Editors
The Maccabees

Après le Zénith des Cribs et Franz Ferdinand en novembre, ce soir le Bataclan présente une nouvelle affiche alléchante : la dernière date de la tournée d'Editors et The Maccabees.

Après un tour de chauffe assuré par les canadiens Wintersleep, les cinq de Brighton débarquent. De toute évidence, la grande majorité du public n'est pas familière avec eux, et ils débutent sur William Powers, un peu timidement. Au fil des chansons, ils prennent de l'assurance et conquièrent progressivement le Bataclan avec leur son de guitare incisif et leur rythmique tendue. Ceci étant une première partie, ils ne jouent qu'un seul morceau de leur premier album, All In Your Rows, et se concentrent sur la promotion de leur petit dernier, Wall Of Arms. C'est pendant la chanson-titre de cet album que l'on assiste à un moment d'émotion pure, lorsque Orlando chante le deuxième couplet a cappella. Le public retient son souffle, et à travers cette simplicité, la chanson, qui décrit le sentiment de sécurité qu'apporte la certitude d'être aimé, prend tout son sens.
À partir de là, leur relation avec le public est affirmée et ils peuvent repartir bille en tête sur Young Lions et Can You Give It. Puis ils nous offrent un autre beau moment d'émotion en reprenant le Because des Mancuniens d'I Am Kloot, groupe spécialisé dans les ballades à donner des frissons. Avant de terminer le set, Orlando passe le micro au batteur Sam, nouveau venu dans le groupe, qui se lance dans un discours de remerciement adressé non seulement au public mais à toute l'équipe de la tournée qui se termine, le tout dans un français parfait! Il s'avère que le jeune garçon a passé une partie de son enfance en Bretagne, ce qui achève d'attirer la sympathie du public français. Lorsqu'ils terminent sur No Kind Words et Love You Better, on se prend à espérer que cette première partie leur a rapporté de nombreux nouveaux aficionados, amplement mérités.

À l'arrivée d'Editors, on aurait pu s'attendre à ce que l'ambiance se réchauffe encore plus, mais il n'en est rien. Est-ce la fatigue de fin de tournée, est-ce le froid polaire qui règne en ce moment? Quoiqu'il en soit, le début de leur set prend du temps à se mettre en place. Au fur et à mesure que les chansons défilent, dans cette longue setlist, une réponse fait son apparition : leur troisième album n'est pas à la hauteur. Le contraste entre les morceaux anciens et plus récents est marqué, et le public a un peu de mal à suivre. Le groupe a pourtant tenté de faire une setlist équilibrée entre leurs trois LPs, mais la différence se situe dans l'ambiance des morceaux. Comme si les critiques les plus sévères à leur sujet s'étaient concrétisées : ils ne sont qu'une pâle copie de Joy Division et Depeche Mode.
Tom Smith s'agite tel un autiste épileptique, et l'on assiste à une orgie de synthés tout droit sortis de 1984. Les beaux moments de la soirée sont donc réservés durant les extraits des deux premiers albums, comme cet enchaînement de Bullets avec sa b-side You Are Fading, un magnifique jeu de lumières pendant The Racing Rat, ou encore le très apprécié All Sparks. La qualité d'interprétation n'est pourtant pas à remettre en question, loin de là. Que ce soit avec la guitare haut-perchée d'Urbanowicz ou la voix d'outre-tombe de Tom Smith, Editors impressionnent. On se demande juste où cette nouvelle direction va les mener.
La toute fin du concert apporte tout de même un regain d'enthousiasme. Le titre Munich, qui reste sans équivoque leur single le plus marquant, suscite logiquement les applaudissements les plus nourris de la soirée, et on se dit que le nouveau single Papillon pourrait bientôt lui faire de la concurrence. Le gimmick « It kicks like a sleep twitch ! » est infectieux et repris en choeur par l'assemblée.

Il ne reste plus qu'à espérer un remaniement de setlist pour l'Olympia à venir au printemps, et tout sera pardonné !