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Frank Turner
Skinny Lister
The Meffs

Paris, Pan Piper - 15 novembre 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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Dans l'avalanche de concerts parisiens en cette fin d'année, tout devant se caser avant la trêve des confiseurs, c'est à nouveau l'heure des choix. Après une belle série de mastodontes et autres chouchous de la rédaction (Fontaines D.C., DEADLETTER, Gurriers, London Grammar, Maxïmo Park et toute l'aventure Avant Garde du Pitchfork Music Festival, entre autres), figurez-vous que nous trouvons encore l'occasion de faire d'une pierre trois coups avec une triple affiche qui nous permet de découvrir des nouveaux talents et d'en confirmer d'autres.

C'est donc ce vendredi soir que nous nous rendons au Pan Piper, espace évènementiel situé dans l'impasse Lamier à quelques pas du cimetière du Père Lachaise qui, nous l'avouons, n'avait jamais croisé notre agenda, probablement pour cause de programmation peu compatible avec nos goûts. Il ne faut donc jamais dire jamais, et c'est le retour à Paris de Frank Turner qui sera à l'origine de cette première. Avec son look de grande salle polyvalente, l'affiche très punk rock de ce soir fait contraste avec le décor mais les spectateurs eux ne s'en sentent pas lésés, le concert affichant complet.
A l'affiche, Frank Turner, et ses Sleeping Souls, venant présenter son dernier album Undefeated paru en mai dernier, qui a encore récolté pas mal de louanges au sein de la rédaction. L'accompagnant, pas moins de deux autres formations dont une que nous apprécions tout particulièrement, les joyeux drilles Skinny Lister, eux même aperçus en février dernier à la Boule Noire. En introduction et pour la première fois à Paris, The Meffs, duo punk dont nous découvrirons qu'ils sont les petits protégés de Frank Turner, ce dernier ayant participé à leur premier album.


The Meffs ou le renouveau du duo rock mixte à la dynamite. Difficile exercice que de se produire seulement à deux, bien que cela ne soit pas rarissime. En la matière nous retenons surtout The Kills dont la réputation n'est plus à faire et Blood Red Shoes, qui ont encore il y a peu, prouvé leur valeur. Mais tout cela, me direz-vous, sent un peu la poussière ? Selon votre année de naissance, cela peut être le cas, il n'en est alors que plus jouissif de découvrir Lilly Hopkins à la guitare et Lewis Copsey à la batterie, qui ne sont pas vraiment des débutants, ayant à leur actif quelques EPs et leur premier album What A Life, sorti en septembre dernier. Le résultat est un retour aux sources du punk rock qui tâche, qui rentre dedans, dégoulinant d'énergie et surtout fait dans cet esprit de très grande camaraderie : on pogote mais en faisant attention aux copains d'à côté.
Une petite demi-heure pour nous présenter une sélection issue de leurs deux EPs et de leur album, dont les très bons Clowns et Stand Up, Speak Up, en y incluant une reprise de Breathe de The Prodigy à s'en décrocher la mâchoire (littéralement). On aime vraiment la simplicité de la formule qui fait mouche sans jamais tomber dans le caricatural (deux potes seuls qui jouent à toute berzingue juste pour le fun, cela peut vite tourner au groupe de garage, celui de ta voiture, pas le style de rock), un énorme capital sympathie et une grande reconnaissance face à ce public qui est venu dès 19h pour les écouter. Hyper charismatique et souriante, Lilly nous explique que dans son pays, se présenter comme venant du comté de l'Essex est sujet à moqueries, appréciant d'autant plus l'accueil parisien. Sept morceaux et puis s'en vont, avec déjà un stand merchandising rempli à ras bord de toutes sortes de goodies, The Meffs nous annoncent tous fiérots revenir à Paris dès février et nous attendre ainsi de pied ferme.


La suite, nous l'attendions personnellement avec impatience. Skinny Lister sont de retour et comme à l‘accoutumée, avec le cruchon rempli de gnôle prêt à être distribué aux spectateurs qui n'ont pas peur de partager quelques germes avec leurs voisins (même en période d'épidémie de gastroentérite). L'alcool, ça tue les microbes, alors aucun risque. Les londoniens toujours menés par la flamboyante Lorna Max et son rockabilly de mari Dan Hepstall sont des invités d'honneurs pour cette tournée de Frank Turner, eux-mêmes sur la route toute cette année depuis la sortie de Shanty Punk, ayant parcouru à cette occasion toute l'Europe et les Etats Unis. Cette venue inattendue de Skinny Lister à Paris est un peu comme une cerise sur le pudding, et même si leur set se voit réduit à une cinquantaine de minutes, il va en paraître le double tant la folie s'empare de toute la salle dès les premières notes de Wanted. Avec nombre de fans arborant fièrement leurs couleurs, ainsi que tous ceux qu'ils ont réussi à convaincre depuis le début de cette tournée conjointe, les paroles de George's Glass, Fourty Pound Wedding ou l'hymne Cathy sont reprises en chœur, et ceux qui sont encore étrangers à l'univers du groupe se laissent aisément happer par les chants, la danse et les bousculades amicales.
Toujours accompagnés de Max Thomas le frangin à l'accordéon, Tim Hilsden à la batterie et Scott Mislcon à la contrebasse, c'est sans Party George le papa mais avec tout autant de fougue et de bonne humeur qu'à la Boule Noire que Skinny Lister renversent la salle dans le temps imparti. Nous n'échapperons évidemment pas au traditionnel bras de fer auquel se livre Lorna avec plusieurs spectateurs lors de Arm Wrestling In Dresden alors que Max prend le micro pour ambiancer la foule dans Trouble On Oxford Street. L'ambiance accueillante et réconfortante des pubs, avec ses relents de bière, de danse improvisée et ses merveilleux effluves de musique folklorique sont systématiquement une joie, et le final toujours explosif se fait avec Company Of The Bar, devenu le nouveau hit de Skinny Lister, dont le titre leur semble destiné.


