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Fat White Family
Sad Night Dynamite
Billy Nomates

Paris, LE CENTQUATRE - 6 mars 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Nous voici à la trente-sixième édition des Inrocks Festival, évènement qui au fil du temps a pris différentes formes, envahi différents lieux, mais qui persiste chaque année à promener entre Paris et province une sélection d'artistes toujours hétéroclite. Se focalisant sur Paris, Lyon et Bordeaux, cette nouvelle édition a réuni de belles petites pépites indé et d'autres têtes d'affiche plus conséquentes, invitant même, peut-être par esprit de provocation, le responsable d'une de nos plus grosses déceptions festivalières de ces dernières années, soit Julian Casablancas et son side-project The Voidz. Les Inrocks sont donc taquins et c'est de nouveau dans la grande halle du CENTQUATRE, établissement culturel situé dans le 19ème arrondissement de Paris, qu'on nous donne rendez-vous cette année.

Votre média rock préféré étant dévoué à la cause britannique, notre choix s'est porté sur la soirée du jeudi 6 mars, qui propose une affiche 100% anglaise avec Billy Nomates, Sad Night Dynamite et Fat White Family. Trois concerts qui se dérouleront tous dans la halle gigantesque où il n'y a pas de séparation entre la salle de concert, le hall d'accueil et l'espace détente, donnant des airs d'aéroport au tout. A l'image de l'édition 2024 et de la soirée consacrée alors aux Libertines, c'est un public très ciblé Inrocks, mêlant quadras et quinquas plutôt rive gauche, qui passera beaucoup de temps aux bars en dégustant le petit verre de blanc, seconde star du festival.
Et pourtant c'est un tout autre esprit qui va marquer la soirée, mettant à l'honneur la plus destroy des congrégations, Fat White Family. Après avoir égayé nos amis bretons à la Route du rock hivernale, ils ont donc rejoint la caravane Inrocks, et ce pour le plus grand plaisir de tous les fans qui ont déjà pleinement profité de la tournée 2024 qui a suivi la sortie de leur quatrième album, Forgiveness Is Yours. L'affiche de ce jeudi ne présente pas de fil conducteur, et sera même l'occasion d'assister à un concert d'adieu, le duo hip-hop electro Sad Night Dynamite se séparant officiellement.


La soirée débute donc avec, comme guise de warm-up, le retour de Billy Nomates. L'anglaise se présente seule, accompagnée d'une bande pré-enregistrée qui lui permet, microphone à la main, de danser tout son saoul. Son répertoire ayant pris de belles tournures pop, nous retrouvons une Billy en veste tailleur rouge et pantalon noir fluide, pieds nus, qui va durant trente minutes tenter d'attirer l'attention de ce public peu concerné en redoublant d'efforts grâce à des mouvements de danse langoureux, qui nous évoquent à certains égards (et c'est peut être ici la limite à ne pas franchir) la période « Christine » de Rahim Redcar. La bande son lorgnant dans la variété 80s, les attentions sont louables mais ne réussiront pas à chauffer la salle, et cette courte prestation nous convaincra de retrouver Billy plus tard, si possible avec une guitare pour donner plus de corps à son registre.


Un petit break de trente minutes se dessine devant nous, la halle commence tranquillement à se remplir, et les fans de Sad Night Dynamite sont déjà postés à la barrière. Le duo anglais composé de Josh Greacen et Archie Blagden a donc annoncé que ce concert parisien serait sa toute dernière prestation scénique avant que chacun aille vaquer à ses occupations. Nous retrouvons donc quelques rangées d'admirateurs émus, certains la larme à l'œil, et lorsque le duo débarque sur scène, ces derniers acclament leurs idoles en hurlant à plein poumons en reprenant tous les refrains de leurs titres les plus bling-bling. Josh et Archie mettent quant à eux le paquet sur scène, à grand renfort d'empoignades d'entrejambes, d'escalades des enceintes ou pour Josh de traversée de la fosse, muni de son mégaphone, la transformant en mosh pit bondissant, les Ecocups volant alors dans tous les sens. C'est ici que l'on constate que les fans du groupe sont bien venus en commando, reléguant nos amis lecteurs du magazine en second plan.
L'heure de concert est assez intense, dédicacée aux connaisseurs car le répertoire assez fourre-tout de Sad Night Dynamite, allié à la surenchère de gestuels et attitudes liées à la communauté rap, donne finalement un ensemble complètement décousu, mais qui a le mérite grâce à l'énergie déployée par les deux compères d'enfin mettre l'ambiance dans la halle. On ressentira une véritable émotion chez les musiciens, les petites blagues entre eux deux fusant de-ci de-là (Josh de nous confier qu'Archie quitte le monde de la musique pour se consacrer à une carrière de footballeur professionnel, et révèle qu'il le surnomme dans l'intimité « Peach »). Une atmosphère bonne enfant et une formation qui tire sa révérence de façon très honorable.


