En amont du marathon de la Block Party qui se déroulera du 29 au 31 mai avec une programmation XXL (120 concerts sur 10 lieux), le Supersonic nous propose durant quelques semaines de revivre les grands moments des éditions précédentes avec la venue de groupes découverts alors. Pour ce mercredi soir, nous retrouvons Nixer et Gloop Unit, présents en 2023, ainsi que Adult DVD, qui faisaient trembler le club il y a tout juste un an pour l'édition 2024. Direction le Supersonic club, dans sa nouvelle configuration, maintenant débarrassé de l'escalier qui a été habilement excentré pour accroitre la visibilité sur la scène et munie de ses barrières anti-écroulement, certes peu séduisantes mais diablement efficaces pour stopper les vagues de joyeux pogoteurs qui s'affalent sur le matériel. Ce soir, la tendance sera electro-pop, nos trois formations toutes armées de multiples artifices électroniques pour nous donner ce mélange si addictif de guitares, batterie et beats dignes des plus grands clubs.

La soirée débute avec probablement un des deux seuls groupes sur lesquels nous avons dû techniquement faire l'impasse en 2023. L'enchainement des concerts menant fatalement à un effet d'entonnoir, nous avions alors tiré un trait sur
Nixer. Nous rencontrons enfin le duo irlandais composé de Seán Keenan and Simon Gardner, deux jeunes mecs de pas vingt-cinq ans ayant sorti leur premier EP l'an passé,
I hit the town and the town hit me back. Sept morceaux entre electro, dance, quelques beats puisés dans le passé glorieux de Beastie Boys et le petit brin de guitare qui rappelle que de nos jours, le rock prend toute son ampleur sur un dancefloor.
Assumant la lourde tâche d'ouvrir la soirée, c'est donc face à un public réduit que Seán prend le micro, et décide pour briser la glace de nous narrer ses meilleurs souvenirs de fiestas et leurs lendemains tout embrumés, évoque son dernier passage à Paris alors dans la cave de la Seine Café, et en profite pour s'excuser de son accent irlandais très prononcé. Ceci ne l'empêche pas de se joindre aux spectateurs, de leur tendre le micro ou d'aller danser avec eux. Le club étant par défaut peu illuminé, ce dernier aura trouvé l'astuce de déambuler avec une mini lampe torche braquée soit sur son visage, soit sur celui des présents. Les deux garçons n'étant armé que de guitares, toute la bande son se fait via l'ordinateur portable et la beat box plantée sur scène, ce qui ne manque pas de donner un petit côté bidouille qui n'est pas pour nous déplaire. C'est en effet une ambiance « musique de garage » qui se dégage du set de Nixer, et l'extrême bonne humeur des deux compères nous donnent envie de rattraper notre retard à l'écoute de leur EP et de les retrouver prochainement en live, idéalement avec un vrai batteur, ce qui donnerait beaucoup plus de carrure au tout.

La suite se fait avec
Gloop Unit. Aperçus également dans la pénombre de la Seine Café en 2023, la forme du groupe a évolué depuis. De trio sans batterie, le groupe se présente à nous avec un batteur et une rangée de quatre synthétiseurs de différentes tailles et formes. La basse a disparu en faveur d'une clarinette et la guitare ne fera que de rares interventions. Tout comme Nixer avant eux, le gros du travail passe au travers du tapis de câbles qui recouvre la scène du Supersonic, et l'ambiance de ce set se verra teintée d'une belle couche psychédélique ambiant. Gloop Unit ont depuis la Block Party sorti leur premier EP
Gloopus Operandi. Ce dernier est un recueil de morceaux très aériens, à la limite parfois de l'expérimental, et leur interprétation en live se voit définitivement embellie, surtout grâce à cette batterie puissante qui apporte du corps à ses mini odyssées de plus de cinq minutes chacune. Gloop Unit se dirigent donc vers une pop psyché teintée d'énormes nappes electro qui viennent souvent casser le rythme, pour notre plus grande surprise. Il est à nouveau délicat de définir avec précision le style de Gloop Unit, seul le live peut alors donner une idée de la direction que prennent ces quatre garçons, jusqu'à la prochaine où il est fort probable qu'ils empruntent à nouveau des sentiers auxquels on ne s'attend pas.

Nouvelle petite pause, toujours sous le vent glacial de la soufflerie qu'il va falloir un de ces quatre saboter nous même pour cesser de ressortir de soirée avec une sinusite, et voici enfin l'arrivée de
Adult DVD. C'était donc il y un an (à quelques jours prêts) que nous faisions la découverte de ce groupe au nom improbable, en fin d'après-midi donc encore éclairé par les rayons du soleil parisien, ce qui n'est pas chose courante rue Biscornet. D'emblée, on a cette impression d'allégresse partagée, une envie fulgurante de danser tout son saoul à l'heure du goûter, et une bande de six copains aux no-looks typiquement anglais, tendance nord vers Leeds, berceau d'un nombre important de pépites indés quasiment toute adoubées par Sound Of Violence depuis leurs débuts.
Nous avions quelques mois après de quoi nous mettre un peu de biscuit sous la dent avec leur premier EP
Next Day Shipping, petit bijou rempli de mini tubes electro pop bondissants mais pas que, les musiciens sachant piocher leurs influences chez les plus grands tels The Prodigy ou Chemicals Brithers. Ce soir, le groupe revient en ami, et face à un public encore un peu timoré malgré les 22h passées, viendra un peu par provocation rappeler qu'il y a un an de cela, il faisait ses débuts sur cette même scène, mais avec un public beaucoup plus remuant. Il n'en fallait pas plus pour que les Parisiens prennent la mouche, et nous voilà dès le troisième morceau avec une mini fosse qui se déchaîne enfin (et c'est à ce moment là que malgré leur laideur, nous validons l'installation des barrières anti-pogo).
En plus de nous jouer ce qui est devenu leur « tube »,
Bill Murray, Adult DVD nous gratifient de deux inédits
Elevenerife et
Real Tree Life, qui persistent dans la géniale tendance electro punk toujours mâtinée de ce côté rétro « Nes 8 Bits », le tout sous les spotlights anarchiques du club. C'est un sourire qui gagne de plus en plus le chanteur Harry, grâce à l'ambiance qui monte crescendo avec ce final nous faisant définitivement tomber la doudoune tant la fosse dégage une énorme vague de chaleur en sautant partout. C'est un sacré succès que remportent Adult DVD en réussissant d'un claquement de doigt à faire bouger tout le club malgré le nombre restreint de présents, et on espère pour une prochaine fois pouvoir profiter des six garçons dans une salle un peu plus conséquente, afin de les voir à leur tour se rependre sur une scène sans risquer de se marcher dessus ou de renverser leur armada de claviers par terre.
Ce fut donc une excellente soirée de « warm-up » pour nous mettre en jambe avant la semaine prochaine, où il nous tarde déjà de faire notre première récolte de nouveaux sons pour cette année 2025, les programmateurs du Supersonic étant des alliés de choix dans notre mission de défrichage des futurs gros noms indés britanniques et irlandais.