Nouveau changement de plateau, la salle est dorénavant pleine et les multiples tee-shirts à l'effigie de Frank Turner, tous millésimes confondus, deviennent omniprésents. On se sent alors un peu perdu parmi ce parterre de fans dévoués, certains avec qui nous entamons une petite discussion pour jauger le degré de popularité de l'anglais en France. Présents lors de son dernier concert au Trabendo, et avant cela lorsqu'il fit une des premières parties des Américains Dropkick Murphys au Zénith, nous reconnaissons son talent et, surtout, sa grande sympathie. Car Frank Turner est avant tout un mec bienveillant, qui cherche à ce que son public soit à l'aise et « safe », avec quelques recommandations en ce sens dès les premiers circle pits dans la fosse. Autre qualité du monsieur, il s'exprime dans un français plus que convenable. C'est donc dans la langue de Molière que les interludes seront quasiment toutes faites, faisant énormément rire le public et les membres du groupe. Car oui, Frank Turner est drôle, dégainant les blagues entre chaque titre, créant ainsi une atmosphère conviviale et vraiment décontractée.

Mais là n'est pas son véritable job, ce dernier étant bête de scène rock et le concert qui durera montre en main un peu moins de deux heures en sera la preuve. A la carte, un vaste florilège de ses meilleurs titres, avec en headline son dernier opus dont il se déclare extrêmement fier. Autant à l'aise face à des arénas de plusieurs milliers d'âmes que devant quelques centaines de personnes comme c'est le cas ce soir, les sourires et la fougue distillées sur scène sont toujours les mêmes pour tous ses fans, qu'ils se soient déplacés en horde ou en petit comité. On découvre une fanbase fidèle parmi les parisiens mais surtout un nombre important de britanniques qui ont patienté de longues heures, avides de savourer leur héros dans une « petite salle ». Frank Turner ne manquera d'ailleurs pas de saluer ses compatriotes et de souligner que finalement, il n'y a pas que des Français présents ce soir !


La liste des titres est généreuse et qu'il passe de guitare électrique à folk, accompagné des Sleeping Souls ou seul pour une série de titres acoustiques, Frank Turner attire à lui toutes les attentions que l'on soit aficionado ou néophyte, tant il arrive à établir un véritable lien avec son public, du premier au dernier rang. Ce dernier le lui rend bien, et les circle pits, qu'ils soient réclamés par Frank lui-même (toujours en faisant attention à son voisin, telle est la règle) ou initiés instinctivement par les spectateurs, font monter sérieusement la température et créent une atmosphère que tout jeune ou vieux fan de punk apprécie grandement. De Undefeated, nous retendrons particulièrement Never Mind The Back Problems (« tant pis pour les maux de dos » – nous confirmons !), Letters et Ceasefire, et la série de titre interprétée seul à la guitare : Mr. Richards, Be More Kind et The Ballad Of Me And My Friends.

Jonglant savamment avec les atmosphères, Frank Turner fait l'unanimité et termine la soirée avec quatre morceaux en guise de rappel dont l'addictif Get Better et Four Letter Words, ode punk juvénile qui réunit toutes les générations présentes dans la même vague de headbang. Avec pas mal de verres (en plastique, étonnant de nos jours) qui survoleront la foule tout du long, la soirée aura été éprouvante, suintante mais toujours sous le signe de la bienveillance et du fun, le tout arrosé de gros sons et de jets de bières.
setlist
    The Meffs
    Stamp It Out
    Broken Britain, Broken Brains
    Stand Up, Speak Out
    Breathe (The Prodigy cover)
    Clowns
    Everything's Gone
    What

    Skinny Lister
    Wanted
    George's Glass
    Bristol Bound
    Tipple
    Colours
    Unto The Breach
    Cathy
    Fourty Pound Wedding
    Arm Wrestling In Dresden
    Bold As Brass
    John Kanaka
    Rollin' Over
    Trouble On Oxford Street
    Company Of The Bar

    Frank Turner
    No Thank You for The Music
    Girl From The Record Shop
    1933
    Recovery
    Never Mind The Back Problems
    Photosynthesis
    Letters
    Haven't Been Doing So Well
    Plain Sailing Weather
    Eulogy
    If Ever I Stray
    The Next Storm
    I Am Disappeared
    A Wave Across A Bay
    Mr Richards
    Be More Kind
    The Ballad Of Me And My Friends
    I Knew Prufrock Before He Got Famous
    Ceasefire
    Do One
    Try This At Home
    I Still Believe
    ---
    Somewhere Inbetween
    Polaroid Picture
    Get Better
    Four Simple Words
photos du concert
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