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Fat White Family

Paris, Maroquinerie - 2 mars 2016

Live-report par Cassandre Gouillaud

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Personne n'a oublié les circonstances de la dernière venue, écourtée, des Fat White Family à Paris. C'était un certain 13 novembre, soir où, sans l'ombre d'un doute, beaucoup avaient vu leur coeur balancer entre deux soirées prometteuses à la Cigale et au Bataclan. Personne, dans cette Maroquinerie qui affiche complet, n'ignore non plus la réputation sulfureuse que le groupe s'est forgée au fil de concerts tous plus surréalistes. Autant dire que cette [PIAS] Nites, s'annonçant électrique, avait de quoi être attendue au tournant.

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Après avoir récemment tourné avec les anglais de Spring Kings ou de Lusts, ce sont les suédois de FEWS qui sont chargés d'impulser le rythme de cette soirée. Encore inconnus sur le sol français, qu'ils nous avouent fouler pour la première fois, le groupe n'affiche pas un seul EP au compteur. Pour autant, c'est haut la main qu'ils relèvent le défi qui leur était lancé. Ils déroulent pendant une demi-heure un post-punk ravageur, nous gratifiant au passage de leurs deux singles The Zoo, et surtout de la sinueuse et prenante ILL, sur laquelle les guitares fiévreuses ont une dernière fois le loisir de dialoguer et s'entrechoquer à leur gré. Le groupe, arrivé presque inconnu, quitte finalement la scène en laissant derrière lui un public qui semble conquis.

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Alors que l'heure est à la pause au bar, se présente derrière la scène une toile bordeaux laissant apparaître leur fameuse tête de cochon mort surplombant une faucille et un marteau. Pas de doute possible devant une telle étendue de bon goût, nous sommes bien ce soir en présence des Fat White Family. Le groupe ne tarde d'ailleurs pas à arriver sur scène, avec une composition sensiblement différente, puisqu'en marge du retour de Saul Adamczewski, on peut constater la récente arrivée d'un nouveau bassiste, Taishi Nagasaka, ainsi que d'un batteur, Severin Black. Ils sont pour l'instant tous, ou presque, vêtus de vestes de costume qui leur donneraient presque un air bien plus sage, si ce n'était pas pour la bouteille de vin rouge bien entamée que Lias Saudi tient déjà en main. Sans plus de cérémonie, ils embrayent sur Tinfoil Deathstar, tandis que, sous l'impulsion des mouvements désarticulés du chanteur, ladite bouteille de vin atterrit déjà en partie sur le premier rang.
Alors que les premières mesures d'Auto Neutron se font entendre, il y a déjà de quoi comprendre ce qui a pu faire la réputation du groupe en live. Que ce soit, ou non, le résultat d'une consommation abusive d'alcool et de drogues en tout genre, les membres semblent animés d'une transe hypnotisante, qui transparaît autant au travers des mélodies ensorcelantes que des gestes et regards incandescents jetés au public.

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S'en suit une heure de set, prenant des allures de sainte messe transgressive du rock, au cours de laquelle les pintes de bière affluent de plus en plus nombreuses sur scène tandis que la salle se transforme en fumoir géant. Nathan Saudi saute derrière ses claviers pendant que la basse s'impose reine sur la terrifiante I Am Mark E Smith, les rares moments de calme dégénèrent inévitablement dans des chaos d'autant plus abyssaux. Des morceaux tels que We Must Learn To Rise et surtout Satisfied trouvent un surplus de relief et d'intensité sur scène, réhabilitant un Songs For Our Mothers qui avait déçu par manque d'énergie et d'inspiration, pendant que les premières notes de Touch The Leather suscitent un redoublement d'ardeur dans la salle. Goodbye Goebbels et Bomb Disneyland terminent ce concert, qui, comme à l'habitude des Fat White Family, n'aura pas de rappel. Le groupe a une nouvelle fois réussi à transformer cette soirée en joyeux bordel et décimé l'audition des quelques innocents qui n'avaient pas jugé bon de se prémunir de bouchons. Impossible de savoir jusque quand cette formule délurée parviendra à séduire sans lasser, mais les six anglais semblent encore loin d'être allés jusqu'au bout de leur folie.
setlist
    Tinfoil Deathstar
    Auto Neutron
    Whitest Boy On The Beach
    Is It Raining In Your Mouth?
    I Am Mark E. Smith
    Heaven On Earth
    Cream Of The Young
    Satisfied
    We Must Learn To Rise
    Wild American Prairie
    Garden Of The Numb
    Touch The Leather
    Goodbye Goebbels
    Bomb Disneyland
photos du concert
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