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The Murder Capital

Paris, Trabendo - 13 février 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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Le lundi soir en concert est toujours une épreuve. A peine remis du week-end, pour certains encore imprégnés des effluves maltés du pub pour cause de tournoi des Six Nations, le power-point de la sacro-sainte réunion de service hebdomadaire encore en travers de la gorge, la transition peut paraître rude. Mais ce lundi soir vaut toutes les pénibilités endurées car il s'agit du retour de The Murder Capital à Paris qui viennent nous présenter Gigi's Recovery, excellent second album qui a fait l'unanimité chez les professionnels et le public, à l'exception d'une certaine presse hebdomadaire snobinarde et peu, voire jamais, inspirée.

Le rendez-vous est pris au Trabendo à la Villette, qui avec sa configuration circulaire permet de concentrer toute l'énergie des spectateurs pour la laisser exploser par vagues, du pied de la scène jusqu'au dernier poteau en fond de salle. Une configuration idéale, ni trop ramassée ni trop diluée, 700 heureux spectateurs ce soir pour cette affiche sold-out, qui permet de rentrer instantanément dans le nouvel univers sonore que nous offre Gigi's Recovery.
Nous avions laissé The Murder Capital lors de leur dernière prestation parisienne en février 2020 dans un Café de la Danse presque plein mais qui, après une longue série de shows, montraient quelques signes d'automatisme. Les dix titres de When I Have Fears étant alors les seuls joués, nous étions comme arrivés à la fin d'un cycle. Faisant suite à une pandémie mondiale et quelques apparitions épisodiques en festivals cet été, la prestation de cette soirée nous permet enfin de nous immerger complétement dans l'atmosphère beaucoup plus intense et complexe du dernier album.


Nous retrouvons le groupe toujours dans sa configuration d'origine, et son entrée sur scène se fait comme à l'accoutumée dans la pénombre avec les musiciens prenant place en premier pour laisser entrer James McGovern, tout de noir vêtu, affichant cet air grave et un tantinet poseur qui fait tout son charme.
Avec en fond sonore Existence, faisant également office d'introduction sur l'album, le concert débute avec Crying et Return My Head qui posent le cadre de ce que propose Gigi's Recovery dans son ensemble. Y persiste toujours de la colère mais cette dernière est distillée de façon bien moins maladroite, elle se retrouve ainsi canalisée au travers d'une musicalité étoffée appuyée par les nombreux vibratos et reverbs des guitares de Damien Tuit, les boucles synthétiques enveloppant comme dans un cocon opaque la quasi-majorité des nouvelles chansons et le jeu de batterie arythmique qui sème un trouble bien agréable dans la salle.

La causette n'est pas le fort de James McGovern, bien que ce dernier prenne le temps de nous exprimer son amour pour notre belle capitale qui les a accueillis pour l'enregistrement de l'album, la qualifiant ainsi de « seconde maison ». La présence sur scène s'est affirmée, les minauderies un peu gauches des débuts font place à une réelle assurance qui se traduit par un chant puissant et contrôlé malgré les nombreuses incartades dans la foule. On note ainsi que l'art du crowd surfing est ici parfaitement maîtrisé, on a rarement vu un corps se laisser glisser de façon si fluide sur un public sans jamais risquer l'écroulement gênant sur la barrière ou pire, aux pieds des spectateurs.


Le choix de la setlist va faire monter crescendo la température et révèle ainsi habilement le potentiel des nouveaux morceaux, que viennent croiser les titres les plus enragés du premier disque. More Is Less et For Everything rappellent de bons souvenirs à la fosse et permettent une belle mise en jambes avant le milieu de set qui va laisser place à quelques titres émotionnellement plus intenses et ralentir ainsi le rythme. Se suivent Belonging, A Thousand Lives, The Lie Becomes The Self jusqu'à Gigi's Recovery qui représente en lui-même l'évolution musicale du groupe. Une belle communion se dévoile alors durant le toujours très poignant On Twisted Ground, quand les râles de la respiration de McGovern réussissent à résonner dans la salle qui est alors plongée dans un silence de plomb. Moment intense qui voit ce dernier sortir momentanément de scène juste avant d'entamer la dernière partie du concert qui renoue avec les origines post-punk grâce à l'enchainement de Feeling Fades, Don't Cling To Life et Only Good Things, couronnés par Ethel qui est ici interprété avec bien plus de puissance que sur le disque, rendant le final exaltant.

Pas de rappels, autre tradition avec The Murder Capital, ces derniers préférant quitter leur public parisien encore noyé dans cette déferlante rock contre laquelle il n'a pu lutter durant une heure et quinze minutes précisément. Les remerciements sont chaleureux, à base de « we fucking love you and we'll be back so soon », nous laissant espérer un éventuel retour avant les gros raouts estivaux dont le traditionnel Rock en Seine à Saint-Cloud. L'attente pour retrouver The Murder Capital fut donc longue, un peu exaspérante à certains moments, mais elle se voit ce soir récompensée par le privilège de témoigner de leur incroyable montée en puissance qui les replace légitimement sur l'échiquier des meilleurs groupes de rock du moment.
setlist
    Existence
    Crying
    Return My Head
    More Is Less
    The Stars Will Leave Their Stage
    For Everything
    Belonging
    On Twisted Ground
    The Lie Becomes The Self
    A Thousand Lives
    Gigi's Recovery
    Green & Blue
    We Had To Disappear
    Feeling Fades
    Only Good Things
    Don't Cling To Life
    Ethel
photos du concert
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