En ce jeudi 1er février, tous les afficionados d'indie rock sous toutes ses coutures se retrouvent dans leur planque préférée rue Biscornet pour célébrer le 8ème anniversaire du Supersonic à Paris. L'aventure menée par Hadrien et toute sa fine équipe de dénicheurs de talents est des plus remarquables : en 2024, le Supersonic est devenu la première scène parisienne incontournable tant pour les jeunes pousses que pour les formations déjà populaires dans leurs contrées mais toujours illustres inconnues de par chez nous. Le principe quant à lui reste le même malgré la popularité croissante des lieux : des concerts gratuits, des brassages de genre des plus audacieux, des soirées DJs thématiques pour ne pas oublier la frange parisienne « clubbeurs en goguette » et surtout des passionnés qui savent créer une ambiance chaleureuse, inclusive, tout en servant une bière de très bonne qualité, détail qui a son importance vous en conviendrez tous. Rajoutons à cela depuis l'an passé le premier festival maison Block Party, qui verra cette année sa seconde édition s'étendre sur encore plus de lieux, et vous comprendrez que cet anniversaire méritait une célébration à la hauteur de l'évènement.
Ainsi c'est sur deux soirées que le Supersonic et sa petite sœur le Supersonic Records proposent une affiche comme à l'accoutumée basée sur l'exploration de différents horizons, toujours avec comme fil conducteur la guitare avec ce petit je-ne-sais-quoi de britannique ce qui nous rend encore plus heureux de compter les heureux propriétaires parmi nos copains. Pour ce premier soir, et ce malgré quelques annulations de dernière minute dont celles des hurluberlus FEET déjà rencontrés à la Block Party en mai dernier, nous retrouvons d'autres petits génies également découverts lors du festival : Otala.

Souvenez-vous ! Nous débutions alors la troisième soirée, rincés que nous étions après le passage des tornades Legss, CVC, Benefits, Maruja, Bilk, DEADLETTER et j'en passe, en nous rendant dans la petite cave du Café Seine pour y découvrir cinq jeunes anglais de Nottingham venus casser le rythme des grosses guitares rugissantes pour nous offrir une expérimentation sonore ancrée dans le rock noisy tout comme dans le free jazz, avec un jeu de guitare et de basse lourd soumis à un tracé anarchique, venant défier toute la logique des structures et tempos classiques. Tel un volcan qui peut s'éveiller d'une seconde à l'autre, le son d'Otala se veut instable et puissant, nous rappelant alors les premières pérégrinations de black midi, le tout porté par le spoken word de leur chanteur Oscar Thorpe qui, avec son timbre très grave, construit habilement une atmosphère délicieusement angoissante.
Ce soir, le groupe composé d'Oscar Thorpe à la guitare, Rory Allen à la basse, Fin Hills à la batterie, Charlotte Foulkes au saxophone et Jack McInnes aux claviers peut ainsi mieux se dévoiler sous les spotlights vifs du Supersonic Records et engoncé dans la scène angulaire se mouvoir un peu plus tout en restant extrêmement concentré, son répertoire ne se prêtant pas au pogo. On aime l'aspect un peu glacé et colérique de
Tennov,
Mill Grain Throat et
Tell The Bees, tout en découvrant
Plates From The Klin et
Commedia, dessinant les prémices d'un premier album qui sera à n'en pas douter atypique et charismatique. Il s'agit ici de rentrer dans une espèce de transe, on retrouvera d'ailleurs les hochements de tête robotiques de tout shoegazer qui se respecte, tout en restant immobile, les yeux clos ou au contraire figés sur Oscar qui susurre tout autant qu'il hurle les titres les uns après les autres, ces derniers pouvant allégrement atteindre les huit minutes, plongeant ainsi la foule dans une semi-hypnose contagieuse.

Forts de trois singles parus en 2023 et disponibles sur les plateformes de streaming, Otala se préparent à nous dévoiler un nouveau titre le mois prochain. Le groupe continue également à se produire en ce moment même au Royaume-Uni, enchainant dès le lendemain avec Manchester. Le quintet figure parmi les meilleures surprises que nous a offert le Supersonic et son festival Block Party car sortant définitivement des sentiers battus du tout-venant post-punk de nos chères années 20. On souhaite aux jeunes musiciens de réussir à trouver leur place sur la scène émergeante britannique, étant dotés d'un réel potentiel et ayant maintenant confirmé leur fort pouvoir d‘attraction sur scène.
Et pour finir : Happy Birthday aux copains du Supersonic, rendez-vous très rapidement pour de nouvelles aventures tout appareil photo, carnet de note et pinte (modérément consommée) dehors !