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Klaxons
Lily Allen

Montreux, Montreux Jazz Festival - 7 juillet 2009

Live-report par Aurélien

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C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis dirigé, en cette fin de journée estivale, du côté de l’un des festivals les plus prestigieux et exclusif d’Europe, j’ai nommé le réputé Montreux Jazz Festival, pour assister à la première des deux soirées placées sous le signe de la pop/rock britannique dans sa vision large, avec entre autres les déjantés Klaxons, la princesse de la pop Lily Allen et le hollandais Alain Clark.

Tout d’abord, flânant sur les quais du lac Léman, quasiment les pieds dans l’eau, on se rend compte à quel point le cadre du festival est magnifique, tout en admirant un panorama de carte postale à faire frémir plus d’un touriste. En effet, cette superbe géographie mêlée à une organisation impeccable mélange les artistes les plus éclectiques à un public de passionnés, tout heureux de croiser tantôt un chanteur, tantôt un guitariste dans les travées du Music & Convention Center, fief des deux salles légendaires que sont l’Auditorium Stravinski et le Miles Davis Hall. Dès lors, on comprend mieux pourquoi ce lieu chargé d’histoire musicale peut depuis tant d’années attirer tant d’illustres artistes sous son aile.

Pour ma part, assailli d’une curiosité débordante, c’est du côté du gigantesque auditorium que je me dirige sur le coup des 20h, une salle impressionnante encore à moitié vide m’y attendant. Juste le temps de prendre un petit rafraîchissement mousseux puis, quinze minutes plus tard, dans une salle en constant remplissage, on assiste enfin à la venue du phénomène britannique Klaxons. Ces derniers, connus et reconnus depuis 2007 grâce à leur premier album Myths Of The Near Future, ont dans l’intervalle imposé leur style bien à eux auprès d’un public toujours plus averti qui attend avec impatience de pouvoir poser l’oreille sur quelques morceaux inédits de leur hypothétique futur album qui commence à se faire attendre, malgré eux...
Ainsi, vêtus d’habits originaux provenant d’un monde futuriste à mille années lumières de notre planète, les quatres jeunes anglais font leur apparition sur scène sous un tonnerre d’applaudissements. Le groupe démarre par un déchaînant Atlantis To Interzone et son traditionnel « DJ ! » sur fond de boucles électroniques.
L’ambiance monte et le clavier James Righton se permet deux trois gorgées de vin rouge, juste avant d’enchaîner avec un morceau inédit originalement intitulé Hoodoo Bora, sorte d’incantation sonore ensorcelée qui pousse l’univers musical du groupe encore plus loin dans l’expérimentation tout en s’avérant plutôt efficace à en juger l’applaudimètre.

Mais il faut attendre les premières notes du tube Golden Skans et de sa mélodie entêtante pour augmenter la frénésie du public d’un cran. Sur scène, heureux et impressionné à la fois, le groupe nous gratifie d’une seconde chanson inédite intitulée Kalm Trees qui s’avère être de bonne facture, puis encore d’une troisième nommée Future Memories, sorte de déferlante électro dansante vieillotte combinée avec des voix aiguës, qui se révèle diablement efficace. Quelques minutes après, arrive le tour de l'énervé et klaxonnant Magick, mettant définitivement le feu à la fosse et propulsant la foule dans une euphorie chorégraphique frénétique. Pendant que le guitariste entre littéralement en transe, les chanteurs se permettent un peu d’interactivité en jouant avec la foule.
Puis vient Echoes, dernier nouveau titre présenté ce soir aux allures de MGMT, groupe à succès des derniers mois, suivi de l’entraînant Gravity’s Rainbow confirmant définitivement la joie du public à leur égard.
Les quatres musiciens, visiblement fatigués mais satisfaits, tout comme le public, de leur performance énergique se lancent dans un magnifique It's Not Over Yet avant de conclure en beauté par les fracas sonores de Four Horsemen Of 2012, sous l’acclamation du parterre et des gradins.
Timing oblige, pas de rappel pour ce concert qui fut remuant et agréable, avec son lot de groupies, sans pour autant être mémorable, mais qui a eu le mérite de nous faire trépigner encore plus d’impatience à l’idée de croquer leur nouvelle galette studio à pleines dents.

La salle chauffée à blanc, une température grimpante et voilà l’arrivée de la pétillante Lily Allen, propulsée tête d’affiche de la soirée, accompagnée par quatre musiciens pour nous délivrer son show pop.
A voir la densité d’humains par mètre carré dans la fosse, on peut facilement juger l’aura grandissante de cette starlette anglaise devenue princesse de la pop et icône malgré elle, après seulement deux albums.
Etant parti me ravitailler entretemps, moi et mon mètre quatre-vingt-sept, nous nous retrouvons coincés entre trois gorilles aux jambes kilométriques accompagnant leurs bien-aimées et prouvant à quel point la jeune artiste touche une assemblée toujours plus large.
La petite Lily perchée sur de hauts talons, avantagée par sa belle robe griffée noire argentée, maquillée de dorures étincelantes pour l’occasion, entre en scène sur Everyone’s At It, titre introductif de son dernier album, finissant sur un remix house taillé pour la scène qui déclenche automatiquement l’enthousiasme de son assistance.
Dans la foulée, l’artiste salue timidement, dans un très bon français, la foule entièrement conquise à sa cause. Scoop de la soirée, mademoiselle Allen nous avoue qu’elle était passée rapidement sur les bancs d’école à Glion, pas très loin d’ici et nous fait part de son particulier plaisir de se produire sur cette scène, on la croît.

