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Detachments

Paris, Baron - 14 février 2011

Live-report par Laurie

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2011, époque post-crise, l'heure n'est (toujours) pas à la franche rigolade. Alors si on vous parle de Saint-Valentin, de 14 février, de cœurs roses et de fraises tagada exaspérantes, quoi de mieux que de fêter ça à plusieurs (tant qu'à faire), dans un club prisé de la capitale avec les anglais les plus nonchalants du moment ? Allez, joyeux Deatchments à tous !

 

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C'est au Baron qu'on fêtera la St Valentin. Qu'on se le dise. Après avoir customisé des galettes des rois, André s'attaquerait-il à des coeurs en guimauves ? Absolument pas ! Ce soir, l'un des groupes les plus courtisés du moment, Detachments, vient saluer le Baron.
Assemblée très clairsemée à tout juste minuit. Discussions au bar, état des lieux des nuits parisiennes, blabla sur le patron qui lorgne sur la nuit new-yorkaise. Au passage, on grattera volontiers un verre gratuit parce qu'on le vaut bien. Observation de la (toujours) très petite foule qui s'amasse timidement. Vue des confortables fauteuils rouges, l'assemblée est très stilettos ce soir. Tout l'art du Baron d'ailleurs : on ne se tient pas au mur ni au dossier des fauteuils parce qu'on est bourré(e) mais bien parce que ces saloperies de talons sont immettables.
Alors, qu'est ce qui pousse les stilettos rouges ou noirs, les jupes léopard et autres Rayban géantes à trottiner ce soir jusqu'à Detachments ? Amour de la hype ? Vénération du revival 80's pourtant usé jusqu'à la corde ? Ou hasard du calendrier ? Quoi qu'il en soit, après avoir enivré 2010 au son de leur audacieux album éponyme, les Detachments, font escale, après Rennes, dans la capitale.

 

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Aux alentours de minuit et demi, ils arrivent. Un clavier aux sons frénétiques se fait entendre. Bastien Marshal donne de la voix, statique, genoux légèrement fléchis, chemise noir boutonnée jusqu'au menton et coupe au bol. On pense à James Murphy tout de suite. Ou plutôt à son cocktail de LCD Soundsystem dont New York, Londres et Paris se sont tant abreuvés. La voix est basse, chaotique. Un couple entame une danse, seul sur la piste. La fille jette un regard désabusé vers l'assemblée de stilettos immobiles et soupire. Car effectivement il n'y a pas de quoi être triste ni désabusé.
Dans sa noirceur, la musique de Detachments est une fête. Une tape sur l'épaule de Robert Smith, donnée par le manitou du groupe, James Ford, l'homme des Simian Mobile Disco. En live, les titres sont malheureusement répétitifs et manquent parfois de relief. Pourtant, Bastien Marshal a une classe folle. Caché derrière sa réserve et sa visible timidité, le leader donne l'impression de se moquer de l'assemblée avec sa voix d'outre tombe plaquée sur une rythmique quasi-electro, comme s'il proclamait : « vous pensiez voir Joy Divison ? J'ai tout le catalogue DFA sur mon disque dur et je vénère Trévor Jackson ».

Sous influences, mais jamais dans le mimétisme, le groupe en fera voir par toutes les nuances de noir et de gris taguées sur un mur de Manchester avec leurs titres précédemment sublimés sur leur premier album. Vous n'êtes pas convaincus ? Écoutez Flowers That Fell. On en reparlera l'année prochaine.