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The Bishops

Paris, Divan Du Monde - 9 mai 2009

Live-report par Chloé Thomas

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The Bishops pourraient se définir, dès les cinq premières minutes d'écoute (que ce soit en live ou sur album) par deux adjectifs guère contradictoires, mais dont l'un est laudatif et l'autre péjoratif : efficaces et lisses. Efficaces, car, pas de doute, ça balance dans leurs concerts (comme on disait quand j'étais jeune): un riff bien reconnaissable pour chaque titre et un refrain facile à retenir, le tout porté par une batterie sèche et nerveuse, et voilà que ça pogote de partout avec joie et délectation. Lisses pourtant, car tout est conditionné par une une certaine aspiration, celle de passer à la radio, d'être "les nouveaux strokes" ou autre marque du même genre; alors rien ne déborde, point d'envolées en solo ni d'excessifs jeu de scène. Tout est codifié, semble préparé au milimètre près.

Mais passée les cinq premières minutes, force est de reconnaître que cette apparente platitude est en fait ce que les Bishops ont de plus propre et de plus original. Car mêlée à leur trait saillant, celui de la gémellité (l'un est en rouge et a quatre cordes, l'autre est en noir et en a six, à part ça il serait bien malaisé de les distinguer), elle produit une alchimie fascinante. Le pareil, le régulier, c'est autant ce qui fait le visage de l'un par rapport à l'autre, que ce qui définit leur musique dans une certaine scène britannique. Etrange expérience que de voir deux êtres identiques se faire miroir, non seulement l'un de l'autre – chantant à l'unisson - , mais d'une époque du rock et d'une génération impuissante mais ludique.

Très bien rôdés donc, les titres s'enchaînent rapidement, mêlant tubes et nouveautés, toujours dansants même dans les moments les plus kitsch. On a même droit à quelques nouvelles chansons, dont lways The Same, au titre évocateur d'une lassitude urbaine que les frangins ont à coeur de mettre en musique depuis deux albums. De House In The Desert à City Lights, les titres brodent sur ce même ennui en en faisant la force motrice, la pulsation d'une société désabusée mais hédoniste qu'ils représentent plutôt bien.

En bons anglais, les frères et leur batteur ont l'air un peu coincés, leurs corps timides se cachant derrière le jeu, et de là vient peut-être leur répugnance à sortir des chemins tous tracés de l'enregistrement métronomique. Mais cette attitude-même les rend d'autant plus rigolos. Un Bishop (celui avec six cordes) s'efface à la fin de chaque morceau pour laisser l'autre (celui avec quatre cordes, donc) faire le chauffeur de salle, et plutôt avec bonheur. Le live leur va plutôt bien, finalement, car les fausses symétries visuelles tirent le sonore, au-delà de ce qu'on y trouvait sur les disques, vers une amusante métaphore. Et en plus, et même surtout, ils sont d'abord efficaces, répétons-le: ils remplissent leurs offices et font danser, finalement sans prétention.
setlist
    Higher Now
    If You Leave Me
    House In The Desert
    Raindance
    Wandering By
    Breakaway
    I Can't Stand It Any More
    City Lights
    Life In A Hole
    Carousel
    Always The Same
    The Only Place I Can Look Is Down
    Traveling Our Way Home
    Hold On
    Free To Do What I Want
    Nothing I Can Do Or Say
    Laughter In The Dark
    Menace About Town
photos du concert
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