Pete And The Pirates
The Kills

Je pensais arriver en retard et m’étais résigné à rater les deux premiers groupes, les deux têtes d’affiches étaient suffisamment alléchantes pour espérer une bonne soirée. Et puis de hasards, en chance, j’ai pu arriver à temps, bien m’en a pris, car c’est des deux groupes inconnus qu’est venue la surprise.

Quand j’arrive dans l’Olympia, il n’y a pas grand monde et un éclairage surpuissant sur la scène encore vide fait vraiment penser à un plateau TV. La tournée est organisée dans le cadre des Musicales de Canal+. Heureusement il s’agit bien d’un concert, ou d’un mini festival, pas de plateau, d’interview ou de poses sur scène. Tous les groupes ont oublié les circonstances. Pour le public cela aura été plus dur, deux énormes caméras sont plantées au milieu de la fosse.

Il est 19h, la régie commence à s’affoler, il faut encore attendre une petite dizaine de minutes avant l’arriver de Pete And The Pirates sur scène. La première impression est bonne, les cinq garçons sont bien en ordre (un batteur, un bassiste et pas moins de trois guitaristes). Il y a au moins deux et parfois trois voix en simultanée sur chaque chanson ce qui donne une sonorité plus originale à leur pop rock très british. Leur attitude un peu négligée et débonnaire donne l’impression d’une bande de pirates un peu branleurs qui vivent de petite rapine plutôt que d’abordages sanglants. C’est très plaisant, le groupe évolue dans un petit monde qui a l’air de les rendre heureux. Musicalement c’est un croisement entre les Mystery Jets et les Libertines, du rock psyché au format pop et court. Leur set dure une demi-heure, ce qui est bien pour une première approche du groupe.

Après « un entracte de vingt minutes offert par l’Olympia » (dixit le message enregistré diffusé dans la salle), The Blakes entrent sur scène. Ils ne sont que trois avec un look plus sale et plus sauvage. Ils balancent des bonbons au public et une musique avec des croisements étonnants. Sorte de Motörhead de chambre pour l’aspect cuir et grosse voix, et U2 pour les mélodies et le son plus clair de la guitare, leur musique mériterait probablement une réécoute pour mieux rentrer dedans. En tout cas, le groupe est bien rôdé et avec leurs cheveux sales, leurs cuirs et leurs lunettes noires ils sont prêts à remplacer dans les festivals anglais des Black Rebel Motorcycle Club trop obsédés par le blues.

Il est 21h quand monte sur scène une des deux têtes d’affiche, et ce sera The Kills. Le début du concert est un peu poussif, le duo a l’air moins retourné par ses nouvelles chansons qui sonnent pourtant très bien sur album. VV arpente la scène de l’Olympia en prenant des poses façon défilé de mode, mais il manque la tension érotique sur laquelle ils pouvaient jouer lors de leurs précédents passages. Ils occupent aussi beaucoup plus la scène. Aujourd’hui ils jouent plus avec le public qu’entre eux, dommage j’aimais bien quand ils évoluaient dans un mouchoir de poche en se lançant des regards de braise. Il faudra néanmoins attendre No Wow de leur album précédent pour qu’ils reprennent ce petit jeu, toujours aussi efficace. Le groupe quitte la scène après une petite heure, ce qui est à mon avis le bon timing pour une performance de The Kills, leur force étant dans la tension qu’ils mettent (ou pas) dans leurs morceaux... ça ne tient pas trop la durée ces choses là.

Il suffit de quelques accords pour se rendre compte que The Gossip, est la tête d’affiche évidente de la soirée. Leur présence scénique est énorme, et ce n’est pas une réflexion facile sur le physique de Beth Ditto, ils savent tenir leur public et le faire danser. Même si le groupe ne fait jamais dans la retenue, Beth a été particulièrement vulgaire ce soir : pets, rots et crachats se sont régulièrement enchaînés entre les titres, niveau garçon de 4 ans, dommage. C’était peut être pour faire la maligne devant les caméras, mais Emma de Caunes ce n’est quand même pas Patrick Sébastien, quelqu’un l’aura mal briefée.

Depuis son précédent passage, le groupe a pris du galon. Il se sont octroyés les services d’un bassiste sur quelques titres, car auparavant c’est Brace Paine qui alternait entre basse et guitare selon les morceaux. Maintenant ils se trouvent tous guitarisés. Le concert en revanche est moins électrique qu’à la Cigale. Est-ce la notoriété, la vibes de l’Olympia, la fatigue du groupe, ou la mienne, mais je trouve que les morceaux s’enchaînent moins bien. Après un passage en forme de tornade j’en attendais trop, le concert qu’ils nous livrent ce soir reste très bon. Le set s’achèvent d’ailleurs par un Listen Up magistral, la scène est envahie par une trentaine de danseurs, parmi lesquels les deux Kills. Le morceau se termine par un larsen en suspension, le groupe quitte la scène et les danseurs sont évacués.

Le groupe revient très vite, pour une reprise du Careless Whisper de George Michael et un Standing In The Way Of Control qui fait remuer les membres de tout le public et trembler les murs de l’Olympia. Je ne sais pas si les caméras de Canal+ auront réussi a capter une image stable de cette chanson, impossible de l’écouter sans sauter dans tous les sens.

Il y a un dernier rappel, car c’est tout de même l’Olympia. Beth revient seule et chante les premiers lignes de La Vie En Rose, très vite couverte par le public qui la suivra très bien jusqu’au bout du premier couplet...