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Peter Hook & The Light

Paris, Trabendo - 10 mars 2011

Live-report par Jean-Christophe Gé

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A 55 ans, Peter Hook a décidé de ne plus s’embêter. Non pas qu’il ait vraiment été du genre à se laisser marcher sur les pieds par le passé, mais après s’être fait virer de son groupe par les autres membres fondateurs de New Order après trois décennies de collaborations parfois chaotiques, il a décidé de réunir un petit groupe et de célébrer à sa manière les trente ans de la mort de Ian Curtis en rejouant les chansons de Joy Division sur scène. A la mort de celui-ci, c’est Bernard Sumner qui avait imposé sa voix, ses comparses pensant de lui qu'il était le meilleur chanteur. A écouter New Order, on peut imaginer ce que valaient à l’époque les performances des autres.

 

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De l’eau a coulé sous les ponts, Peter Hook a appris à chanter et a monter un groupe qui s’est approprié le répertoire de Joy Division pour livrer des concerts authentiques et dépouillés qui ne sombrent pas dans les simagrées. Tout cela se passe en famille ou entre amis : deux des membres du groupe ont joué avec Peter dans Monaco (side project entre 1995 et 2000) et la basse est tenue par Jack Bates, son propre fils.
Se prenant au jeu, de répétitions en concerts événements, c’est toute une tournée qui prend forme. Ainsi, c’est un Trabendo complet que Frustration chauffe de son rock post-punk vintage estampillé 1980. Les instruments et leurs effets ont du être acheté dans une brocante tant on croirait franchement entendre Marquis de Sade, Siglo XX ou Stockholm Monsters, tous ces groupes au son froid qui n’ont pas passé le cap des années 90s pour rester dans la face oubliée du mythe.
Peter Hook and The light ont choisi Trans Europe Express de Kraftwerk pour monter sur scène. Ils entament le set par Atmosphere, probablement la chanson de Joy Division que j’aime le moins. Après cela, il ne pourra y avoir que du bonheur. Dès les premières lignes de chant, on s’aperçoit que Hookie peine à gérer simultanément sa voix et la basse. La plupart du temps, il se contente de jouer les introductions et quelques notes pendant les refrains. Et même s’il l’utilise peu, voire pas du tout sur certains titres, il ne lâchera jamais son instrument qu’il porte autour du coup comme un talisman. C’est le moins que nous sommes en droit d’attendre d’un bassiste à l’origine de nombreuses vocations.

 

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Après ce single un peu mou, le groupe entre dans le vif du sujet avec deux extraits du premier disque de Joy Division (An Ideal for Living) et balancent No Love Lost et Leaders Of men, des morceaux bruts et lourds. Quitte à sortir des sentiers battus, s’ensuivent Glass et Digital apparus sur le premier disque de leur label Factory. Le guitariste a retouché les effets de sa guitare cryogénisée depuis plus de 30 ans, qui a finalement évolué et mûri.
Suffisamment en jambe, le groupe est prêt à attaquer le plat de résistance de son set. Il saute son single Transmission, joué en rappel, et sa face B, Novelty, dont l’oubli est le seul regret de ce concert. C’est tout l’album Unknown Pleasures que le groupe joue, dans l’ordre d’origine. Mais là encore, quelques additions mélodiques tiennent de la surprise : la guitare de Candidate est plus psyché et plus désemparée. Il y a aussi des classiques qui ne changent pas : New Dawn Fades, une des chansons les plus touchantes de l’album, est également un des moments forts du concert.
Les titres s’enchaînent, le groupe maîtrise bien mieux son set que lors du concert de Section 25 il y a quelques années, devenu le sujet de blagues pour fans et amis. Peter Hook échange quelques mots avec son groupe entre les morceaux, mais jamais avec le public. Ce n’est pas une attitude hautaine, le bonhomme est plutôt avenant, mais comme le dit ma grand-mère, quand on n'a rien à dire, on ne dit rien. Peter Hook est là pour chanter et s’éclater, c’est tout et c’est l’essentiel. Tout l’album y passe jusqu’à I Remember Nothing, les membres du groupe quittant la scène les uns après les autres pendant les dernières notes chaotiques de cette complainte industrielle.

 

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Peter Hook commence le rappel par un « merci beaucoup » en français avant de hurler « 3, 5, 0, 1, 2, 5, Go! », l’introduction de Warsaw, morceau punk et nom de la première incarnation de Joy Division. S’ensuivent les deux plus gros « hits » du groupe : Transmission et Love Will Tear Us Apart. Ce dernier est dédié à leur ami Michel Duval, cofondateur de Factory Benelux et des Disques du Crépuscules, sans qui Joy Division et New Order n’auraient pas été ce qu’ils sont devenus, dixit Hookie. Ainsi s’achève ce concert, plus long que n’importe quel concert original de Joy Division (qui dépassait rarement l’heure). Il ne reste plus qu’à espérer que le groupe repassera par chez nous pour interpréter Closer.
setlist
    Atmosphere
    No Love Lost
    Leaders Of Men
    Glass
    Digital
    Disorder
    Day Of The Lords
    Candidate
    Insight
    New Dawn Fades
    She's Lost Control
    Shadowplay
    Wilderness
    Interzone
    I Remember Nothing
    ---
    Warsaw
    Transmission
    Love Will Tear Us Apart
photos du concert
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