Sad Night Dynamite ayant étiré leur prestation pendant une heure, c'est donc tardivement que les héros de la soirée, Fat White Family, montent sur scène. Comme précédemment à la Route du Rock, c'est une introduction sonore de plus de cinq minutes faite de différents types de flatulences qui nous accueille, le temps de plonger la salle sous un rideau rouge opaque qui ne nous quittera pas du set, pour le plus grand bonheur des photographes et des habitués des peep-show. Le groupe se présente à l'identique de la tournée précédente avec Lias Saoudi, Adam J. Harmer, Alex White, Adam Brennan et Sam Toms. Une famille dont la composition peut varier au rythme des humeurs de son leader qui nous a régalés en 2024 de ses leggings peau de pèche et sa liste d'objets insolites qu'il dissimulait dans son entrejambe.
Ce soir, c'est un Lias tout habillé avec toque en fausse moumoute qui arrive sur scène, toujours avec nonchalance, et qui nous gratifie à nouveau tant de son langage corporel chaotique que de ses sorties verbales sans queue ni tête. La setlist quant à elle, du fait de son format écourté, est un petit florilège de hits (hits hits) qui piochera pour notre plus grand bonheur dans les deux premiers albums, avec le retour de Is It Raining In Your Mouth? et Without Consent, cette dernière dédiée à Gerard Depardieu, alors que le public huant fait se marrer Lias qui prétend penser que toute la France adore ce genre de personnage.

La fatigue accumulée depuis la Route du Rock et les premières soirées Inrocks ne semblent pas atteindre notre trublion et le plaisir de communier sur les titres les plus déjantés tels Tinfoild Deathstar, Satisfied, Touch The Leather ou Fringe Runner est, sans aucune modération, jouissif. La fosse a dès le départ pris le pli, et c'est à ce moment que tous les types de spectateurs se mêlent, l'association des genres donnant parfois de drôles de résultats, et pour finir, c'est ensemble que tous se retrouvent pour former une masse informe et bouillonnante, baignée dans cette semi-pénombre rouge cradingue. Malgré les très nombreux side-projets qu'entretiennent Lias et les autres (Decius, Warmduscher, The Moonlandingz...), Fat White Family continuent de travailler, ainsi nous découvrons en exclusivité un inédit appelé Loving Angels Instead, décrit comme « Robbie Williams molesting his inner child », un contexte bien tendancieux et un morceau aux sonorité métal nous rendant très impatients de découvrir la suite.

Une grosse heure de bordel salvatrice et nous quittons le CENTQUATRE rincés mais pleinement satisfaits, comme le chante de sa voix de crécelle Lias Saoudi dans la chanson éponyme, le concert de la Fat White Family ayant été le phare qui a fait rayonner notre soirée.
setlist
    Billy Nomates
    Non disponible

    Sad Night Dynamite
    Non disponible

    Fat White Family
    Religion For One
    Tinfoil Deathstar
    I Am Mark E. Smith
    Poligamy Is Only For The Chief
    Whitout Consent
    Feet
    Bullet Of Dignity
    Satisfied
    Touch The Leather
    Hits Hits Hits
    Loving Angels Instead
    Fringe Runner
    Whitest Boy On The Beach
    Is It Rainning In Your Mouth?
photos du concert
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