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Peter Hook & The Light

Paris, Trabendo - 17 décembre 2012

Live-report par Cyril Open Up

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Des punks, des costards-cravates, des vieux, des jeunes, des filles, des garçons, voici donc à quoi ressemble le public qui s'est déplacé au Trabendo ce soir. Mais qui sont-ils donc venus acclamer ? Néophytes et fans invétérés sont présents en masse pour communier sur les morceaux de Joy Division revisités par son ancien bassiste et sa nouvelle formation Peter Hook And The Light.

Sur les coups de 20h00 alors qu'aucune première partie n'était mentionnée à l'entrée de la salle (ni même ailleurs), les normands The Lanskies officient dans le rôle d'ambianceurs. Le joufflu et souriant chanteur de Liverpool Lewis Evans, casquette vissée sur la tête et micro en main, nous accueille en français dans le texte avec un léger accent. Avec ses quatre compères, ils affrontent une foule pour le moment clairsemée. Lewis utilise la flatterie (vous êtes beaux) pour tenter de faire approcher les gens de la scène. Il prend des poses théâtrales un peu trop marquées, nous raconte par le détail tout le stress que ce concert engendre chez lui (dont on épargnera les détails scatologiques). Les spectateurs se montrent patients mais pas vraiment passionnés par leur gentil punk-rock po(m)peux. Le chanteur l'a bien remarqué puisqu'il évitera soigneusement (pour ne pas risquer un accident certain) de se lancer dans une tentative de stage-diving comme il en a l'habitude. Leur tube Bank Holiday fera un peu dandiner le public qui s'amoncelle, plus dans l'attente de ce qui suit que par engouement.

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Les roadies s'activent afin de changer le matériel, les rangs se resserrent puis une personne prend le micro pour nous lire quelques mots griffonnés en anglais quelques instants auparavant par Peter Hook. Ce dernier se dit très heureux d'effectuer ce dernier concert pour 2012 au Trabendo, nous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année puis nous laisse avec les enceintes qui crachent du Kraftwerk avant que les choses sérieuses ne démarrent réellement. Inutile de te présenter Joy Division, groupe de post-punk formé en 1976 à Manchester avec Bernard Sumner à la guitare, Peter Hook à la basse et aux choeurs, Stephen Morris à la batterie et le légendaire et épileptique Ian Curtis au chant. Suite au suicide de ce dernier, le groupe durera à peine quatre ans durant lesquels deux albums studio verront le jour, Unknown Pleasures en 1979 (rejoué par Hooky et son groupe ici-même en mars 2011) et Closer en 1980, raison de notre venue ce soir.

Pour démarrer, le groupe se chauffe avec quelques B-sides et autres raretés avant d'interpréter consciencieusement les neuf morceaux de l'album dans l'ordre et sans temps mort. Portant fièrement un T-shirt Unknown Pleasures, Hooky assure la partie vocale et quelques tapotages de basse, la majorité du jeu de cet instrument étant laissé à son fils. Nous voici transportés à la grande époque de Factory Records, la quatre cordes omniprésente, le chant apocalyptique se mêlent dans nos têtes qui s'enivrent de ce saut dans le passé.
Isolation et ses coups de batterie glacés provoquent les premières agitations de la fosse. Peter Hook félicite son guitariste d'une franche accolade. Son groupe The Light est désormais plus que rodé à l'exercice et Peter emporté par leur fougue juvénile déborde d'une énergie qu'on ne lui connaissait plus. Tous ces morceaux qui ont marqué le début des années 80 de leur empreinte se succèdent les uns après les autres sous de copieux et fournis applaudissements. Certes, Peter Hook est, à n'en pas douter une seconde, moins charismatique que l'inégalable Ian Curtis mais il ressuscite brillamment cette musique des ténèbres qui a tant influencé des formations actuelles telles que The Horrors, TOY ou même Editors. Il nous donne à cette occasion une leçon d'histoire par la démonstration de ce que nos aïeux (je n'ai pas connu cette période faute à mon âge pas encore assez avancé finalement) ont pu éprouver en leur temps face à ces obscures sonorités.

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Pour Decades, Peter s'empare d'un clavier à bouche et prolonge le morceau d'un peu d'instrumental non présent sur la version originale. Il s'éclipse en coulisses tout comme les membres de The Light à tour de rôle. Une heure s'est écoulée sans que l'on ait eu le temps de la voir défiler. Les bruyants encouragements de la foule font revenir Peter une cigarette à la main, qu'il offre à une spectatrice du premier rang, et ses coéquipiers avec le rare et punchy titre These Days avant un Best Of composé de trois morceaux tirés de Unknown Pleasures pour le plaisir de ceux qui étaient absents la fois précédente, dont les diaboliques She's Lost Control et Shadowplay et leurs rythmiques martiales.

Seconde sortie de scène puis Hooky et sa bande sont de retour avec l'hymne punk aux accents surfeurs Digital, le court The Drawback avant de laisser place aux titres les plus attendus que sont Transmission, lors duquel Peter laisse chanter le refrain "Dance Dance Dance To The Radio" à une fan, et l'incontournable et fédérateur Love Will Tear Us Apart usé jusqu'à la moelle, qui préfigurait déjà un peu le tournant vers New Order. Une nouvelle pause puis tout le monde revient pour un dernier effort avec Ceremony. Tout premier morceau de New Order justement, le groupe fait une fois encore mouche et nous laisse ainsi sur notre faim prêts à signer à nouveau dans les années à venir pour leurs prochaines venues avec le répertoire de ce groupe dont Peter Hook ne fait désormais plus partie, un peu comme la vue d'une bande-annonce d'un alléchant blockbuster.

Pour satisfaire tout le monde, Hooky achéve le show par un solo de basse récoltant une jolie note à l'applaudimètre puis clôture le tout d'un délestage de T-shirt qu'il prend plaisir à lancer dans le public tel Morrissey et ses légendaires chemises. Finalement tout cela n'est pas plus mal, car vue la qualité de ses dernières prestations dans cette configuration, on ne peut que se réjouir à l'idée de bientôt revoir Peter Hook briller avec sa nouvelle formation puisant dans le conséquent catalogue de ses anciens camarades. Alors reviens-nous vite Peter, bonnes fêtes et à la prochaine !
setlist
    Atmosphere
    Dead Souls
    Leaders Of Men
    Novelty
    Atrocity Exhibition
    Isolation
    Passover
    Colony
    A Means To An End
    Heart & Soul
    Twenty Four Hours
    The Eternal
    Decades
    ---
    These Days
    Disorder
    She's Lost Control
    Shadowplay
    ---
    Digital
    The Drawback
    Transmission
    Love Will Tear Us Apart
    ---
    Ceremony
photos du concert
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