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Ross From Friends

Paris, Trabendo - 4 novembre 2021

Live-report par Franck Narquin

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Deux semaines à peine après la sortie de l'excellent Tread, Ross From Friends vient déjà défendre sur une scène parisienne son second opus, dont l'équilibre subtil entre mélodies entêtantes et expérimentations sonores nous a conquis. Ce sont les jambes encore un peu courbaturées, la faute au show démentiel de BICEP quelques jours plus tôt, que nous affrontons la pluie et les pavés glissants jonchés de feuilles mortes (visiblement pas ramassées à la pelle) de la Porte de Pantin, pour nous rendre au Trabendo.

Tatie Dee, jeune DJ lilloise (77 écoutes sur Spotify, tout juste plus que le nombre de livres vendus par Marlène Schiappa), démarre les hostilités devant un public quelque peu clairsemé en ce début de soirée, mais qu'on sent déjà prêt à en découdre et à faire brûler le dancefloor. Une bande d'anglais hilares, crânes rasés, lunettes de soleil sur la tête, tout droit sortis de Trainspotting, s'agite déjà, chauds bouillants, visiblement partis pour s'encanailler tel un samedi soir à l'Hacienda. Le DJ set house de cette prometteuse novice, à base de gros kicks, de drops maitrisés et de tonalités jazzy, fait mouche, séduisant les danseurs de la première heure tandis que petit à petit, la foule devant elle s'amasse, impatiente de remuer son popotin au son du génial électronicien londonien.

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En studio, Ross From Friends est le projet solo du nerd Felix Clary Weatherhall. Seul aux manettes, il compose, produit, joue de tous les instruments et a même développé son propre logiciel d'enregistrement, Tresho, lui permettant de créer sans aucunes limites et d'archiver des centaines d'heures de musiques, qu'il met d'ailleurs sur internet à la gracieuse disposition de qui voudra bien les utiliser pour les remixer ou tout simplement se le réapproprier. Sur scène, Felix accueille Jed Hampson à la guitare et John Dunk au saxophone, le projet solo mutant alors en véritable trio, mêlant avec brio instruments live et musique électronique. Si cette proposition étonne autant qu'elle détonne, la scénographie s'avère quant à elle assez sommaire. The Weeknd peut dormir tranquille, on reste très loin du Superbowl. Trois simples tréteaux recouverts de draps froissés sur lesquelles sont posés les machines aux câbles emmêlés feront office d'unique décorum.

Vers 21h15, le public commençant à s'impatienter, les trois lascars débarquent sur scène, Felix prenant place au centre, casquette vissée sur la tête, entouré de ses deux musiciens pour un début tout en douceur au son de Thanks God I'm A Lizard, revisité ici dans une version très jazz, portée par un long solo de saxophone. On se croirait presque au Duc de Lombards, le mythique club des halles que les amoureux de Duke Ellington ou d'Oscar Peterson connaissent par cœur, jusqu'à ce que les beats lourds de Revellers, un des sommets du dernier album, ne sonnent la charge et annoncent la couleur d'un show qui ravira les clubbers.

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Les guitares auront aussi leur moment de gloire sur Talk To Me You'll Understand où Jed Hampson finira debout sur les tables, à deux doigts de renverser les tables de mixage pour jouer au guitar hero rigolo. Ross From Friends enchainera ses morceaux les plus uptempo, délaissant le temps d'un soir ses titres atmosphériques et mélancoliques. The Daisy, Love Divide ou encore Life In A Mind, tube dance que n'auraient pas renié Basement Jaxx, feront ainsi facilement se déchainer la foule. Avec juste un petit rappel pour un ultime morceau, le concert d'à peine plus d'une heure se terminera tôt, peut-être même un peu trop, laissant de jeunes gens visiblement partis pour une longue nuit festive quelque peu sur leur faim.

Loin de bouder notre plaisir, on regrettera tout de même que Ross From Friends ait livré ce soir une prestation que l'on pourrait qualifier de concert de festival - à savoir court, efficace et faisant la part belle aux morceaux les plus accessibles - qui ne rend pas complétement compte de la subtilité et de la complexité de son dernier album. On aurait aimé qu'il ose imposer ses titres les plus étranges ou qu'il s'aventure dans des improvisations comme il sait si bien le faire en studio où, là, il ne nous demande pas de choisir entre rêver et danser.
setlist
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