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S.C.U.M

Again Into Eyes

S.C.U.M - Again Into Eyes
Chronique Album
Date de sortie : 12.09.2011
Label : Mute
25
Rédigé par Julien Soullière, le 7 septembre 2011
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Avant que leur musique n’atteigne nos esgourdes, nombre d’entre nous ignoraient peut-être que S.C.U.M doivent leur doux patronyme à l’un des écrits les plus flamboyants du mouvement féministe radical, le SCUM Manifesto (le premier terme se veut à double sens : acronyme de « Society for Cutting-Up Men », il peut aussi se comprendre au sens de « rebut »), pamphlet dans lequel son auteur ne prône rien de moins que l’éradication du sexe fort. Ironique, la référence a néanmoins perdu de son charme depuis le départ de Ruaridh Connellan, ex-batteur de ce quintet exclusivement masculin, remplacé dès lors par la jeune et discrète Mélissa Rigby. Voilà donc pour l'anecdote.

Façonné à partir de krautrock, de shoegaze, mais également de new-wave, Again Into Eyes est très loin de la bouillie sonore ingurgitée lors de la dernière date parisienne des S.C.U.M (à n’en pas douter, la famille Jolyon a assuré un énorme travail de production), et la première salve de titres est même des plus euphorisantes. Ceci étant, si on est toujours à deux doigts de baver à l’écoute de ce bon vieux Amber Hands, c’est décidément Cast Into Season qui nous fait la plus forte impression ici : vénéneux, hypnotique, parsemé d’étoiles et autres bouts d’espace, le morceau captive tant et si bien que l’on fait abstraction d’un Thomas Cohen aux frontières de l’indélicatesse vocale. Profitons comme il se doit de ces quelques éclaircies, car le temps est sur le point de se gâter.

En réalité, on ne saurait dire si ce sont là les signes d’une trop grande précipitation (au bout de trois années d’activité, on comprend aisément que l’envie de sortir un premier album se soit fait pressante), ou si, plus embêtant encore, les S.C.U.M souffrent de problèmes respiratoires sévères, mais force est de constater que le groupe a bien du mal à terminer la course, celle-ci n’étant pourtant constituée « que » de dix titres.
A l’inverse de la première moitié du disque, la seconde s’avère en effet être un véritable champ de mines, et si c’est en son sein que sont portés Paris, belle et puissante oraison funèbre, et les élans célestes de White Chapel, elle s’avère malgré tout riche en déceptions. Ainsi, passé l’horripilant Summon The Sound (qui aurait pu être tout autre sans les interventions crispantes de sieur Cohen), il nous faut encore résister aux assauts de Sentinal Bloom, tord-boyaux mystico-lourdingue, et au dytique instrumental Requiem/Water, qui n’est pas sans rappeler ce que nous a jadis servi un certain Jon Hopkins sur l'OST de Monster. Soit des compositions parfaites pour accompagner trente secondes de film, mais soporifiques et complètement hors de propos en l’état.

Avec le recul, Again Into Eyes aurait gagné à n’être qu’un EP, la première et modeste pierre d’un nouvel édifice musical en devenir. Car à ce niveau, les S.C.U.M n’ont certes pas volé les louanges qui se sont abattues sur eux, mais ils sont encore loin de les avoir justifiées. Play again ?
tracklisting
    01. Faith Unfolds
  • 02. Days Untrue
  • 03. Cast Into Season
  • 04. Amber Hands
  • 05. Summon The Sound
  • 06. Sentinal Blood
  • 07. Requiem
  • 08. Paris
  • 09. Water Guitare
  • 10. White Chapel
titres conseillés
    Cast Into Season, Amber Hands, Paris
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