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Neon Neon

Paris, Palais de Tokyo - 1er juillet 2008

Live-report par Kris

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Neon Neon est une question de style. Projet à envergure artistique encadré dans divers canevas subjectifs, ce groupe crée par Gruff Rhys des Super Furry Animals et Bryan Hollon, aka Boom Bip, parvenait à imprégner son Stainless Style d’une vigueur surannée et affriolante. Les voici donc à Paris pour une petite soirée Stage Of The Art au Palais de Tokyo. Neon Neon que l’on trouverait ovni se mêle finalement plutôt bien au cadre. Entre une première partie, S.C.U.M., aux sonorités krautrock intéressantes mais totalement ruinées par des expérimentations foireuses sur la non-voix du non-chanteur, laissant uniquement sur scène un groupe aux allures de poseurs anorexiques, et une exposition d’art contemporain où se mélangent éléphant inversé, explosions de bouteilles en verre, dépotoir et Retour Vers Le Futur sur une télé, on se dit que Neon Neon doit plus ou moins bien se trouver à la bonne place.

Le groupe débarque, sans se presser, presque sur la pointe des pieds. Les grosses têtes se font discrètes et se contentent de déballer leurs principaux attributs dans une salle où la chaleur se fait traîtresse. Rhys derrière son micro, incrédule, nonchalant, Hollon en arrière-plan, derrière les réglages, devant les détails. Mais l’entrain sous-jacent à la musique de Neon Neon n’a pas l’air de mise ce soir. Très directif sur disque, le son dissipé par le groupe perd de sa compactibilité et laisse sur scène des absences sonores. Les compositions déjà lentes se font alors d’autant plus ressentir lorsque les mélodies et arrangements se dispersent, et d’autant plus lorsqu’un Rhys indolent peine à nous prendre à mi-chemin sur des titres pourtant gagnants comme I Told Her On Alderaan ou Raquel.

Ce seront finalement les seconds couteaux de la soirée qui nous sauveront de l’apathie. Avec notamment la charmante galloise Cate Le Bon à la guitare qui entonne avec Gruff Rhys un I Lust You aux réminiscences Ladytronienne ; mais surtout avec l’Américain Sean Tillmann, aka Har Mar Superstar, véritable showman burlesque, sorte de Katerine croisé avec Gérard Baste des Svinkels. Il prend ainsi à son compte les chansons hip-hop de Stainless Style comme Trick For Treat ou Sweat Shop, insufflant à la soirée un semblant de respiration au sein de cette suffocation physique et morale. Rhys, libéré par les numéros de Tillmann, parvient donc enfin à tisser un semblant de lien avec un public de plus en plus remuant.

Ils auront pris leur temps, mais Neon Neon seront responsables de quelques litres de sueurs déversés. Entre séquences projetées sur la construction d’une Dolorean, les images subliminales de Michael Douglas et la lubricité de Raquel Welch, le groupe et son concept auront pu s’exprimer. Lentement mais sûrement.