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The Go! Team
MAY68

Paris, Flèche d'Or - 25 mars 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Grâce à la soirée Inrocks Indie Club, voilà à la Flèche d'Or un groupe qui se devait d'être chroniqué par un militant Europe Ecologie Les Verts sous l’autorité de Daniel Cohn-Bendit !

Alors que vient de sortir l'un des pires albums de synth-pop jamais enregistré et que les retraités Anglais de la new wave ne touchent plus une bille au jeu des sonorités électroniques, en l’occurrence The Human League, voici peut-être la bonne surprise du mois. Venus de Manchester (mais que donne donc cette ville à manger à ses enfants pour engendrer autant de phénomènes musicaux ?) les cinq de MAY68 et notamment la chanteuse, Jude, arborent des coupes de cheveux et des instrumentations à faire pâlir d’envie le groupe Visage (pour les anciens !) !
Carré asymétrique noir de jais sur un corps androgyne, Jude a quelque chose de Claudia Brücken de feu Propaganda (pour les anciens, encore une fois !) physiquement et vocalement. Sa voix est lourde et intense comme l’était celle de l’interprète du mémorable P.Machinery, les claviers ont des calandres chromées d’origine et le tout donne un son électro disco pop (ce qu’il ne faut pas inventer pour imager une musique !) de bonne facture qui a déjà envahi certaines bonnes discothèques d’outre-manche avec un titre comme My Ways dont le clip, Kubrickien a déjà fait le tour d’Internet. Tout cela lorgne plus du côté du feu Top 50 de Marc Toesca que du côté du Top Of The Pops de la BBC mais la froideur et la prestance de Jude compensent leur amateurisme encore présent sur certains titres trop frileux. Comme le disaient les affiches d’un autre mai 68, « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! » ; c’est tout ce qu’on leur souhaite.

 

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Le problème de ventilation de la Flèche d’Or doit être réglé et au plus vite avec les beaux jours arrivant car, dans les soirées à guichet fermés comme c’est le cas ce soir, la température est telle que les lunettes se font embuer en une milliseconde ; quant à la moiteur, elle survole le public dans un nuage de vapeurs plus ou moins radioactives fait de rots de bière et de sueur, pas toujours garanties du jour ! On se croirait à Fort-de-France un soir de concert de Francky Vincent !
Ce qui est certain, c’est que la capacité maximale d’accueil est atteinte ce soir et que la chaleur renfermée dans la Flèche va aller en augmentant. Tout cela n’est pas pour déplaire à The Go! Team et sa chanteuse principale, Ninja. Loin de là !

Dans un satisfecit bruyant, les six membres gentiment déjantés de cette formation de Brighton entrent en scène devant ce public surchauffé. Spécialiste des instrumentations exagérées à la limite de la bande originale de films, The Go! Team est une formation fanfare enchanteresse et même en chanteuses puisque les trois filles du groupe sont capables de se succéder au micro suivant les titres.
De la tigresse noire, Ninja, à l’anglo-japonaise Kaori qui a intégré le groupe assez récemment, en passant par sa consœur Chi « Ky » Fukami Taylor, ce soir c’est le girl power qui a la majorité et Ninja, qui ne compte pas se contenter de cet état de fait sur scène, incite, acclame, attise l’assistance féminine, exaltée, par des « Je veux voir toutes les fesses des Ladys se remuer » ! Dire que Ninja est une boule d’énergie reviendrait à dire qu’un nuage radioactif pourrait potentiellement être néfaste ; il s’agit d’un pléonasme porté à la puissance six.
Son flow et son jeu de jambes, empruntés pour moitié aux De La Soul et aux Jacksons Five, rappellent les plus belles heures de la Motown sur des mélodies hip-hop et rock ; sacré mélange ! On regrettera les petits problèmes, récurrents là aussi à la Flèche d’Or, concernant le mix des voix, notamment. Pour Ninja, cela passe inaperçu tant celle-ci s'avère capable de moduler la puissance de ses graves comme de ses aiguës, mais pour la fluette Kaori, le côté vocal pêche. Il faut dire que chanter avec six musiciens engagés, tout sauf passifs, nécessite un coffre de Pontiac et une sacrée balance.

 

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Depuis leur premier album et leur nomination aux Mercury Music Prize, The Go! Team se sont imposés comme le groupe funk rock par excellence. Marchant sur les pas des Cheerleaders de lycée, la musique de ce sextet mélange hip-hop et Funk psychédélique sur des envolées de cordes empruntées à leurs aînés adorés des Sonic Youth.
Ceux qui réfutaient le terme de professionnels de la production au gros son lors de notre rencontre en janvier dernier doivent quand même se rendre à l’évidence : ils maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts et se permettent un jeu et une fougue scéniques dont peu de groupes récents sont capables. Pour preuve, la présence d'une fanfare comportant pas moins de vingt cuivres sur leur dernier album, Rolling Blackouts !
Du Ladyflash mettant tout le monde d’accord, les bras levés au ciel et rajoutant encore un peu plus à la chaleur suffocante, au morceau acoustique joué par Ian Parton et Sam Dook, avec harmonica et banjo, jusqu’au rappel voyant Ninja chuter sur ses guitaristes, emportée par sa fougue, The Go! Team ont passé en revue tout ce que l’Angleterre pouvait fournir de joyeux dans la fusion de styles musicaux hétéroclites.

Des styles réunis par cette bande de fous sur une scène et dans une salle devenues décidément trop petites pour eux ; notamment quand on intègre une pom-pom girl en pleine compétition inter-collège comme lead singer !