The Mysterines

Six mois après la sortie de leur premier album Reeling, les Mysterines reprenaient leur longue et belle tournée européenne au Pop-Up du Label à Paris, ce vendredi 9 septembre. Un double baptême du feu pour les quatre Anglais dont ce concert, aux allures de rentrée des classes, faisait également office de première fois dans l'Hexagone - après une halte aux États-Unis peu de temps avant la saison des festivals.

Pour ne pas trop déraciner les hôtes du jour - et aussi satisfaire quelques clichés - c'est sous une météo pluvieuse que le public rejoint la salle du 12ème arrondissement. Pas de doute, la saison des festivals et des fortes chaleurs est bel et bien derrière nous et on ne boude pas notre plaisir de retrouver des lieux à taille humaine, loin de toute fosse démesurée et autres « golden pit ». Le concert n'affiche pas complet, mais l'auditoire est suffisamment important dans la chaleur étouffante du lieu pour donner l'illusion du contraire. Ce soir, pas de première partie non plus, les Mysterines doivent se charger eux-mêmes de « chauffer » leur public, venu directement assister à leur show pour clôturer une longue semaine de travail. Et pour mettre le public dans sa poche, quoi de mieux que de faire son entrée au rythme du cultissime Hippie Hippie Hourrah, pièce sarcastique du légendaire Jacques Dutronc (qui riait un peu des hippies).


Les Liverpuldiens entament leur set avec le PJ Harvey-sque Under Your Skin, morceau le plus calme de l'album, qui a le mérite de nous faire prendre connaissance du son lourd propre aux Mysterines, mais aussi de faire monter un niveau de tension caractéristique à leur musique. Un jam vient assurer la transition jusqu'à ce que retentisse l'éponyme Reeling, ouvrant ainsi les hostilités à base de riffs charnus bourrés à la Fulltone OCD (ndlr : pédale d'overdrive devenue classique chez les guitaristes). Le groupe fait peu à peu l'étalage des titres de son (excellent) premier album, à l'instar de Dangerous, Old Friends/Die Hard ou encore On The Run. Irréprochable tant par son attitude que par sa prestation scénique, le groupe dégage une énergie énorme et ne se dément pas, même si le public reste sage, applaudissant timidement, mais avec admiration, à la fin de chaque morceau.

Pourtant, tout le monde n'a d'yeux et d'oreilles que pour une seule personne : Lia Metcalfe. La jeune chanteuse à la voix soul époustouflante guide le public à travers une gamme de scénarios, nous entraînant fréquemment de la douleur au chagrin avec une profondeur incroyable. Même dans les moments les plus lents et les plus sombres, ses paroles conservent toute l'intensité et le drame qui fait figure de colonne vertébrale du disque et, en l'occurrence, du concert. La fête est véritablement lancée avec In My Head qui met le feu aux poudres avec son refrain « Tell me what you mean when you say that I'm in your head » scandés par les spectateurs les plus avertis et appréciés par les néophytes. Un moment de grâce perpétué par la doublette Means To Bleed et Life's A Bitch (But I Like It So Much) - piste d'introduction de Reeling.


Les quatre anglais profitent de chaque fin de morceau pour éponger la sueur de leurs fronts, provoquée par la fournaise ambiante, non sans oublier de haranguer à de nombreuses reprises la foule tout en soulignant le bonheur se produire dans une salle parisienne. Le guitariste demande à l'éclairagiste d'éteindre les différents spots qui éclairent la scène afin de faire redescendre la pression avec The Confession Song, un morceau qui, en live, ne trouve pas le même impact dans sa montée en intensité que dans sa version studio. S'il a été choisi pour conclure le premier disque des Mysterines, ce soir, il n'en est rien. Une dernière sélection de morceaux accrocheurs (The Bad Thing, All These Things et le tonitruant Hung Up) vient remettre un peu d'ordre pour recouvrer l'excitation bouillonnante et la vigueur brute proposées par le groupe pendant toute la durée de son set, à savoir une heure. Le quatuor aura interprété la quasi-totalité de Reeling, sans rappel, exceptée la piste 12, Still Call You Home, boudée pour une raison qui nous échappe.

Leur carrière n'en est qu'à ses balbutiements, mais tout est déjà là : les influences de bon goût bien digérées et, surtout, malgré une certaine timidité due à leur jeunesse, des chansons qui tiennent la route grâce à une maîtrise vocale et musicale impressionnante pour un jeune groupe. Il y a fort à parier que l'on entendra le nom de Lia Metcalfe dans les années à venir, bien qu'il soit encore peut-être un peu tôt. Parfois, le talent n'attend pas le nombre des années et The Mysterines nous l'ont démontré lors de ce premier concert parisien au Pop-Up du Label.