En première partie de la tournée européenne de Bloc Party, Delphic., formation électro-rock qu'on s'attendrait plus à voir en club après minuit qu'en début de soirée à l'Olympia.
Leur prestation est mécanique et efficace, même si cela surprend presque de les voir s'agiter sur leurs instruments alors que leur son renvoit plus à des DJs derrière leurs platines. Car s'ils ont la capacité de faire danser, ils posent une bonne question : pourquoi avoir un batteur quand un sample et quelques loops suffisent? Quoiqu'il en soit, ils fournissent une son à l'influence techno sans surprise, pas si mal pour une mise en jambes. On est nettement plus sceptiques quand ils se paient de mots sur des airs eighties : voilà qu'on retourne à la pop creuse et sans saveur caractéristique de l'ère actuelle. Delphic. est assez symptomatique de cette tendance qui mélange d'une part la rythmique primairement sexuelle de l'électro de clubbing, et d'autre part la fadeur de la pop-rock déconnectée de tout enjeu et livrée en pâture à de jeunes cadres vaguement snobs. Mais leurs morceaux les plus électroniques sont de loin les meilleurs et pas des plus désagréables.
Puis Bloc Party fait son entrée sur une scène savamment enfumée, commençant par un One Month Off où Kele Okereke fait d'emblée étalage de ses capacités surprenantes dans les aigus. Ils restent pour l'instant les yeux rivés sur leurs baskets, bien concentrés, mais dès le morceau suivant, Trojan Horse, l'excitation monte d'un cran, grâce à de belles envolées à la basse. La basse justement: pas ce qui caractérise le son du groupe a priori, mais le concert lui fait la part belle, prenant une coloration un poil plus sombre et plus dense que sur les albums où c'est plutôt la batterie sèche et rapide qui domine.
Kele Okereke assume son rôle de leader charismatique, faisant passer avec ses "Blind Cowboy" et ses "I'm on Fire" une émotion plutôt intense. Sur Where Is Home?, des chœurs incantatoires donnent un côté tribal à ce morceau épuré, rappelant, de manière assez surprenante, certains beaux moments du post-punk anglais. Avec Mercury, sur un tout autre ton, le groupe se fait disco et c'est désarçonnant mais pour le meilleur; ils se samplent et balancent des sons de cuivres au clavier tandis que le chanteur descend prendre un petit bain de foule. Dernier titre avant les rappels, The Prayer donne lieu à une danse de guérilla urbaine sur un fond assez mystique: joli moment.
Pour le final, on se retrouve avec deux batteries sur l'estrade et un petit côté symphonique là encore complètement absent des albums et plutôt enthousiasmant. Bloc Party n'a certes pas fait que du bon, mais ce soir ils ont évité l'écueil de leur deuxième opus, à savoir ne faire à chaque morceau qu'une resucée du précédent; les variations sont légères mais pertinentes et surtout on y retrouve ce pour quoi on avait tant aimé Silent Alarm : une énergie brute et une envie d'en découdre avec le rythme.