Un mois à peine après sa sortie, Razorlight s’apprête à tester son excellent troisième album Slipway Fires, devant un Bataclan à la fosse ramolo du genou. Dommage, pourtant, le groupe était vraiment en forme…
A 20h30, les frétillants Housse de Racket, la formation la plus fan de Bjorn Bjorg de l'histoire du rock, remercie le public dans un tonnerre de synthïés et de projecteurs rouge flamboyant, tel la fin d'un show floydien au troisi_me degré, digne d'un Tellier sous perfusion de gingembre. C'est sous cette influence doucement aphrodisiaque qu'une poignée de personnes sort dehors fumer une cigarette sous une pluie battante et le regard attendri de vigiles congelés. La mélancolie du dernier opus du groupe Razorlight a visiblement fait des émules et provoqués d'intenses débats entre fans de la première heure et amateurs de Wire to Wire et autre Hostage of Love.
La salle quasiment pleine trépigne enfin lorsque les lumières s'éteignent. Johnny Borrell arrive sur scène, charmant et dandy à souhait, avec un grand manteau et le petit cardigan bordeaux de papa. Le groupe commence évidemment par l'une des plus belles chansons du monde, à savoir Golden Touch. Bien décidé faire danser le Bataclan, Razorlight enchaîne sur In the Morning. La fosse semble vouloir s'envoler, mais avec difficulté. Pourtant, quelques groupes d'anglais sont dans la salle, bière à la main, et gouaille pleine de « yeahh » et de « fucking » à chaque virgule.
Le groupe revient sur le premier album avec le très bon Don't Go Back to Dalston et surenchérit avec un air du dernier opus Tabloid Lover. Le leader remercie la foule. Le tube America vient en renfort, là encore, sans son armada de paroles chantées à tue-tête par l'intégralité du public habituellement. Heureusement, contre les salles frigorifiées, le groupe a sa parade : In The City. Cette petite perle punkette ne pourra que faire enrager la fosse avec ses montées en puissances. Sur scène, Johnny Borrell marque bien quelques silences entre les couplets et le refrain, histoire de faire crier les rangs et virevolter les gobelets de bière. La récolte à chaque tentative s'avère maigre, avec de fébriles applaudissements précédant la batterie furieuse du morceau, martelée pourtant sans relâche par Andy Burrows. Stumble And Fall, du mïême calibre, ravit les moins coincés, tandis que la nouvelle meilleure chanson du monde, Stinger, nous caresse les esgourdes avec son texte écrit à l'acide chlorhydrique jeté en pleine gueule par Johnny Borrell. Le leader s'inquiète du moral des troupes et demande si ça va. Il ponctue son Can't Stop This Feeling I've Got de « come on » et invite la salle à taper dans ses mains. La fosse remplit à peu près son job sur Rip It Up avant que le groupe ne quitte la scène.
Petit coup d'oeil vers les ingénieurs du son qui regardent leur montre l'air étonné. Le groupe reviendra-t-il ? La salle commence à applaudir et les plus fans à scander le nom du groupe. Enfin, Johnny Borrell revient, seul avec sa guitare pour un Funeral Blues. Issu du premier album, Fall, Fall, Fall complète le tableau achevé d'un Rock'n'roll Lies et d'un Somewhere Else écapants.
Entre un groupe parfait et un public fatigué l'expérience de ce soir donne un bon point à Razorlight.