand (basse) et Henry Holmes (batterie) déroulent un set parfaitement maîtrisé.

Mention spéciale pour le très « pixiesien »
liquidize, toujours aussi ensorcelant,
Ur Mum et son fameux cri repris en cœurs par la foule pendant de longues secondes, le sonique et salace
pillow talk et l'inévitable
Chaise Longue joué dans une version survitaminée avec un plaisir évident. Le concert se clôt sur
mangetout et son désormais culte « get lost forverver ».
Wet Leg, eux, ont définitivement trouvé leur route et ils l'arpentent désormais à cent à l'heure.