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The Lathums

Paris, Maroquinerie - 3 avril 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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The Lathums. Music and Social Club. Established 2018. Voilà l'écriteau trônant au milieu de la scène de la Maroquinerie (à qui nous souhaitons une joyeuse réouverture suite à ses mésaventures dignes d'une scène d'un des « meilleurs » Fast And Furious), prenant place au sein d'un décor en mode club pour gentlemen havanais des années 50. Epais tapis au sol, plante vertes, l'ambiance s'annonce des plus cosy pour ce premier concert de The Lathums à Paris, ces derniers ayant fait précédemment les frais de la pandémie et de trop nombreuses annulations.

Pour rappel, The Lathums ont eu la mauvaise idée de pointer le bout de leur nez lors de l'explosion du COVID-19, pourtant armés de leur excellent premier EP Fight On, titre prémonitoire tant nous nous préparions sans le savoir à entrer en guerre contre ce vilain virus. Apparaîssants ainsi comme la dernière petite perle issue du Grand Manchester, terre fertile en talents musicaux de très haute-volée, Alex Moore et sa bande n'ont pu que compter les jours avant la délivrance. En attendant, un second EP Ghosts tout aussi réussi et l'arrivée du très attendu premier album How Beautiful Life Can Be. Malheureusement, ce dernier n'a alors pas complètement étanché notre soif, signant artistiquement parlant une petite rentrée dans les rangs en faveur d'une pop rock un brin trop sage en comparaison d'avec leurs premiers faits d'arme.
C'est néanmoins avec entrain que nous attendions de vérifier sur scène la fougue des Anglais que de nombreux échos en provenance de leur pays soulignaient fortement sur le net et dans la presse spécialisée. Devant initialement faire leurs débuts parisiens avec les copains raffinés de Blossoms, c'est donc le trente-deuxième variant que le groupe s'est alors pris de plein fouet. Ainsi, c'est trois ans montre en main après les premières notes fracassantes de Fight On que nous rencontrons le trio, maintenant accompagné à la basse par Matty Murphy, Johnny Cunliffe ayant depuis tiré sa révérence.


Function Room. Members Welcome. Live Music. Nous pénétrons dans un petit monde feutré et un peu suranné qu'Alex Moore viendra appuyer de son look crooner vêtu d'un costume blanc crème, de mocassins bicolores chaussés sur d'impeccables chaussettes blanches et tignasse rousse gominée, le spectre d'Elvis n'est pas loin. Mais là s'arrête le comparatif d'avec une période révolue, qui aurait nécessité pour être complètement reproduite bouteilles de rhum, barreaux de chaises fumants et probablement deux ou trois jeunes femmes légèrement vêtues. Nous aurons à la place des bouteilles d'eau, des verres de thé et une pop rafraîchissante de la part du quatuor de Wigan.

Venus présenter leur deuxième opus From Nothing To A Little Bit More, disque qui a remporté tous les suffrages outre-Manche, The Lathums nous permettent enfin de juger de leurs prestations scéniques tant vantées. Devant un parterre de fans totalement acquis à leur cause, dont une bonne moitié en provenance du pays, le défi a déjà été remporté haut la main. Reprenant littéralement en chœurs plusieurs morceaux de la playlist consacrée aux références majeures du groupe en attendant leur arrivée (quelle surprise d'entendre l'intégralité de I Bet That You Look Good On The Dancefloor d'un autre Alex hurlé par le public, battant ainsi au karaokémètre à plat de couture le Charming Man des Smiths et la Sweet Caroline de Neil Diamond) c'est un petit défilé de tee-shirts et autres pulls à capuches à l'effigie de The Lathums qui se déploie, en plus d'écharpes type football et de véritables maillots de rugby aux couleurs du quinze de la rose (qui devraient être interdit en dehors des périodes de compétitions officielles). En confiance, Alex Moore entame le concert avec Land And Sky pour débuter doucement mais sûrement, permettant à ce dernier de se chauffer les cordes vocales et de mesurer la température de la salle.

Le choix des morceaux du dernier album est bien représentatif de l'environnement musical qu'il draine : encore plus classieux et peaufiné que le précédent, on sent que The Lathums ont immédiatement intégré la cours des grands. Sur scène, Alex Moore veuille à rentrer dans la peau de ce personnage charmeur et distingué, joue beaucoup de son drôle de physique et inonde de sourires le public. A ses côtés, Scott Conception se lâche car il est accompagné dorénavant d'un second guitariste qui lui permet de se distinguer dans plusieurs solos passionnés et techniquement assez impressionnants. Une très belle alchimie se devine sur scène entre les musiciens et les morceaux les plus appréciés sont bien ceux où Alex se pare à son tour de son instrument pour revenir à un son un peu plus instinctif, comme lors des tous débuts. Quelques parenthèses plus soft sont évidement concédées, avec une très belle interprétation en solo acoustique de All My Life, chanson la plus émouvante à ce jour du répertoire de The Lathums, et Turmoil ainsi que How Beautiful Life Can Be, qui rappellent le niveau élevé de composition de ce groupe encore si jeune.


La machine est parfaitement huilée, le set un peu court (seulement une heure et huit minutes, mais avec seulement deux albums, cela est vite pardonné) ne déraille à aucun moment et démontre le très grand professionnalisme de The Lathums. Un professionnalisme peut-être un peu précoce, on peut ainsi regretter de ne pas profiter de la formation encore empreinte d'une vigueur juvénile souvent un peu gauche qui nous permet de réaliser que nous n'en sommes qu'au début, rendant privilégié le fait d'assister à ces moments fondateurs dans la carrière d'un groupe de ce calibre.
Mais le talent n'attend point le nombre des années comme le disait Rodrigue, preuve en est ce concert qui aura vu l'intégralité du public chanter à l'unisson, danser malgré l'étroitesse des lieux et surtout porter à bout de bras Alex Moore, Scott Concepcion, Matty Murphy et Ryan Durrans déjà prêts à passer à l'étape suivante, comme aux stades qui risquent de les accueillir dans quelques années si leur destin suit celui d'autres formations issues également du petit monde indie qui ont migré très ou trop rapidement vers d'autres horizons.

Gardez vos tickets, ils vous vaudront pas mal de compliments et de jalousie à ce moment-là.
setlist
    Land And Sky
    Say My Name
    I See Your Ghost
    Fight On
    The Great Escape
    I Know Pt 1
    All My Life
    How Beautiful Life Can Be
    Turmoil
    Lucky Bean
    Knotted Bed of Roses
    Sad Face Baby
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    Facets
    Artificial Screens
photos du concert
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