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Just Mustard

Paris, Point Éphémère - 24 septembre 2025

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Malgré une promo discrète, le concert de ce soir affiche complet pour l'une des rares dates de Just Mustard cet automne. Un mois avant la sortie de leur troisième album, les Irlandais s'offrent une mini-tournée pour se mettre en jambe. Ils ont choisi de jouer dans des salles qui leur sont chères et c'est avec une certaine gourmandise qu'ils retrouvent le Point Ephémère. Le concert qu'ils y avaient donné en 2019 était le tout premier qu'ils jouaient en dehors de l'Irlande et du Royaume-Uni. Ils avaient alors été épatés par l'accueil réservé par l'équipe de la salle, et notamment par le catering, apparemment à la hauteur de la réputation gastronomique de la France. Depuis, le groupe a joué un peu partout dans le monde, y compris en Amérique latine en première partie de The Cure. Ce retour à Paris a donc tout d'un petit retour aux sources.


Ce soir la première partie est assurée Darko's Aufhebung. Ne vous fiez pas au nom et potassez des cours de philo, ils ne viennent pas d'Aix-la-Chapelle mais d'Aix-en-Provence. Less is more dit-on en anglais : ils n'ont beau être que trois, chaque élément est particulièrement travaillé. La basse, au son très singulier, prend une part du lead mélodique, la batterie se montre inventive, et la seule guitare produit assez de bruit pour trois. Si les instruments fonctionnent parfaitement, la voix de la chanteuse met un peu de temps à se chauffer et celle du guitariste peine parfois à s'harmoniser. Pourtant, de vrais moments de grâce surgissent, comme ce morceau ambiant où une voix cristalline se superpose à différentes mélopées enregistrées en boucle avant de se heurter à un mur de son de guitare sur l'enchaînement entre Phanaikelûth et Stone Ocean. Leurs compositions shoegaze avec un brin de cold wave curiste constituent une très bonne ouverture pour Just Mustard. On a envie de suivre leur évolution, tant ils semblent aimer expérimenter et explorer de nouvelles textures sonores.


Lorsque les musiciens de Just Mustard montent sur scène, la concentration est palpable. Les deux guitaristes, le bassiste et la chanteuse s'alignent de front, devant la batterie. Même s'ils revendiquent leur volonté de s'affranchir de leurs influences, David Noonan arbore un t-shirt Darklands de The Jesus And Mary Chain, tout un symbole. Dès les premières notes, ce qui frappe le plus, c'est la netteté du son, essentielle pour un groupe qui joue autant sur les distorsions et les effets. Les guitares oscillent entre scie sauteuse et arpèges cristallins, portées par une puissance impressionnante qui contraste avec la voix douce et éthérée de Katie Ball.

La setlist parcourt toute leur discographie, tout en offrant une large place au nouvel album à paraître. Un sacré pari, car à part deux singles, le public les découvre en direct. Pari gagné : le jeu est maîtrisé, les émotions traversent chaque morceau, et l'homogénéité du set force l'admiration. Même si leur son a beaucoup évolué en trois albums, les titres s'enchaînent avec fluidité, embarquant la salle dans une odyssée planante et électrisée.


Alors que l'on flotte entre rythmiques hypnotiques et murs de distorsion, une spectatrice éméchée menace de déclencher une bagarre. David dépose sa Fender et plonge dans le public pour les séparer. Puis il reprend le concert comme si de rien n'était. Incident clos, la tension musicale reprend de plus belle : guitares abrasives, rythmes implacables, sirènes stridentes jaillissant de nappes sonores. Dan chante peu, mais quand il chante, il donne tout comme sur Deaf, morceau iconique de leur premier album.

Le set est tendu de bout en bout et le final monumental. On croirait même que des effets sont appliqués sur la batterie, tant chaque instrument vibre et sature. La montée sur Seed est implacable, digne d'un set de Mogwai en pleine transe. Nous pourrons dire que nous y étions, et il n'y a plus que quelques semaines à attendre avant la sortie de WE WERE JUST HERE, un album très prometteur.
setlist
    Seven
    POLLYANNA
    I Am You
    SILVER
    SOMEWHERE
    Pigs
    Deaf
    Frank
    Tainted
    THAT I MIGHT NOT SEE
    WE WERE JUST HERE
    ENDLESS DEATHLESS
    Seed
photos du concert
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