logo SOV

Dan Black
The Irrepressibles

Paris, Cigale - 5 novembre 2009

Live-report par Emeline

Bookmark and Share
Après avoir misé (avec réussite) sur de grosses têtes d'affiches la veille à l'Olympia avec Bat For Lashes et Bad Lieutenant, le Festival des Inrockuptibless jouait davantage la carte de la découverte pour sa troisième soirée avec The Irrepressibles, Dan Black, Fredo Viola, Zack Laughed et Hockey sur le banc des mis à l'épreuve.

 

SOV

 

La vertu d'une soirée dont la programmation commence aux alentours de 18h45 est qu'au moins on ne se couche pas aux aurores une fois la fin des concerts. Mais l'inconvénient est évidemment que se pointer à l'heure pour voir le premier d'entre eux relève parfois de la difficulté pour qui termine sa journée de travail quotidien après cet horaire...

C'est donc sans surprise que l'on pénètrera dans une Cigale pas complètement pleine pour le début du concert de The Irrepressibles , jeune formation londonienne non signée - et pourtant prometteuse - qui saura en tout cas bien ouvrir pour Dan Black et son groupe.

 

SOV

 

20h. Affranchi de sa formation The Servant, dont l'heure de gloire n'aura duré que le temps de quelques singles consensuels (Liquefy, Orchestra...), le jeune dandy pop revient cette fois-ci fouler la scène sous son nom, accompagné de musiciens aussi en forme que lui. Venu présenter son premier album Un, Dan Black n'a pas la langue dans sa poche ce soir et a plutôt raison. Car c'est bien en s'affichant bavard et frais comme un gardon (malgré une « journée aventureuse » dixit l'intéressé, entendez par là « fatiguante »), que le chanteur réussit le mieux sa performance scénique. Dans son tout nouvel univers, le songwriter mêle allègrement mélodies pop, énergie hip-hop et arrangements électroniques pour mieux tailler les contours de sa musique sinueuse dans une ambiance dance-floor. En live, l'artiste réussit plutôt bien son tour de passe-passe, n'y allant pas par le dos de la cuillère pour chanter dans les aigüs ni pour s'agiter tel un petit gorille qui profiterait de ses kilos perdus pour se lâcher sur scène. Sont passés en revue quelques-uns de ses titres (Yours & cie), le temps d'un set relativement bien calibré mais court, une demi-heure.

 

SOV

 

Vingt minutes plus tard et c'est l'Américain Fredo Viola qui fait son entrée sur la scène. Pendant quelques dizaines de minutes, il tentera à son tour de convaincre l'assistance, bruyante et distraite, via les titres de son premier opus The Turn, beaucoup plus épurés que le seront ceux de tous les autres artistes programmés ce soir. Car chez ce vidéaste à la bonhommie agréable et aux cordes vocales sidérantes, pas question de sortir l'artillerie lourde : seule sa voix et celles de ses musiciens, pures et enchantées, sont au centre de l'attention. La simplicité instrumentale et les vocalises apportées par chacun des membres favorisent la richesse harmonique du groupe, le mélange et le collage de toutes leurs voix réunies constituant une formidable alternative pour remplacer l'électricité des guitares souvent mises en avant pour atteindre la satisfaction du public. Il n'y aura qu'à écouter la teneur des morceaux interprétés ce soir (The Turn, Friendship Is, The Sad Song...) pour se rendre compte que Fredo Viola n'est pas un artiste que l'on rencontre tous les jours : sa prestation a quelques chose de solennel, sa musique un air de Pow Wow plus abouti et moins ringard, et ses ambiances relèveraient presque de la sacralisation ou du mysticisme si elles avaient été présentées dans une salle intime ou un théâtre plutôt que dans un plateau festivalier à tendance rock et électrique.

 

SOV

 

Le temps de se remettre de cette ambiance de chorale pastorale (agréable pour certains, pas folichonne pour d'autres) et l'on vient voir ce qui se trame derrière le nom de Zach Laughed, quatrième artiste programmé ce soir. Du haut de ses quatorze ans, le jeune homme a tout de l'adolescent parfaitement adapté à la société : la voix (qui n'a pas encore mué et qu'on pourrait presque croire féminine), le look (casquette, jeans standard, chemise à carreaux, coiffure qui n'en est pas vraiment une...), l'attitude (un brin timorée, parfois rebelle et déterminée). Mais ce qui fait surtout sensation chez ce songwriter, c'est le sérieux, la sincérité et le respect qu'il dégage lorsqu'il empoigne sa guitare, seul, sur une poignée de titres folk. Rejoint ensuite par ses camarades qui assurent les parties rythmiques, Zack Laughed se révèle un performeur aussi bien habile et pro à la guitare ou sur les touches d'un Fender Rhodes, faisant preuve de sensibilité et d'audace dans sa musique rock qu'il parsème joliment d'embûches pop et baladeuses.

 

SOV

 

Ce beau programme se clôture avec Hockey, jeune sensation venue montrer qu'on peut faire du rock en étant funk, s'attaquer à de l'électro tout en restant incontestablement FM et branché. Tout est bien rodé chez les américains : le set, l'énergie, mais la surprise reste encore un peu à la traine.

Une troisième journée qui demeure plutôt convaincante en somme. Ne reste plus qu'à attendre la fin du festival pour savoir si, plus de vingt ans après sa création, la célèbre manifestation annuelle des Inrocks peut encore arguer être tck(chic) tck(chic) tck(chic) !