Katy J Pearson

Après un rendez-vous manqué en février et une première partie pour The Last Dinner Party à l'Olympia, Katy J Pearson vient enfin présenter à Paris Someday, Now, son dernier album, et se jette dans le Petit Bain.


Avant cela, c'est la française Bleu Reine qui ouvre la soirée, seule avec sa guitare et son clavier. Sa musique très mélodique aux ambiances romantiques, au sens de la littérature du XIXème siècle, pas des comédies, et son look un peu gothique renvoient à la cold wave délicate des anglais d'And Also The Trees alors que sa voix aiguë qui part parfois dans des harmonies lointainement médiévales rappelle des souvenirs de Collection d'Arnell-Andréa. Pas besoin d'aller chercher des références anciennes, Bleu Reine a aussi invité Alcest sur son dernier album.
Le son de sa guitare est cristallin et les arrangements soignés pour fonctionner en solo avec quelques pédales et deux pieds de micros coincés autour du synthé. Le set est un mélange de nouvelles et anciennes chansons que l'artiste a envie de nous faire découvrir. Sur des arpèges de guitares joués par le looper elle peut faire un pont avec un gros son de basse écorché comme un violoncelle. C'est surprenant et intéressant. Le même soin est apporté à son look : crucifix, bracelet osselets, long kilt sombre, top noir, corset résille et une bonne paire de docs montantes. Elle nous dit être un peu stressée après un an sans concert et un set qu'elle regrette presque d'avoir voulu ambitieux. Ce combat avec les éléments sert bien la fragilité et la franchise des chansons. Loin de s'essouffler, le jeu gagne en intensité sur la fin avec un nouveau titre fort contre la prédation dans le monde de la musique, le volume monte sur la boîte à rythme et la guitare a un flanger au bord de la distorsion. Enfin son Cavalier Seul nous laisse plombés au bon sens du terme. On aura sûrement l'occasion de revoir la chanteuse et je suis curieux d'écouter l'album à venir.


Pendant la pause on peut jeter un œil au stand de merchandising, assez original, avec notamment une carte de la tournée européenne qui qui se serait tenue dans un roman d'Heroic Fantasy. Puis Katy J Pearson et ses trois musiciens montent sur scène au son de Kelly Watch The Stars de Air, clin d'œil amusant pour ce qui est peut être le seul groupe français en activité que des popeux anglais peuvent citer. C'est aussi un bon morceau pour enchaîner sur Those Good Byes et son léger accent de New Order dans le refrain qui arrive naturellement dans une musique tirant pourtant vers le folk. On commence donc par se dire au revoir comme sur l'album. Le morceau est entraînant et donne le ton. Ainsi, même Beautiful Soul, plus mélancolique, reste entraînante.
Alligator, dans une version plus électrique avec deux guitares et une basse, a une sacré pêche et ressemble un peu moins à une comptine d'émission TV pour enfant. D'autant que la scénographie est minimaliste avec juste des lumières colorées et des mousses jaunes rouges et vertes sur les microphones. La musique est aussi sans artifices, avec juste quelques samples lancés par le batteur, mettant en avant le jeu des musiciens et la voix de Katy J Pearson, parfaite aussi bien en live qu'en studio, même sur des morceaux qui ne tolèrent aucune erreur comme It's Mine Now.

Talk Over Town est aussi particulièrement réussie avec ses changements de rythmes et d'ambiances dans la chanson. Cette ballade donne des envies d'évasion et on se met à rêver que la barge de Petit Bain se détache et nous emporte à l'aventure. Pas trop loin, mais ce serait tout de même rudement sympa de ressortir dans le quartier latin en face de l'Île de la Cité. La rêverie se poursuit justement avec Siren Song. Katy nous présente une nouvelle chanson, Lucky Star. Comme elle change presque de style à chaque album, on est d'autant plus curieux de la découvrir : cela semble être plutôt à retour à ses sources folk.
Tous sont heureux de jouer et cette première date de la tournée européenne se passe très bien, ce qui semble presque surprendre le groupe qui redoutait un peu de se produire un lundi soir. Peut-être trop en confiance, Ben, le guitariste rate copieusement le début de May Be. Le public l'encourage, mais ça n'aide pas sa concentration. Le bassiste le regarde hilare en attendant le prochain pain. Le groupe s'amuse et nous aussi jusqu'à ce qu'ils reprennent la radio et qu'ils quittent la scène.

Après un bref interlude, ils reviennent très vite pour Tonight et Sky. Le set se termine comme Someday, Now, la setlist de ce soir aura plus ou moins suivi son tracklisting avec quelques titres de ses deux précédents albums intercalés ici et là. Comme Katy l'aura fait remarquer, c'était lundi et on peut dire que la semaine aura sacrément bien commencé.