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Peter Hook & The Light
Rebelski

Paris, Elysée Montmartre - 15 mars 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Retrouver Peter Hook tous les trois ou quatre ans est devenu une tradition, un évènement qui permet de rejoindre la cohorte de fans de Joy Division et New Order dont nous avons forcément quelques membres dans notre entourage. Depuis son départ officiel de New Order, Peter Hook, accompagné de son fils Jack Bates, de Martin Rebelski et de ses anciens camarades de Monaco, Paul Kehoe et David Potts, s'est lancé sur toutes les routes du monde pour interpréter les répertoires de Joy Division et New Order. Selon les tournées, tel ou tel album est mis en avant, et permet aux fans de retrouver le son si particulier du jeu de basse de Hooky, qui a marqué l'identité des deux formations et n'a depuis jamais été égalé. Et cela n'est pas un mal, car le bassiste affirme ainsi son style et, comme il l'a dès le départ précisé, sa volonté de faire vivre l'héritage de Joy Division. Ce dernier étant très partiellement exploité par ses anciens collègues, c'est donc Hooky qui se fait le transmetteur, et chaque venue du groupe est ainsi l'occasion d'entendre à nouveau nombre de pépites que Ian Curtis et les siens nous ont livré sur une période malheureusement trop courte.

C'est à l'Elysée Montmartre que nous retrouvons en 2025 Peter Hook, avec comme menu un set toujours scindé en deux parties, qui mettra à l'honneur Substance, compilation de singles et d'inédits de Joy Division parue en 1988 chez Factory Records. Retraçant les premiers pas du groupe en 1977 jusqu'à leurs derniers faits en 1980, ce disque est un incontournable pour tout fan qui se respecte, la pièce manquante du puzzle qui constitue avec Unknown Pleasure et Closer, leur modeste mais indispensable discographie. Ce soir, la première moitié du set est entièrement dédiée à New Order et la seconde à Joy Division. La première sera constituée d'une setlist Best Of, Peter Hook interprétant les plus grands hits de la période années 80 de New Order. La seconde rendra hommage à Substance, avec inclus les morceaux mythiques des deux albums du groupe, afin de ne rien laisser au hasard.
La salle affiche complet, et ce malgré un grand choix de concerts rock tout aussi alléchants ce samedi soir. Sur le boulevard Rochechouart, nous retrouvons une file de fans de longue, voire très longue date, beaucoup d'entre eux aux airs de vétérans post-punk, de celles et ceux qui ont eu la chance de voir les tous débuts de Peter Hook à Paris soit en 1979 avec Joy Division, soit en 1981 avec New Order, les deux fois aux Bains Douches. Pour la majorité, des personnes plus ou moins jeunes, qui ont toutes comme point commun de s'être fait leur éducation musicale à l'écoute de ces deux groupes mythiques.


La soirée débute avec vingt petites minutes offertes à Martin Rebelski, claviériste accompagnant Peter Hook sur scène au sein de The Light. Vu précédemment avec Doves, Rebelski propose un style en majorité instrumental, fait de simples mélodies au clavier, très éthérées, au format minimaliste et bruitiste en même temps. Munie ou non de chant, enregistré sur bande son, l'ambiance est douce, un peu planante, on sent ce musicien très concentré et cependant communicant, venant de façon très timide présenter son travail au public, et heureux que la salle lui accorde toute son attention. Une exclusivité pour cette date parisienne, les autres concerts en France n'ayant pas eu de première partie. Avec un nouvel album sorti en janvier dernier intitulé Monochrome, Rebelski sera probablement de retour sur scène en solo prochainement.


