Disclaimer : ce concert de Cassyette avec Witch Fever en support est susceptible de contenir des petites culottes, du maquillage outrancier, des couleurs de cheveux exubérantes, et des références musicales métal et RnB devant lesquelles une majorité d'entre vous risque de se boucher les oreilles. Ceci étant dit, et si vous êtes toujours là, je peux maintenant vous dire toute la vérité, rien que la vérité, je le jure : tout ceci n'est qu'un déguisement, un habile habillage à faire hurler jaune les nonnes, cachant derrière lui une montagne de générosité, de partage, de fun, et de bonne ambiance.
Une générosité d'abord matérialisée chez Cassyette par le fait de faire croquer tout le monde, en invitant trois premières parties à se joindre à la fête, nous donnant à voir Filthy Pig, puis Harpy, avant d'arriver à l'objet de notre indivisible attention :
Witch Fever. Quatre sorcières doom-punk unies par la lettre A : Amy au chant et aux cris, Alisha à la guitare, Alex à la basse, et Annabelle à la batterie. Quatre sorcières débarquant avec un métal lourd et poisseux craché au visage d'une foule de (très) jeunes femmes et personnes moins binaires que la moyenne, pour la plupart au moins emos, et majoritairement marquées métal.
Cinquante-trois ans après le
Master Of Reality de Black Sabbath, l'héritage anglais court toujours, revendicateur, hurleur, chargé des parpaings de la rue en colère, car à tout moment la rue peut aussi dire non. Non comme un oui aux gros headbangs qui terminent
Blessed Be Thy, à la puissance mystique de
Congregation, à la folie furieuse de
Reincarnate et sa basse rouleau-compresseur, dans une ambiance de plus en plus débridée ouvrant une voie royale au pogo final de
Bully Boy, ouvert par une Amy Walpole courant partout dans la foule dans sa culotte Baphomet du haut de son mètre cinquante quelque chose. Amy que l'on peut heureusement facilement suivre à l'oreille dans la foule, et qui conclut en beauté cette courte et intense découverte de l'univers de Witch Fever, croisement inattendu mais bienheureux entre les Lambrini Girls et Rob Zombie, ayant su sortir du petit entre-soi satanique pour venir se frotter aux boucliers des CRS.
Changement de tonalité, changement de style, il est enfin l'heure des lapins diaboliques à flot rose qui gigotent sur de la techno boum boum ! On vous avait prévenus, le concert de
Cassyette va être particulier, et on ne sera pas déçus en voyant arriver Cassy Brooking en nuisette, résille, et string pour faire sauter le parterre de jeunes ados et adultes au son d'un métal industriel RnB pop, ce qui maintenant qu'on le dit ressemble de plus en plus à un parfait ornithorynque sonore. Un batteur à mulet et un guitariste tatoué du crâne pour compléter le bingo, et voilà déjà que le pit s'ouvre sur
Like That, avant un wall of death bon enfant sur
Die Hate Cry, et l'annonce d'un deuxième album à venir en août.
Un nouvel album et un concert dont s'échappent encore une fois un sentiment de bienveillance, de gentillesse, d'acceptation, et d'ouverture, symbolisé par la nouveauté
Friends In Low Places, et cette incitation préemptive : « faites des câlins à vos amis, et surtout dites-leur si vous allez mal ! ». Alors on se fait des câlins, et on crie et on saute sur
Mayhem, Petrichor et la finale
Dear Goth, et on hurle des paroles qu'on ne connaît pas du tout, emporté par la communion et l'envie d'un jeune public qui se prêtera ce soir à tous les jeux qu'on lui proposera. Un changement d'ambiance agréable, si l'on compare aux snobinards parisiens blasés qu'on se ramasse de temps en temps lors de nos virées musicales nocturnes, têtes que l'on ne croisera heureusement jamais à un concert de Cassyette ou des Nova Twins. Les Nova Twins, croisement outrancier de Limp Bizkit et de Britney Spears, l'une des comparaisons les plus évidentes avec Cassyette, croisement outrancier de Marylin Manson et Lady Gaga, quand le nu-métal indus et la pop RnB se rencontrent pour parler à une jeunesse nouvelle et queer se cherchant des représentations, de préférence d'un genre qui feront fuir très loin leurs parents.
Une soirée en fin de compte placée sous le thème de l'indépendance et de la recherche de soi sous toutes ses formes : d'abord dans la lutte active contre le patriarcat et les mentalités dépassées sur fond de pentagramme renversé, puis dans l'exhortation à vivre pleinement sa différence, quelle qu'elle soit et si bizarre que vous puissiez être, car sachez-le, un jour vous tomberez sur des gens tout aussi bizarres que vous, et c'est là que le fun commence (souvent après le collège-lycée d'ailleurs, donc si jamais vous n'avez pas encore le BAC et que vous êtes je ne sais comment tombés sur ce site de rockeurs réacs aux tempes grises, tenez-bon, c'est bientôt fini !).