Sur toutes les lèvres depuis quelques jours alors que leur album
Blood Pressures est sorti cette semaine chez Domino Records, The Kills investissaient en ce mercredi 6 avril la salle parisienne du Bataclan. A leurs cotés, les londoniens de S.C.U.M. enfin parvenus à maturité près de trois années après leur premier concert en France.

C'est à 19h50, dans une salle d'ores et déjà copieusement remplie, que le quintet fait son apparition. L'accueil réservé par le public parisien à ces inconnus se veut alors tout aussi glacial que l'attitude du groupe, concentré avant tout sur ses instruments plutôt que de chercher à faire grandir son capital sympathie auprès d'une foule bien peu concernée. Le spectacle proposé sur scène durant trente-cinq minutes est pourtant des plus convaincants maintenant que la formation semble avoir trouvé sa voie : imposant au centre de la scène, Thomas Cohen s'est délesté de ses attitudes parfois exagérées alors que ses quatre camarades proposent un panel d'ambiances bien plus large. Seul bémol : les multiples effets visuels à base de fumée, projections et éclairages stroboscopiques appartiennent, ce soir tout du moins, au passé.
L'aspect autrefois brouillon du post-punk de la formation est désormais gommé et nous ramène plus précisément vers The Horrors période
Primary Colours. Les influences new wave et krautrock sont assumées et renforcée par la présence conjointe de deux claviers, tout comme l'utilisation d'échos apportant profondeur au son. Avec plus d'assurance, la seconde moitié du set se veut également plus prenante, notamment lorsque la basse s'impose face aux sonorités synthétiques et que la guitare effectue des incursions remarquées. A défaut d'emporter l'adhésion de la salle ce soir, S.C.U.M. sont, à quelques mois de la sortie de leur premier album chez Mute, assurément sur en passe de réussir leur pari.

Une longue attente de près d'une heure s'ensuit alors que la température grimpe dangereusement, comme de coutume dans la salle du Bataclan. A 21h20, la patience du public est récompensée : Jamie Hince et Alison "VV" Mosshart font leur apparition dans la pénombre. Sans crier gare, le duo entame son set avec
No Wow puis le titre phare de leur nouvel album,
Future Starts Slow. Si la moitié masculine de la formation est aux commandes de la boîte à rythme et de la guitare durant ce début de prestation, VV arpente quant à elle la scène, suivie par un spot lumineux, avant de rejoindre son comparse à la six cordes pour
Heart Is A Beating Drum. La salle est à cet instant en ébullition alors que la sueur commence à perler sur les visages.
L'alchimie entre les deux musiciens est plus évidente encore sur
Kissy Kissy mais la disparition de la tension sexuelle dont jouaient les deux protagonistes durant les premières années de leur carrière se fait malgré tout sentir tout au long du set.
DNA et
Satellite provoquent les remous prévisibles de la fosse avant que VV ne prenne place derrières les percussions pour une ultime composition sous la forme de
Sour Cherry. Trois quarts d'heure se sont ainsi écoulées lorsque The Kills s'absentent non sans remercier la salle. Quelques (longues) minutes plus tard, l'heure du rappel a sonné. Un rappel inégal avec le dispensable
The Last Goodbye précédant
Pots And Pans et l'électrisant
Fried My Little Brains.
Plus populaires que jamais, The Kills semblent malgré tout perdu en chemin une partie d'attitude scénique ayant fait leur succès. Un regret qui plus est renforcé par la très courte durée d'une prestation dont il était légitime d'attendre bien plus après la sortie d'un quatrième album studio.