Un petit quart d'heure d'attente, une fosse dont les rangs se resserrent vivement, et c'est dans l'obscurité et au son de la chevauchée des Valkyries que pénètrent sur scène Peter Hook & The Light, sous un tonnerre d'applaudissements. Un accueil à la hauteur de la légende, et malgré sa très grande concentration sur scène, Hooky saura entamer la discussion entre deux titres, rappelant en français son amour de Paris qu'il partageait avec Ian Curtis, ses quelques passages dans la capitale il y a de cela plus de quarante ans, et bien évidement en mettant l'ambiance appelant toutes et tous à faire le plus de bruit possible et à rester « rock », en pensant à Ian.
Le premier set voit la grosse artillerie New Order défiler, le chant de Peter Hook très honorable et s'étant légèrement amélioré depuis son passage en 2022 au Bataclan. Le groupe n'étant pas pourvu de l'énorme machinerie que mettent en place sur scène les anciens collègues de New Order, ce sont des versions plus brutes qui nous sont jouées, où la guitare et évidement les basses de Peter et Jake dominent. Des versions un peu moins bondissantes et peut-être un peu déconcertantes surtout sur les morceaux les plus électro comme Bizarre Love Triangle, Subculture ou The Perfect Kiss. Reconnaissons ici que c'est bien la voix si atypique de Bernard Sumner qui donne tout son style à New Order, ainsi le chant est laissé à David Potts pour les titres qui requièrent un timbre plus aigu. Même si la tournure plus rock des évènements fait mouche, le côté dancefloor si jouissif en live des mancuniens manque cruellement. On ne boude cependant pas son plaisir à l'écoute de Blue Monday, True Faith et Everything's Gone Green et on continue, dans un coin de notre petite tête, d'espérer un jour retrouver la ligne de basse monstrueuse de Hooky au sein de sa formation d'origine.


Une nouvelle petite pause de dix minutes et Peter Hook & The Light reviennent sur scène, cette fois ci pour passer aux choses sérieuses. La quasi-totalité des présents est venue pour se plonger dans la dimension Joy Division, et avec Substance, c'est dans les sources du post-punk que nous nous immergeons. La scène britannique actuelle regorge de formations issues de ce mouvement, toutes se réclamant de l'héritage de Ian Curtis, Peter Hook, Bernard Sumner et Steven Morris. C'est donc une masterclass à laquelle assistent les spectateurs, la puissance dégagée par Hooky sur scène et le soin apporté à rendre quasi intact son interprétation d'il y a quarante-cinq ans est impressionnante. Son chant plus profond sied parfaitement au répertoire brut de décoffrage de Leaders Of Man, Digital et Warsaw, des morceaux fondateurs sans qui rien ne serait arrivé. L'ambiance de ce second set se métamorphose, la fosse s'agite véritablement, à tel point que Peter est obligé de s'interrompre pour faire évacuer des spectateurs bien trop excités et devenus indélicats.
On retrouve d'autres grands morceaux issus de Unknown Pleasure et Closer, comme New Dawn Fades, Disorder, en plus de She's Lost Control dans laquelle Hooky met toujours énormément de passion. Le show se termine sur Love Will Tear Us Apart qui nous est dédicacée à tous, The Eternal et Decades, dont la solennité et la puissance clouent toujours le public sur place.

Deux heures trente de show à toute allure, alternant entre le fun et la nonchalance de New Order et la férocité comme la subtilité de Joy Division. Un spectre de taille, qui recouvre plus de quarante ans de musique et dont Peter Hook peut s'enorgueillir d'en être un des géniteurs. A bientôt soixante-neuf ans, Hooky perpétue sa transmission sans relâche, et ses leçons continueront ainsi à être mises en pratiques encore bien longtemps par les générations à venir.
setlist
    Crystal
    Regret
    What Do You Want From Me?
    Ceremony
    Everything's Gone Green
    Blue Monday
    Confusion
    Thieves Like Us
    The Perfect Kiss
    Sub-Culture
    Shellshock
    State Of The Nation
    Bizarre Love Triangle
    True Faith
    ---
    New Dawn Fades
    Isolation
    Disorder
    Warsaw
    Leaders of Men
    Digital
    Autosuggestion
    Transmission
    She's Lost Control
    Shadowplay
    Incubation
    Dead Souls
    Atmosphere

    Love Will Tear Us Apart
    The Eternal
    Decades
photos du concert
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