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Gretel Hänlyn
Franz Ferdinand
Wu-Lu

Paris, YOYO - Palais de Tokyo - 22 juin 2022

Live-report par Franck Narquin

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On l'a connue leader charismatique de Savages, bête de scène en solo ou en duo et actrice troublante chez Audiard, mais depuis deux ans, Camille Berthomier, plus célèbre sous le nom de Jehnny Beth, s'épanouit également en tant qu'animatrice télé avec Echoes, le rendez-vous musical d'ARTE qui remet clairement le rock britannique au centre des débats. En une grosse poignée d'éditions, on a déjà vu y défiler IDLES, Baxter Dury, Wet Leg, Nilüfer Yanya, King Krule, Foutaines D.C. ou encore Primal Scream. L'émission composée de prestations live enregistrées en « conditions réelles » (public debout, bar ouvert, fans collés au premier rang) au YOYO, le club du Palais de Tokyo, ainsi que de passionnants échanges entre artistes est à chaque fois un véritable régal et sans aucun doute, ce qu'on a vu de plus intéressant dans le genre depuis longtemps. Particulièrement éclectique, la programmation du soir regroupe la toute jeune Gretel Hänlyn, Wu-Lu, la sensation hip-hop/punk du moment, et Franz Ferdinand, en pleine tournée Best Of.

Appelée à la toute dernière minute en remplacement de Sampa The Great, Gretel Hänlyn, qu'on a découverte sur l'excellent titre 2gether de Mura Masa, vient présenter son premier EP Slugeye et sa pop légère aux accents grungy. Ce qui marque d'emblée chez la londonienne de dix-neuf ans est la dichotomie entre ce physique frêle et juvénile, mais ô combien gracieux, et cette voix grave et envoûtante. Si on retrouve parmi ses influences revendiquées Nico, King Krule et Jeff Buckley, Gretel semble encore chercher son style et alterne morceaux sans grand relief et petites pépites de power pop comme le tubesque Motorbike. Avec autant d'atouts en poche, on ne s'inquiète pas trop pour la suite de la déjà prometteuse carrière de l'anglaise et on attend avec impatience son premier album pour voir si le ramage s'accorde pleinement à ce plumage.

A peine le temps de déguster une IPA citra-galactique de la brasserie du Grand-Paris, cette bière brassée aux portes du périphérique où amertume et acidité s'accordent à merveille, que Wu-Lu et son gang débarquent sur scène. D'ailleurs, lui aussi s'y connaît assez bien en mélanges bien balancés. Hip-hop brumeux, éruptions punk, jazz déstructuré, électro percutante, guitares saturées, ambiances planantes, Miles Romans-Hopcraft fait feu de tout bois. C'est pas la capitale, c'est Brixton, bébé ! Nourries par la rumeur d'un concert tellurique en décembre dernier aux Transmusicales de Rennes, quelques singles ravageurs et une signature sur Warp Records, le meilleur label de Sheffield et un des meilleurs du monde, nos attentes atteignaient pour ce deuxième concert du soir un niveau maximal. Plutôt que de brosser le public dans le sens du poil en envoyant d'entrée la sauce, le groupe décide de débuter son concert par des longs morceaux atmosphériques quitte à interloquer, voire déstabiliser.
Visiblement, Wu-Lu a au moins autant écouté Mogwai que le Wu Tang Clan et ces lents crescendos s'avèrent finalement de parfaites rampes de lancement pour les guitares saignantes de Times ou à la furie hip-punk de South. En puncheur malin, Wu-Lu a su nous faire baisser la garde avant de nous asséner un uppercut fatal. Groggy mais pas KO, nous sommes prêts à nous engager pour un nouveau round dès le 9 juillet avec la sortie de LOGGERHEAD, premier album poids lourd dont on vous reparlera très bientôt.

Ils squattaient le parvis du Palais de Tokyo bien avant 19 heures, tels de jeunes skateurs parisiens croqués (dans tous les sens du terme) par Larry Clark dans The Smell of Us. Ils s'agglutinaient au premier rang dès l'ouverture des portes. Deux heures plus tard, ils n'avaient pas quitté leur place et leur impatience n'avait d'égal que leur excitation grandissante. Eux, ce sont les fans hardcore de Franz Ferdinand. Ils étaient sur le coup bien avant Clara Luciani mais se sont salement fait griller la priorité. Désormais, ils ne rêvent que d'une chose, qu'elle brûle en enfer, ou sur RTL2. Car il faut le savoir, depuis vingt ans, Alex Kapranos leur appartient. Pour tuer le temps, ils s'écharpent pour savoir quel est le meilleur album du groupe. Messieurs-dames, un peu de décence, il y a des forums pour ce genre de choses ! On est taquin, mais nous sommes bien heureux d'avoir le privilège d'assister à un concert de Franz Ferdinand dans une salle si intime. Tournée Best Of oblige, le groupe nous propose ce soir, pour notre plus grand plaisir, un menu unique : du tube, du tube et encore du tube. Et ça attaque fort d'entrée avec The Dark Of The Matinée suivi de No You Girls. Pas le te temps de niaiser, laisse tomber ta deuxième pinte et vient danser. La machine Franz Ferdinand s'est élancée à toute berzingue et elle ne décélérera pas pendant plus d'une heure. La joyeuse bande semble prendre un réel plaisir à revisiter son catalogue, de Jacqueline à Curious et le public le lui rend bien. A part ceux des caméramens, pas un seul popotin ne peut s'empêcher de se dandiner. Cette prestation jouissive des Écossais viendra se clôturer en beauté avec l'incandescent This Fire.

Bien plus qu'à un show télévisé, nous avons plutôt eu l'impression d'assister à un mini-festival, nous permettant de découvrir une jeune pousse de demain, de s'emballer pour la hype du jour et de communier avec les stars de toujours. Bravo donc à ARTE et Jehnny Beth pour cette belle sélection car, comme on le sait bien au Palais de Tokyo, curateur c'est plus qu'un métier, c'est un art.
setlist
    Gretel Hänlyn
    Non disponible

    WU-LU
    Non disponible

    FRANZ FERDINAND
    The Dark Of The Matinée
    No You Girls
    Billy Goodbye
    Do You Want To
    Walk Away
    Curious
    Jacqueline
    Always Ascending
    Lucid Dreams
    Michael
    Take Me Out
    Ulysses
    Love Illumination
    This Fire
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