Quoi de mieux que la mythique salle de l'Olympia pour passer la nuit avec le plus grand groupe du monde ? Les Last Shadow Puppets ont livré un show épique et majestueux à la hauteur de leur album et ont déjà joué le concert de l'année, que vous regrettez d'avoir loupé.
C'est certain, 2008 est plié, les autres peuvent aller se rhabiller.
A tout juste 19h30, une foule joviale et stylée s'amasse autour de l'Olympia. Il y a de la Wayfarer dans l'air. La mèche est rebelle et la clope toujours au bec. Certains hésitent à zapper la première partie pour aller boire quelques mousses tandis que d'autres attendent avec impatience la prouesse des prometteuses Ipso Facto.
Il est bien vrai que lorsque les 4 filles débarquent sur scène, un vent de cold wave balaie l'assemblée. Quelques notes de claviers frissonnantes, et autres morsures de guitare suffisent en quelques instants à faire chavirer la foule. Le rock d'Ipso Facto sonne comme le souffle du diable. La voix de Rosalie Cunningham se perd dans les profondeurs de la salle portée par le clavier névrotique de Cherish Kaya. Joined by the Swords, puis Little Puppet s'enchaînent envoûtant la fosse qui réagit à chaque accroc de guitare. Plus planant que sur les 2 singles du groupe, le son live d'Ipso Facto rappelle parfois les murmures d'Electrelane, le danger en plus. Ecrasée par le poids de sa guitare, Rosalie telle la reine des enfers scande le nouveau single Ears and Eyes et parvient à soulever la salle qui en réclame davantage. Concluant sur Queen Sophia the Last, le quartet quitte la scène, sous les acclamations d'une salle médusée.
Entracte. Re-clope et re-mousse avant le grand saut. Ça passe quelques coups de fil, histoire de narguer ceux qui sont restés à la maison. La première partie a su donné le ton et encourage cependant, chacun à regagner bien vite sa place pour guetter l'arrivée d'Alex Turner et de Miles Kane.
Premiers frémissements lorsque quelques membres de l'orchestre prennent place en fond de scène. L'attente semble interminable pour une foule très impatiente qui commence à taper dans ses mains pour finalement friser la crise d'hystérie lorsque les lumières s'éteignent. Le chef d'orchestre guide les premières mesures, effleure l'air et se laisse bientôt engloutir par un public devenu dingue, lorsque le groupe fait enfin son entrée. Accolade sur scène des deux compères qui empoignent leurs grattes. Les Last Shadow c'est une affaire d'hommes, de rock, mais surtout de potes. Alex salue la salle en français et engage le premier accord de Calm Like You submergé par le public. Prestation incroyable. Les voix des deux complices se confondent, s'entrechoquent, ricochent deci delà, contre une guitare ou un violon, ou choisissent de s'embraser sur le single The Age of the Understatement. Loquace, Alex introduit Black Plant, léger et acidulé comme la BO d'un James Bond tourné dans les 60's à Saint Tropez ou d'un Jacques Demy en plein Carnaby. Du grand art on vous dit. Demain, Turner et Kane pourraient se foutre sur le trottoir, produire une daube tecktonik qu'on leur pardonnerait quand même. On ne leur en voudrait même pas. On ne blâmerait jamais les auteurs de The Chamber, c'est ainsi. Les mecs en foutent plein la vue. Tout y passe. Le sensuel My Mistakes Where Made For You soulève les romantiques du coin et calme les ardeurs des autres, qui, on en est sûr, en fond de salle, eurent envie de verser une petite larme, repensant à cette histoire qui a foiré en plein mois de juillet... Et merde. Soudain, Turner prend la parole pour annoncer une surprise. La prochaine chanson se fera avec une invitée très spéciale. Devinez qui vient chanter ce soir ? Alison Mosshart, la tigresse des Kills, pour un Paris Summer à 200° sur scène et dans les premiers rangs ! Comme à son habitude, elle aura bien entendu tourné autour du micro, tel un fauve en cage prêt à se jeter sur son bout de viande, et susurré les paroles du titre d'Hazlewood, la crinière ramenée au milieu du visage. Après l'orgasme, elle embrasse chaleureusement les deux garçons puis rebondit en coulisses, après ce passage éclaire, laissant place à la suite. Du côté du balcon, certains sont debout et se dandinent sur l'énervé I don't Like You Anymore, craché en pleine figure, puis essuyé par le magnifique The Meeting Place. Chaque titre du groupe est la nouvelle plus belle chanson du monde, chaque syllabe prononcée par le duo, chaque frémissement de cordes confirme le niveau d'excellence des Last Shadow Puppets. Une affaire de mecs, de potes et encore une fois de duo : John/Paul, Mick/Keith, Pete/Carl...Alex/Miles. On y peut rien on vous dit, c'est comme ça. Le suave The Time Has Come Again conclut le concert, tandis que le groupe quitte la scène faisant mine de partir pour de bon. Moyennant quelques efforts du public, parmi les cris et les trépignements de milliers de voûtes plantaires simultanément, le groupe revient pour un rappel. Standing Next To Me ouvre le bal, suivi d'un Bowie et de In My Room, une autre chanson parfaite.
Le meilleur concert du monde, on vous dit.