Cependant, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas Lily l’étudiante, mais bien la musicienne qui est présente ce soir et elle nous le fait savoir en enchaînant tubes sur tubes, passant d’une reprise réussie bien à elle de Oh My God des Kaiser Chiefs, à ses anciens tubes ska rythmés incontournables que sont LDN et Smile lors duquel elle n’hésite pas à faire chanter ses fans, provoquant de réels élans passionnels de la part de son auditoire à l’instar de l’un de mes gorilles surpris en train de lui lancer des « I love you » enjoués.
Néanmoins, ne vous trompez pas, la jeune artiste s’empare de la scène pour nous présenter en priorité It’s Not Me, It’s You son nouvel album et elle le fait avec facilité lorsqu’elle entame sa pop aux sonorités électroniques de I Could Say ou encore sa touchante Who'd Have Known.
Mais c’est avec Go Back To The Start que Lily Allen nous montre pleinement l’évolution de son univers musical pop vers de nouvelles contrées électroniques dansantes qui pourraient sans problème faire place en soirée sur la platine d’un quelconque DJ avisé, exaltant le public de Montreux.
Ce genre d’expérimentations sonores est d’ailleurs poussé à l’extrême par la demoiselle à la fin de Smile, lorsqu’elle étonne nos oreilles en se risquant dans un intermède Drum & Bass des plus réussi, à voir les mouvements chorégraphiés de la foule et le nombre de sourires figés sur nos visages.

Puis dans une salle bouillonnante, les musiciens lancent The Fear, titre-phare de son dernier album, émouvant tout un chacun et provoquant un réel engouement. Et soudain, stupeur et étonnement, une sonorité familière sort des haut parleurs, la jeune anglaise confirme rapidement nos soupçons lorsqu’elle sort les premières paroles de Womanizer, reprise réussie de la blonde Britney Spears, en se lançant dans des positions lacives qui visiblement plaisent aux hommes.
A force de captiver son auditoire en interagissant avec la salle, délivrant sa musique avec justesse, Lily Allen déclenche les bravos de la foule et se permet même une explosion de grossièretés et de gestes obscènes sur son titre provocateur Fuck You, chanté en chœur par tous, et dans la bonne humeur s’il vous plaît. Pour finir en beauté, la jeune artiste se permet de haranguer la gente féminine avant de jouer son titre coup de gueule débordant de féminisme It’s Not Fair, faisant preuve une nouvelle fois d’intelligence dans ses textes et d’un franc-parlé pour le moins amusant.
Après une bonne heure et demie de concert, Lily Allen nous quitte, un bouquet coloré et une belle montre suisse offerts dans la foulée par les organisateurs, laissant derrière elle un public aux anges, légèrement déçu par l’absence de rappel. La salle se vide instantanément.

A cause d’une programmation pour le moins étrange, le méconnu Alain Clark se retrouve devant un auditoire restreint de quelques centaines de curieux, prêt à découvrir sa prestation nocturne.
Après seulement quelques titres, la voix magistrale du hollandais, croisement entre Ben Harper, Stevie Wonder et Craig David, accompagné par ses dix musiciens, nous plonge dans un monde sonore à la croisée des genres, sorte de timbre soul sur du funk/pop, faisant danser comme jamais son public. En effet, des petits groupes de filles profitent de l’espace à disposition pour s’en donner à cœur joie sur les titres festifs de l’artiste. Même si Alain Clark obtient incontestablement les médailles de l’interactivité et de la révélation lors de cette soirée, il faut bien avouer que la messe était déjà dite.

Finalement, c’est sur le coup des 1h que l’on quitte le prestigieux Auditorium Stravinski pour se perdre dans les travées du festival, à la recherche soit d’un en-cas, soit d’une des scènes gratuites, à l’instar du Studio 41 où l’ambiance perdure jusqu’au petit matin, à coup de décibels libérés par Yves Larock, qualifié de DJ house suisse du moment, et son Rise Up. Belle ambiance, on a hâte d’en découdre à nouveau le lendemain.
setlist
    KLAXONS
    Atlantis To Interzone
    Hoodoo Bora
    Totem On The Timeline
    Golden Skans
    Kalm Trees
    As Above, So Below
    Future Memories
    Two Receivers
    Magick
    Echoes
    Gravity's Rainbow
    Isle Of Her
    It's Not Over Yet
    Four Horsemen Of 2012

    LILY ALLEN
    Everyone's At It (House Remix)
    I Could Say
    Never Gonna Happen
    Oh My God (Kaiser Chiefs cover)
    Everything's Wonderful
    Hymn
    22
    Who'd Have Known
    LDN
    Go Back To The Start
    He Wasn't There
    Littlest Things
    Chinese
    Smile
    The Fear - Day & Night
    Womanizer (Britney Spears cover)
    Fuck You
    It's Not Fair
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